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L'article provient de Le Journal de Montréal
Affaires

Hydro-Québec veut construire un poste de 315 000 volts à côté de la Grande Bibliothèque

La société d’État s’est déjà entendue avec BAnQ pour acheter le terrain

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Photo portrait de Sylvain Larocque

Sylvain Larocque

2023-11-04T04:00:00Z
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Hydro-Québec envisage sérieusement de construire un imposant poste de transformation électrique de 315 000 volts sur le terrain voisin de la Grande Bibliothèque à Montréal, un projet qui suscite l’ire de Lise Bissonnette.

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«On est au cœur de la culture, on est à côté de l’UQAM, on est dans l’ancien Quartier latin... Et on décide que sur un terrain aussi précieux, aussi extraordinairement situé, on va faire tout simplement [un poste électrique]... Je comprends la transition énergétique, mais c’est cruel», lance Mme Bissonnette, la «mère» de la Grande Bibliothèque, qu’elle a dirigée de 1998 à 2009.

Lise Bissonnette
Lise Bissonnette Photo Wikipédia

Le poste Berri, mis en service en 1968 et situé à quelques pas de l’institution culturelle, arrive à la fin de sa vie utile et doit être reconstruit, soutient Hydro. En raison de la hausse de la demande, la capacité du poste doit passer de 120 à 315 kilovolts, un changement qui nécessitera des équipements plus volumineux, d’où le besoin de trouver un nouveau lieu.

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«On n’a vraiment pas beaucoup d’options» dans le secteur, affirme Maxence Huard-Lefebvre, porte-parole d’Hydro-Québec.

De style brutaliste, le poste Berri a été mis en service en 1968.
De style brutaliste, le poste Berri a été mis en service en 1968. Photo Sylvain Larocque

Montréal dit non

Dans un premier temps, la société d’État souhaitait ériger le futur poste dans l’îlot Voyageur, situé juste en face de la Grande Bibliothèque. La Ville de Montréal, propriétaire d’une partie de ce terrain, a toutefois refusé.

«C’est notre volonté que ce site-là puisse accueillir un projet de logements sociaux et abordables», explique Simon Charron, attaché politique de la mairesse de Montréal et de l’arrondissement de Ville-Marie, Valérie Plante.

La partie de l'îlot Voyageur appartenant à la Ville de Montréal, où se trouvait l'ancienne gare d'autobus.
La partie de l'îlot Voyageur appartenant à la Ville de Montréal, où se trouvait l'ancienne gare d'autobus. Photo Sylvain Larocque

Bibliothèque et Archives nationales du Québec (BAnQ) a déjà conclu avec Hydro un accord de vente du terrain à un prix que les parties refusent de divulguer. Les fonds doivent permettre de financer en partie l’aménagement de la Maison de la culture et de la musique dans l’édifice Saint-Sulpice, un projet de quelque 50 M$ annoncé l’an dernier par le premier ministre François Legault.

Travaux de carottage

«Des travaux de carottage sont prévus à compter du 6 novembre pour une période de deux semaines afin de vérifier la qualité environnementale des sols», précise Claire-Hélène Lengellé, porte-parole de BAnQ.

N’y aurait-il pas moyen de construire les installations de façon souterraine, comme on l’a fait pour le poste Dorchester, situé derrière le siège social d’Hydro-Québec, au centre-ville de Montréal?

«Un poste souterrain, c’est très complexe», répond M. Huard-Lefebvre, en notant que le métro et plusieurs autres infrastructures se trouvent déjà dans le sous-sol du secteur.

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Faut-il s’attendre à un édifice massif sans fenêtre, à l’image de bien des postes de transformation situés dans des secteurs densément peuplés?

«On est disposés à être très créatifs dans le cadre de ce projet-là, assure Maxence Huard-Lefebvre. Si le projet se fait sur le site de la Grande Bibliothèque, ça peut venir avec toutes sortes de mesures à définir en fonction des volontés et aspirations de la Ville et du milieu. [...] Qu’est-ce qu’on peut faire qui serait ambitieux et qui s’intégrerait bien dans le milieu? C’est le genre de conversations qu’on veut avoir.»

Une sculpture hommage à l'écrivain Dany Laferrière se trouve dans le jardin de la Grande Bibliothèque depuis 2020.
Une sculpture hommage à l'écrivain Dany Laferrière se trouve dans le jardin de la Grande Bibliothèque depuis 2020. Photo Sylvain Larocque

Québec solidaire n’est pas contre

La députée de la circonscription, la solidaire Manon Massé, a refusé de parler du dossier avec Le Journal.

Dans une réponse envoyée à un citoyen, les membres de l’équipe de Mme Massé se disent «très préoccupées» par le projet, sans toutefois s’y opposer.

Québec solidaire entend profiter de la consultation que prévoit mener Hydro «pour pousser différentes mesures afin d’atténuer les impacts du poste et compenser la perte de cet espace pour la communauté», lit-on dans le message, que Le Journal a obtenu.

Réjean Gagnon, qui habite dans le secteur, croit toutefois que la Ville devrait reconsidérer sa décision d’empêcher Hydro-Québec de s’installer dans l’îlot Voyageur, qu’il voit comme «le moins mauvais des deux sites».

«Les babines ne suivent pas les bottines, s’indigne-t-il. Les babines de la Ville font une religion des espaces verts et ses bottines viennent piétiner l’un des plus beaux et des plus tranquilles espaces verts du quartier.»

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