Il refusait de la nourrir: un père masculiniste et complotiste se fait refuser la garde partagée de sa fille
Le Québécois est carrément misogyne, selon le juge


Francis Pilon
Un père masculiniste, et de surcroît violent avec la mère de son enfant, s’est fait refuser la garde partagée de sa fille puisqu’il préférait radoter sur des théories du complot plutôt que s’occuper d’elle.
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«Monsieur a une vision très stéréotypée des femmes, pour ne pas dire carrément misogyne. [...] Il semble tenir les femmes en général responsables des malheurs et de la souffrance des hommes», déplore le juge Serge Gaudet, de la Cour supérieure.
Dans son récent jugement, rendu au palais de justice de Valleyfield, on découvre que ce couple s’entre-déchire depuis sa séparation en 2021. Le Journal ne peut révéler leurs noms puisqu’il s’agit d’un dossier familial et que l’identité de l’enfant de 5 ans est protégée.
Ses parents se sont retrouvés devant le tribunal puisque la mère demandait la garde exclusive de la fillette. Le père souhaitait pour sa part obtenir la garde partagée. La Cour supérieure a finalement accordé le temps parental majoritaire à madame, tandis que monsieur devra se limiter à voir son enfant une fin de semaine sur deux.
«Il est difficile de penser qu’il peut être dans le meilleur intérêt d’une fillette de passer la moitié de son temps avec un parent qui entretient de telles idées sur les femmes, note le juge. [...] Les capacités parentales de monsieur sont d’ailleurs déficientes à plusieurs égards.»
Il refuse de donner du lait
Selon le magistrat Serge Gaudet, le père est davantage centré sur ses propres besoins plutôt que sur ceux de l’enfant. Il a notamment refusé de nourrir sa fille avec du lait maternel récolté durant ses deux premières années de vie. Monsieur a également dédaigné de dormir sur le sofa du salon près de la bassinette de l’enfant.
«Après la séparation, il n’a pas davantage mis le bien-être de l’enfant à l’avant-plan et il a encore privilégié ses propres besoins, incluant celui de tenter de prouver des points à madame lors de longues tirades à saveur complotiste ou masculiniste», détaille le juge.
Même lorsqu’il n’était plus en couple avec madame, le père a aussi tenté de contrôler la vie de la mère.
«Notamment en venant et en s’incrustant chez elle sans y être invité et en lui faisant des avances sexuelles, voire des attouchements non sollicités. Il y a là un élément relevant de la violence conjugale ne pouvant pas non plus être ignoré dans la détermination du partage du temps parental», explique la Cour supérieure.
Notons que le Québécois s’est défendu d’être misogyne puisque «son enfant porte un prénom qui était auparavant celui de sa mère et un deuxième prénom qui est celui d’une tante». Un argument balayé du revers de la main par le juge.
Cas rare, selon une experte
Me Sylvie Schirm, avocate en droit familial depuis 1988, affirme avoir rarement vu le terme «masculiniste» dans un jugement lié à la garde d’un enfant.

«Oui, il y a les éléments complotistes et misogynes qui y sont mentionnés aussi. Mais selon moi, c’est le fait que l’homme est peu impliqué dans la vie de l’enfant qui a compté le plus dans la décision du juge. [...] Le père ne savait même pas comment fonctionne la garde partagée ou comment se nomme l’école où il voulait inscrire sa fille», soulève Me Schirm.
L’avocate ajoute que la Cour supérieure a évalué la violence conjugale que vivait la mère dans cette affaire pour déterminer le partage du temps parental.
«C’est nouveau que ça soit pris en considération de cette manière. C’est une mesure implantée avec la réforme du droit de la famille [en 2022]. On oblige ainsi les tribunaux à considérer la violence conjugale dans de telles décisions», analyse Me Schirm.
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