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L'article provient de TVA Nouvelles
Affaires

«Ils nous ont obligés à fermer»: incapable de rembourser son prêt COVID, elle songe à tout laisser tomber

Seulement 10% des PME ont remboursé le prêt d'urgence et plusieurs sont prises à la gorge

Carole Paquette dans son atelier de Rembourrage Carole, dont elle est propriétaire.
Carole Paquette dans son atelier de Rembourrage Carole, dont elle est propriétaire. Photo fournie par Carole Paquette
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Photo portrait de David Descôteaux

David Descôteaux

2023-12-09T05:00:00Z
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Une entrepreneure de Trois-Rivières qui tient son commerce à bout de bras songe sérieusement à déclarer faillite après Noël si elle doit rembourser le prêt d'urgence de 60 000$ octroyé par Ottawa pendant la pandémie. D'autres comme elle pourraient suivre, puisque seuls 10% des PME ont remboursé ce prêt à ce jour, et la date fatidique du 18 janvier arrive vite.

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«Ce n'est pas notre faute s'il y a eu une pandémie et qu'on a dû fermer. Ils nous ont obligés à fermer. Nous, on l’aurait gagné notre argent et on ne serait pas endettés aujourd'hui», déplore Carole Paquette, propriétaire de Rembourrage Carole à Trois-Rivières.

Cette dame, épuisée, songe sérieusement à mettre la clé sous la porte de sa boutique, présente depuis huit années dans le paysage trifluvien. Comme plusieurs entrepreneurs, elle souffre du manque de main-d’œuvre, qui limite sa production. Aux prises avec une dette de 60 000$ qu’elle ne peut rembourser vu les faibles revenus de son atelier, Carole ne pourra encaisser un paiement mensuel additionnel, d’environ 1800$ (le gouvernement impose un taux d’intérêt de 5% sur ce prêt).

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Rembourrage Carole existe depuis huit ans à Trois-Rivières, mais pourrait fermer ses portes après les fêtes.
Rembourrage Carole existe depuis huit ans à Trois-Rivières, mais pourrait fermer ses portes après les fêtes. Photo fournie par Carole Paquette

«Juste le loyer, ça me coûte 2600$, ajoute 500$ d'assurance, le téléphone, l'électricité... C'est une grosse possibilité que je ferme à cause de ça après les Fêtes. Franchement, ils pourraient nous exempter de ça. Ils donnent des millions pour une équipe de hockey, des milliards à des usines de batteries, et nous les PME, on mange de la schnoutte!» 

Alors que la date limite du 18 janvier approche pour rembourser le prêt d’urgence COVID (le CUEC), les propriétaires de PME qui en seront capables doivent décider rapidement comment s’acquitter de cette dette. 

183 000 entreprises concernées

Au Québec, c'est 183 000 entreprises qui ont fait une demande et obtenu le Compte d’urgence pour les entreprises canadiennes (CUEC), dont 80% sont des restaurateurs. Mais à ce jour, seuls 10% des entreprises ont réussi à le rembourser, au Québec comme dans le reste du Canada, selon la firme Raymond Chabot Grant Thornton.

À l'échelle du pays, ce sont plus de 200 000 PME qui sont à risque de fermeture en raison de leur fort endettement, selon la Fédération canadienne de l’entreprise indépendante.

Comment s’en sortir?

S’ils ne remboursent pas la totalité de leur prêt au 18 janvier, ces entreprises vont perdre la portion «subvention» du prêt, soit 20 000$ dans le cas d’un prêt de 60 000$, et 10 000$ dans le cas d’un prêt de 40 000$. Cette partie peut être «pardonnée» dans le cas d’un remboursement à temps.

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Selon Étienne Fiset, associé à la firme de conseils Raymond Chabot Grant Thornton, il existe trois options en ce moment pour les PME.

Option 1: rembourser à temps

C’est le scénario idéal. Si l’entreprise va bon train et qu’elle génère suffisamment de liquidités, il sera «payant» de rembourser la totalité du prêt avant le 18 janvier, puisque le prêt sera «pardonné» de 20 000$. 

Étienne Fiset, Associé chez Raymond Chabot Grant Thornton
Étienne Fiset, Associé chez Raymond Chabot Grant Thornton Photo fournie par Raymond Chabot Grant Thornton

Option 2: négocier avec la banque

Les entreprises qui n’arriveront pas à payer 40 000$ sur les 60 000$ empruntés à la nouvelle date prévue auront jusqu’au 31 décembre 2026 pour rembourser le montant total de 60 000$, à 5% d’intérêt. 

«Si vous avez de la difficulté à vous libérer de cette dette, parlez à votre institution financière. Elle pourrait vous offrir des options de refinancement ou de restructuration de la dette moyennant une caution de votre part. Vous devez prendre une entente d’ici le 18 janvier», explique Étienne Fiset. 

Option 3: ne pas rembourser

Plusieurs PME, incapables de rembourser, devront faire une «proposition concordataire», afin de négocier un plan de remboursement avec tous leurs créanciers. Sinon, elles devront simplement déclarer faillite. «Comparé à 2019, soit avant la COVID, il y a aujourd’hui 26% plus de dossiers d’insolvabilité d’entreprise. Ici, les téléphones ne dérougissent pas», dit Étienne Fiset.

Ce pourrait être le cas de Rembourrage Carole. «Et je ne serai pas seule. Je parle à beaucoup de PME et il y a une grosse gang qui ne passeront pas à travers ça», prévient la propriétaire, Carole Paquette. 

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