Ils se battent pour la survie de leur lac, qui en arrache
Le lac Roxton cumule les problèmes, mais de récents signes d’amélioration donnent un peu d’espoir aux bénévoles qui s’en occupent

Annabelle Blais
L'un des pires lacs du Québec, situé en Estrie, montre de récents signes d’amélioration et donne un peu d’espoir aux bénévoles qui s’en occupent.
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Le lac Roxton, non loin de Granby, a depuis longtemps des problèmes d’eutrophisation, ce qu’il signifie qu’il vieillit de façon accélérée.
Entre 2021 et 2022, la qualité de l'eau s'est toutefois un peu améliorée. «On aime penser que les efforts qu'on a faits commencent à payer», dit Simon Turcotte, président du Comité d'environnement du lac Roxton.
Le lac Roxton, qui est échantillonné depuis 2004, fait partie des quelques 844 lacs du Réseau de surveillance volontaire des lacs du Québec (RSVL). S’il est l’un des plus mal en point, l'association qui s'en occupe, quant à elle, compte parmi les plus actives et mobilisées.
«On travaille de concert avec la municipalité», souligne M. Turcotte, qui calcule que le comité consacre environ 1000 h par année en bénévolat.
«C’est quasiment l'équivalent d'une personne à temps plein», dit-il.
Il ne se fait pas d’illusions, toutefois. Il est encore trop tôt pour être certain que l’état du lac s’améliore, puisque les résultats d’analyse varient légèrement d’une année à l’autre. N’empêche, il y a du positif: «Dans les dernières années, on voit qu’il y a une diminution du phosphore. Elle n’est pas très grande, mais il y a une diminution», dit M. Turcotte.

Problème de phosphore
Le problème le plus important du lac est effectivement sa charge en phosphore, conséquence de la présence de quelque 250 riverains, mais aussi des activités dans l’ensemble du bassin versant, dont l’agriculture.
Il y a une dizaine d’années, d’importants investissements ont été faits pour relier les résidents aux systèmes d’égout et d’aqueduc municipaux. «Aujourd’hui, Il n'y a plus aucune fosse septique autour du lac», souligne M. Turcotte.
Mais il reste la question des terres agricoles. Il y a un an environ, le comité a créé une table de concertation qui regroupe notamment un agronome, les organismes des bassins versants et la MRC de la Haute-Yamaska, en plus d’un consultant biologiste engagé par la MRC.
«L'objectif est d’identifier des gains potentiels afin de diminuer les apports en phosphore», dit M. Turcotte.
Le comité du lac Roxton s'assure aussi que les bandes riveraines (la végétation sur les rives qui aide à filtrer les eaux de ruissellement et qui limite l'apport de sédiment) soient respectées. Jusqu’à présent, ils ont établi qu’environ 40% de ces bandes riveraines sont conformes.
«Le 60% restant varie. Soit qu’il y a quelques ajustements à faire pour être conforme ou qu’il n’y a pas de bande riveraine du tout», dit-il. La municipalité se charge de sensibiliser les agriculteurs.

Ça ne s’arrête pas là. Pour bien comprendre l’état du lac, le comité a fait l'inventaire des plantes aquatiques et a engagé des consultants.
Et un autre défi de taille s’est ajouté récemment. En 2019, du myriophylle à épis, une plante exotique envahissante, a été observée dans le lac. Le comité n’a pas traîné. La municipalité a aussi entrepris les démarches pour acheter l'une des très rares faucardeuses disponibles, une sorte de tondeuse sur l’eau qui coupe la plante.
«Elle est prête, on attend juste l'autorisation du ministère», dit M. Turcotte. C'est une mesure transitoire, mais il y a un bénéfice immédiat pour regagner les usages du lac», explique-t-il.
Manque de chance, le plan d’eau a aussi des problèmes de cyanobactérie. Mais encore là, le comité ne s’est pas découragé. Un groupe de chercheurs va étudier le lac Roxton dans le cadre d’un projet de recherche sur les cyanobactéries.
