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L'article provient de Le Journal de Montréal
Affaires

Investissements massifs d’Hydro-Québec: Sabia fera appel aux contribuables et au secteur privé

La société d'État veut doubler sa capacité de production

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Photo portrait de Sylvain Larocque

Sylvain Larocque

2023-11-02T15:00:00Z
2023-11-03T00:03:03Z
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Le nouveau PDG d’Hydro-Québec, Michael Sabia, fera appel aux contribuables et au secteur privé pour financer une grande partie de son «ambitieux» plan visant à répondre à l'«immense défi» que représente la pénurie d'électricité à l'horizon.

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Présenté jeudi, trois mois à peine après l’entrée en poste de M. Sabia, le plan pourrait coûter jusqu’à 185 milliards $ d'ici 2035 – soit un rythme d’investissement annuel de trois à quatre fois plus élevé qu'à l'heure actuelle.

En premier lieu, la société d’État veut doubler sa cible d'efficacité énergétique, établie il y a moins d'un an, pour la faire passer à 21 térawattheures (TWh) d'ici 2035. Pour convaincre les Québécois de réduire leur consommation d’électricité, elle couvrira jusqu'à 50% du coût d’achat d’équipements écoénergétiques. 

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Besoins immenses

Malgré tout, Hydro-Québec prévoit avoir besoin de 150 à 200 TWh de plus pour répondre à la demande d'ici 2050, ce qui implique un doublement de sa capacité de production. Elle estime que les trois quarts de ces ajouts serviront à décarboner la consommation d'énergie du Québec et 25% à répondre à la croissance économique.

Hydro veut tripler sa production issue du vent, ce qui représente 15 fois la superficie de l'île de Montréal en nouveaux parcs éoliens.

La société entend également accroître la production de ses centrales hydroélectriques existantes et en construire de nouvelles.

  • Écoutez l'entrevue avec Ghislain Picard, chef de l’Assemblée des Premières Nations Québec-Labrador sur QUB radio :

Michael Sabia a toutefois refusé net de discuter de cette dernière question. «Nous sommes en train d’examiner plusieurs options [pour de nouvelles centrales] et c’est trop tôt, franchement, pour en arriver à des conclusions spécifiques», a-t-il déclaré.

À elle seule, l’augmentation de la capacité de production et de transport coûtera de 90 à 110 milliards $ à Hydro-Québec.

À cela, il faudra ajouter des investissements de 45 à 50 milliards $ pour améliorer la fiabilité du réseau, laquelle a fortement diminué ces dernières années, entraînant une hausse marquée des pannes de courant.

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Hydro estime que les importants travaux qui sont sur sa planche à dessin nécessiteront en moyenne 35 000 travailleurs par année, et ce, pendant plus de dix ans.

Comment financer tout ça? 

Les coûteux chantiers limiteront la croissance des profits nets de la société d’État à moyen terme, et pourraient même les faire diminuer «légèrement». Conséquence: le dividende versé au gouvernement – il a atteint un record de 3,4 milliards $ l’an dernier – est appelé à baisser.

Les entreprises seront également mises à contribution. Le gouvernement Legault s’est engagé à limiter la hausse des tarifs résidentiels à 3% ou moins, mais il n’a imposé aucune contrainte à l’augmentation des tarifs commerciaux et industriels.

«L’écart qui existe actuellement entre le Québec et les autres pays est tellement important [en ce qui a trait aux tarifs affaires] que nous avons une marge de manœuvre très intéressante, a affirmé M. Sabia. [...] Ça va contribuer au financement de l’ensemble de ce projet.»

Pierre-Olivier Pineau, spécialiste en énergie à HEC Montréal, ne serait pas étonné qu'on demande aussi aux clients résidentiels de contribuer davantage.

«Dur de croire qu’on pourra respecter le 3 % d’augmentation», a-t-il commenté.

L’ancien grand patron de la Caisse de dépôt mise par ailleurs sur des partenaires privés pour aider Hydro-Québec à financer ses ambitions.

«Nous allons probablement examiner plusieurs possibilités différentes de financement [et] un ensemble de partenaires», a-t-il dit, avant d’admettre que les coûts d’emprunt d’Hydro pourraient s’accroître avec l’augmentation prévisible de l’endettement de la société.

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