Il tue sa mère lors d’un délire psychotique: un cinéaste pourra sortir de Pinel dès juin
L’accusé, qui croyait vivre dans un film lors du drame, devra être accompagné et ne pourra quitter l’établissement que si son état le permet

Camille Payant
Un jeune cinéaste schizophrène reconnu non criminellement responsable du meurtre de sa mère pourra sortir à l’occasion de l’Institut Philippe-Pinel dès juin si son état le permet, vient de trancher la cour, deux ans après le drame.
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«Vous aviez un avenir extraordinaire devant vous et je suis convaincue aujourd’hui, à la vue de la preuve des psychiatres, que cet avenir est aussi présent qu’avant le drame», a souligné, émue, la juge Hélène di Salvo mercredi matin.
Elle confirmait alors qu’Emmanuel Gendron-Tardif ne pouvait juger de la qualité de son acte ni distinguer le bien du mal lorsqu’il a poignardé à mort sa mère, Lysane Gendron, en janvier 2023.
La juge di Salvo a ordonné que l’accusé soit incarcéré à l’Institut national de psychiatrie légale Philippe-Pinel, où il est détenu depuis le crime.
Sorties dès aujourd’hui
Il pourra dès maintenant bénéficier de sorties sur le terrain de l’hôpital accompagné d’un membre du personnel, si son état le permet.
Puis, dans deux mois, Gendron-Tardif pourra sortir en communauté en compagnie d’une personne «fiable», comme un membre de sa famille. L’accusé pourrait notamment aller prendre un café au Tim Hortons, selon la juge di Salvo.
Ces permissions devront toutefois être approuvées par un comité de l’Institut.
«Les psychiatres ont énoncé certaines inquiétudes pour certains symptômes, je donne la discrétion et la confiance à votre équipe traitante pour la suite des choses», a souligné la magistrate.
Il tue sa «personne préférée»
C’est que le Montréalais de 30 ans souffre de schizophrénie depuis quelques années. Et en janvier 2023, son état s’était dégradé à tel point qu'il croyait vivre dans le film The Truman Show.
Ce film de 1998 raconte l’histoire d’un homme qui est la «vedette» malgré lui d’une téléréalité depuis sa naissance.
En plein délire psychotique, il avait poignardé à des dizaines de reprises sa mère de 61 ans. Il croyait alors qu’il s’agissait d’un imposteur qui jouait un rôle et qu’en la tuant, il allait sortir du Truman Show.
Ce n’est qu’au bout de longs traitements qu’il a réalisé qu’il avait bel et bien tué sa «personne préférée».
«J’aime ma mère... et je l’ai perdue de vue pendant un chapitre malade de ma vie», avait témoigné Gendron-Tardif le mois dernier.
Depuis son incarcération à l’Institut Philippe-Pinel, l’accusé a une meilleure capacité d’autocritique et est désormais en mesure d’indiquer qu’il se sent moins bien. Des éléments délirants sont toutefois encore présents, a-t-on souligné au tribunal.
Emmanuel Gendron-Tardif devra se présenter devant la Commission d’examen des troubles mentaux du Québec dans trois mois afin d’évaluer sa situation.
«Je ne peux que vous faire confiance. [...] Je vous souhaite que tout aille très, très bien pour votre brillant futur», a souligné la juge di Salvo à la toute fin de l’audience.
Avec la collaboration de Michaël Nguyen
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