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L'article provient de TVA Nouvelles
Affaires

Il se lave chez le voisin pour conserver l'eau pour ses vaches

La pénurie d’eau frappe un agriculteur de Lotbinière qui se débrouille avec les moyens du bord

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Photo portrait de Louis Deschênes

Louis Deschênes

2025-10-11T04:00:00Z
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Des puits à sec, des bateaux pris dans la boue et des champs desséchés: le Québec n’a jamais été aussi assoiffé. Le manque de précipitations depuis l’été cause des problèmes d’eau presque partout dans la province.

• À lire aussi: Le Québec est à sec: le manque d'eau cause des problèmes dans les villes, dans les champs et sur les lacs de la province cet automne


Par amour pour son troupeau, un couple d’agriculteurs de Lotbinière se lave chez le voisin depuis une semaine pour conserver l’eau pour leurs vaches.

Photo Louis Deschenes
Photo Louis Deschenes

«Nos trois puits sont vides. Dans notre maison, il n’y a plus d’eau non plus. Ça fait que notre lavage, on le fait chez notre voisin, même nous, on est obligés de se laver chez le voisin, on n’a pas le choix», affirme Gabriel Bédard.

Nouvellement propriétaire d’une ferme à Sainte-Croix avec sa conjointe, l’homme de 27 ans admet vivre un stress constant depuis la mi-juillet.

Tous les jours, il se demande si les réserves seront suffisantes pour abreuver son troupeau de 50 vaches qui consomment 6000 litres d’eau chaque jour.

M. Bédard a grandi sur une ferme. Il confirme que le problème d’approvisionnement en eau étalé sur une longue période est une situation exceptionnelle.

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«Depuis trois ou quatre ans, on n’avait pas vécu ça et cette année, mon premier puits était à sec très vite. J’ai roulé avec les deux autres puits, on a pompé l’eau comme on pouvait, mais là, on est à sec partout», constate-t-il.

Les grands moyens

Face à cette sécheresse, l’agriculteur a emprunté des réservoirs qu’il remplit d’eau chez des amis avant de les transporter avec son tracteur et une remorque.

Gabriel Bédard, un agriculteur de Sainte-Croix a dû emprunter des équipements pour transporter de l'eau puisque son puits de surface est vide depuis une semaine.
Gabriel Bédard, un agriculteur de Sainte-Croix a dû emprunter des équipements pour transporter de l'eau puisque son puits de surface est vide depuis une semaine. Photo Louis Deschenes

«On a voyagé de l’eau toute la fin de semaine. Dimanche, on a fini à 10 h le soir pour se donner du lousse», explique-t-il.

Malgré toutes ces heures travaillées, Gabriel Bédard a dû se faire livrer, mardi dernier, un camion-citerne de 38 000 litres d’eau qui lui a coûté 700$.

Au moment de son entretien avec Le Journal, il prévoyait déjà la prochaine livraison avec le fournisseur, parce que tout ce liquide sera écoulé en six jours.

En dernier recours, il pourrait toujours se faire creuser un puits, mais dans le contexte économique actuel et en tant que nouveau propriétaire, il aimerait éviter cette dépense de plus de 20 000$.

Généralisé dans la région

Dans le secteur de Lotbinière, la pénurie d’eau est le sujet de conversation lorsque vient le temps de prendre un café entre agriculteurs.

«Quand je parle à mes chums, tout dépendant des installations, je vous dirais que c’est un propriétaire sur trois qui court après [...] l’eau cet été», estime M. Bédard.

Il ajoute que c’est une saison à oublier pour plusieurs agriculteurs, peu importe le secteur d’activités.

Les pluies abondantes du printemps ont été dramatiques pour les récoltes, les champs ayant été inondés.

Et la sécheresse depuis environ trois mois met à risque l’élevage et la production laitière de certains agriculteurs.

Gabriel Bédard soutient que c’est difficile d’évaluer avec précision les pertes financières causées par la pénurie d’eau, mais que le calcul se fait en milliers de dollars.

«Ce n’est pas compliqué, si t’as pas d’eau, t’as pas de lait. La seconde que t’as une vache qui se met le museau dans le bol pour boire, [s’il] n’y a pas d’eau, tu viens de perdre de l’argent.»

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