«Il n’y aura pas d’entente lundi, assurément»: la FAE ne prévoit pas de retour en classe en début de semaine prochaine
Les enseignants de la FSE sont eux aussi déçus du rythme des négociations après leurs journées de grève

Daphnée Dion-Viens
Il n’y aura «assurément» pas de retour en classe en début de semaine pour les profs de la Fédération autonome de l’enseignement (FAE), affirme sa présidente, Mélanie Hubert, qui indique qu’aucun blitz de négociation n’est en vue pour la fin de semaine et que la grève générale illimitée n’est pas remise en question, du moins «pour l’instant».
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Du côté de la Fédération des syndicats de l’enseignement, qui représente 60% des enseignants de la province de retour en classe vendredi après cinq jours de grève, on se dit aussi «déçu» des négociations des derniers jours qui ne progressent pas au rythme espéré.
«Il n’y aura pas d’entente lundi, assurément», a laissé tomber Mélanie Hubert, présidente de la Fédération autonome de l’enseignement, lors d’un entretien avec Le Journal vendredi après-midi.
Puisqu’une entente doit être soumise au conseil fédératif de négociation de la FAE avant de décréter la levée de la grève, il est donc de plus en plus improbable que les 368 000 élèves touchés par la grève de la FAE soient de retour en classe d’ici Noël.
«La table a eu des travaux ce matin, ils sont repartis chacun de leur côté avec des textes pour travailler, on n’est vraiment pas dans une logique de blitz qui nous permettrait d’arriver très très rapidement à une entente», a précisé Mme Hubert.
Le cabinet du Conseil du trésor a refusé vendredi de commenter l’état des négociations vendredi, se limitant à indiquer que les discussions en cours étaient «sérieuses».
La grève n’est pas remise en question
Par ailleurs, la possibilité de lever la grève générale illimitée avant d’en arriver à une entente satisfaisante n’a pas fait l’objet de discussions jusqu’à présent à la FAE. «Pour l’instant, ça n’a pas été remis en question», a indiqué Mme Hubert.
Au cours des derniers jours, des voix se sont élevées pour demander aux enseignants de la FAE de revenir en classe sans attendre une entente de principe, pour le bien des élèves.
La FAE ne s’est toutefois pas fixé de conditions précises pour mettre fin à la grève, indique sa présidente.
«Une entente satisfaisante serait la meilleure façon de lever la grève. Est-ce qu’il pourrait y en avoir d’autres? La réponse c’est oui. C’est le conseil (fédératif de négociation) qui le déciderait», a précisé Mme Hubert.
«Grande déception»
De son côté, la Fédération des syndicats de l’enseignement (FSE-CSQ, affiliée au Front commun) déplore aussi le peu d’avancées dans les négociations avec Québec au cours des derniers jours, après cinq journées de grève qui ont mené à la fermeture de toutes les écoles publiques de la province.
«C’est la grande déception», laisse tomber sa présidente, Josée Scalabrini, lors d’un entretien avec Le Journal vendredi.
Il y a bien eu «une amorce de discussions» et «d’échanges» sur des priorités syndicales, mais «il n’y a pas d’avancées réelles», ajoute-t-elle.
«Ça va prendre des changements concrets sur la composition de la classe sinon il n’y aura pas de possibilités d’entente avant les Fêtes», affirme-t-elle.
Composition de la classe
Dans les deux camps, les discussions achoppent principalement sur cet enjeu phare.
La FAE est notamment à la recherche de mécanismes qui permettrait d’alléger le quotidien des profs, afin de permettre une meilleure répartition des élèves à besoins particuliers d’une même cohorte grâce à l’ouverture de nouveaux groupes réguliers ou de classes spécialisées, explique Mme Hubert.
À la Fédération des syndicats de l’enseignement, on estime que les solutions, qui peuvent varier selon les niveaux, passent par une diminution du nombre d’élèves par classe, une révision du modèle des classes spéciales ou de nouveaux mécanismes entourant la formation des groupes.
Québec a toutefois répété à plusieurs reprises au cours des dernières semaines qu’en raison de la pénurie, il est impossible de diminuer le nombre d’élèves par groupe et d’ouvrir de nouvelles classes.
De son côté, la Coalition des parents d’enfants à besoins particuliers du Québec s’inquiète que ces discussions, qui pourraient avoir des impacts très concrets sur les élèves, se fassent «derrière des portes closes» alors que des mesures comme l’ajout de classes spécialisées ou l’attribution de nouveaux codes «à priori», basés sur les difficultés des élèves et à prenre en compte lors de la formation des groupes, pourraient aller à l’encontre du principe d’inclusion prévue dans la politique d’adaptation scolaire.
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