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Culture

Hugo Giroux s'ouvre sur ses récents ennuis de santé

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Alicia Bélanger-Bolduc

2025-06-06T10:00:00Z
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Derrière le grand sportif qu’est Hugo Giroux se trouve un homme à la fois talentueux et d’une belle sensibilité. Il n’hésite pas à s’ouvrir sur les épreuves qui ont marqué son parcours. Cet été, il reprend le rôle de Santini dans la pièce Le placard, un personnage qui aborde des enjeux qui lui tiennent particulièrement à cœur.

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Commençons par ce qui occupera ton été: la pièce Le placard, que tu as le bonheur de retrouver!

On est vraiment une équipe tissée serrée, avec une belle complicité et de la bienveillance. C’est une comédie fine et intelligente où l’on parle d’homophobie d’une manière bien ficelée. Mon personnage est vraiment très macho, mais lui aussi, au cours de l’histoire, comprendra des choses. Son agressivité et son aversion envers le personnage de Pignon viennent assurément d’enjeux non réglés. On a la chance d’avoir des salles combles et un public qui embarque dans nos niaiseries chaque soir!

Comment te sens-tu d’être autant occupé dans la période estivale?

Ce n’est pas nouveau, puisque beaucoup de tournages se font l’été. J’aime mon travail, et c’est un milieu qui subit bien des turbulences, donc je le vois comme une chance d’être aussi occupé. Je joue moins ces temps-ci, et j’ai envie de revenir à un rythme plus élevé. Sinon, je pars en tournée avec 12 hommes en colère dès le mois d'août, je n’ai donc pas trop de quoi me plaindre. C’est un projet et un personnage fantastiques que j’ai bien hâte de défendre.

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La fin de la série Sorcières, où tu campais Tom, en a surpris plus d’un. Comment vis-tu avec l’incertitude de ce métier?

J’y étais de façon sporadique, mais j’ai adoré jouer avec cette équipe de talent. C’est la réalité de notre milieu et il faut se forger une certaine résilience. Ce n’est pas parce que j’ai 51 ans que je n’angoisse pas à l’idée que le téléphone sonne moins ces temps-ci. J’ai eu des volumes de tournages importants pendant les 10 dernières années de ma vie et je me retrouve depuis peu à faire davantage d’incursions. Ce n’est pas optimal et j’en suis un peu fatigué, mais en ce moment, c’est le théâtre qui me porte, et j’ai confiance en mes capacités. C’est un métier où, par moments, tu peux te sentir petit et vulnérable, mais il faut l’accepter.

Tu as fait partie du documentaire percutant Les gars, faut qu’on se parle. As-tu hésité à t’impliquer dans un projet aussi chargé émotionnellement?

On est en 2025 et on est censés évoluer, mais on est encore tributaires des perceptions malsaines de la masculinité. Je suis quelqu’un de très sensible et j’ai peur d’un paquet d’affaires, mais ça n’enlève rien à qui je suis. Je consulte toutes les deux semaines depuis tellement longtemps. J’ai besoin de me connaître et de m’améliorer, et je crois sincèrement que c’est le plus beau cadeau qu’on peut s’offrir. Je trouvais important de faire œuvre utile en parlant de ce qui s’est passé dans ma famille: j’ai perdu mes deux frères par suicide, et on n’a pas le choix de s’ouvrir, parce que trop d’hommes souffrent en silence. C’est en discutant avec les autres qu’on se rend compte qu’on n’est pas seul dans notre noirceur. J’en ai déjà parlé, mais l’inconnu de la mort m’a beaucoup freiné dans ma vie.

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Tu as eu des petits soucis de santé dernièrement. Cette incertitude t’a-t-elle grandement affecté?

Je me suis fait opérer pour un problème digestif et tout s’est bien déroulé, mais j’ai passé deux mois très intenses à ne pas savoir ce qui m’arrivait. J’ai toujours été un malade imaginaire, mais pour la première fois, ça se passait pour vrai. J’étais dans l’autobus de la vie, et si ça arrive à des enfants et à des gens que j’aime, je ne suis pas immunisé pour autant. J’ai donc connu une période de vulnérabilité assez grande où je n’ai fait que du divan. Maintenant que je vais mieux, j’appelle cette période «mon printemps de renaissance». J’ai eu la chance d’avoir un réseau d’amis importants qui ont pu me soutenir.

Et maintenant, comment va ta santé?

J’ai eu une petite période de convalescence et dernièrement, je me suis remis à faire mes activités quotidiennes, comme le sport. J’ai été grandement impressionné par tout le personnel soignant, qui a été patient et qui a su répondre avec gentillesse et douceur à toutes mes questions. Je les ai tous invités au théâtre cet été! (rires) J’ai eu la plus belle expérience compte tenu de l’événement!

Bruno Petrozza / TVA Publication
Bruno Petrozza / TVA Publication

Avec ce documentaire, quel est ton ressenti par rapport à la nouvelle génération d’hommes qui s’en vient?

Je vois des extrêmes qui me dérangent beaucoup. Je n’ai pas eu la force d’écouter le dernier documentaire sur les mâles alphas... Aucune femme ne m’a jamais empêché de vivre comme je l’entends. J’ai eu de belles relations, j’ai fait des erreurs, on m’en a fait vivre aussi, mais rien de tout ça n’a déconstruit celui que je suis. J’ai été élevé par une mère formidable qui a respecté mes choix et qui n'a souhaité que mon bonheur. Je vois les hommes qui, comme une insignifiance profonde et un manque de courage, transfèrent la responsabilité de tous leurs malheurs sur les femmes. Ça dénote une très grande anxiété et une incapacité à verbaliser correctement ce qu’ils éprouvent. Je trouve aussi que, dans notre société, on a un déficit d’intérêt qui est dû à nos téléphones, qui accaparent tous nos rapports humains. Je ressens beaucoup d’agressivité dans le quotidien, ce qui m’inquiète beaucoup.

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Le sport est très important pour toi et une façon de canaliser ton énergie. Cet amour te vient-il de ton père, qui avait une passion pour la course?

J’ai grandi en admirant les Canadiens de Montréal et j’ai toujours été très ludique. Mon père perd maintenant la mémoire, mais ce sont des souvenirs très vifs pour moi de le voir courir ses marathons dans des temps exceptionnels. Il l’a toujours fait dans le respect de son corps et de ses limites. C’est sûr que c’était stimulant de le voir se réaliser. On le suivait souvent dans ses compétitions et le Marathon de Montréal a toujours été l’événement de l’année pour nous. J’ai beaucoup d’admiration pour lui. Je n’ai pas le physique pour la course, mais j’aime beaucoup faire du vélo et m’entraîner. Je sais que je vieillis et je n’en fais pas trop de cas. Je respecte mon corps et j’y vais à mon rythme.

Avec la place que prend le sport dans ta vie, quand l’intérêt pour l’art t'est-il venu?

Je suis de la génération des émissions à sketchs, du début de l’improvisation et de Passe-partout, que j’ai écouté jusqu’à mes 16 ans! (rires) Mon oncle, qui était super important pour moi, m’a amené au théâtre à 10 ans et je me souviens d’en être resté bouche bée. Le film qui m’a le plus marqué est Les Plouffe, qui est venu attiser ma sensibilité et mon amour pour la ville de Québec. Dans ma famille, on était modestes, mais la culture a toujours été importante. Ma mère était une grande lectrice et mon père voulait constamment lire mes textes avec intérêt. On allait chaque année au Salon du livre et au musée en famille. Mes parents ont accepté ce que je désirais faire dans la vie. Ils m’ont fait confiance et ne souhaitaient que mon bonheur.

Quel lien entretiens-tu avec Québec?

Je ne viens pas de là, et pourtant, je considère Québec comme ma ville. J’y trouve beaucoup d’inspiration, elle me rapproche de ma sensibilité et je ne m’en lasserai jamais, et ce, malgré le fait que je marche toujours aux mêmes endroits. La terrasse Dufferin est pour moi un endroit où tout est possible. C’est une ville tellement poétique, où le vin et la nourriture ont meilleur goût. J’y ai une maison, mais avec ma situation particulière, j’essaie d’être souvent avec mes parents. Je m’occupe de la succession de mon frère David et je suis maintenant le seul fils, donc ça change beaucoup de choses. J'aime être présent le plus possible, ça me permet de faire mon deuil. J'ai toujours aimé mes frères d'une façon incommensurable, mais c'est difficile. J'essaie d'y aller à mon rythme, en respectant mes envies.

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