Huîtres des Îles en danger

Le plus gros producteur d’huîtres des Îles-de-la-Madeleine craint que son élevage ne soit contaminé par des parasites qui sèment la destruction dans les Maritimes et en Nouvelle-Angleterre.

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«Nos eaux sont encore propres, on ne veut pas qu’elles soient contaminées par ces parasites qui détruisent jusqu’à 95% des élevages», lance Alexandre Brazeau, directeur des opérations chez Huîtres Old Harry.

Il reproche à l’Agence canadienne d’inspection des aliments (ACIA) et à Pêches et Océans Canada (MPO) d’avoir permis l’entrée dans la région d’huîtres possiblement contaminées par les parasites microscopiques MSX et Dermo.

Sans danger pour les humains, ces parasites invisibles s’attaquent à la chair des mollusques, qui deviennent impropres à la consommation en quelques semaines.

En Nouvelle-Angleterre, des fermes ont été décimées depuis l’arrivée de ces maladies et on les a identifiées en novembre dernier au Nouveau-Brunswick.

Ostréiculteurs contre importateurs

Alexandre Brazeau précise que son élevage de quelque 13,5 millions de mollusques a, jusqu’à maintenant, été épargné par ces parasites, mais il craint que les producteurs voisins, qui importent des huîtres adultes, n’amènent ces parasites.

«Il s’agit de maladies très contagieuses et si nous sommes touchés, nous risquons de tout perdre», lance-t-il.

Au centre du litige: les ostréiculteurs comme M. Brazeau qui font croître leurs huîtres naissantes pendant plusieurs saisons, face aux importateurs d’huîtres adultes qui les mettent sur le marché après quelques semaines de croissance.

«Nous faisons du développement durable, écologique. Nous avons investi plus de 4M$ dans ce projet», explique-t-il.

Déjà présentes

Approchée par Le Journal, l’ACIA rétorque que les deux maladies sont «déjà présentes ou très probablement présentes dans l’ensemble des eaux marines [sic] du Québec».

Elle ne voit donc pas de raison d’empêcher l’importation d’huîtres adultes, même si des permis sont requis.

Même son de cloche de la part de Pêches et Océans Canada, qui reconnaît que les maladies MSX et Dermo «peuvent représenter des risques importants pour les activités d’aquaculture et l’ensemble de l’industrie ostréicole», mais autorise les échanges en vertu de certaines conditions.

Ces arguments ne convainquent pas M. Brazeau.

«Il n’y a aucune preuve, actuellement, que ces maladies sont présentes aux Îles-de-la-Madeleine», affirme-t-il.

«J’ai eu plusieurs échanges avec des porte-parole de l’ACIA et ils nous noient dans un vocabulaire obscur plutôt que d’assurer le maintien de nos écosystèmes. Je suis très déçu de leur attitude», déplore-t-il.

Les huîtres au Québec

• La mariculture (huîtres, moules, pétoncles, myes, oursins et algues) est en croissance au Québec avec une centaine d’employés et 3 millions de chiffre d’affaires.
• On trouve actuellement 17 entreprises actives.
• Les Îles-de-la-Madeleine sont le berceau de cette industrie, avec des entreprises comme Huîtres Old Harry et Cultures du large.
• On trouve aussi des projets en Gaspésie, dans le Bas-Saint-Laurent et, plus récemment, sur la Côte-Nord.

Source: MAPAQ

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