Comédien depuis plus de 20 ans, Hubert Proulx a déjà souvent pensé faire autre chose
Patrick Delisle-Crevier
C’est un Hubert Proulx tout blond qui s’est présenté devant l’équipe de La Semaine, un changement capillaire qu'il a effectué en vue d'un tout nouveau rôle qu’il doit garder secret pour le moment. Il a donc été question de son rôle dans Doute raisonnable, de sa tournée de spectacles avec son fils Viktor, de ses projets, de sa carrière, de sa vie amoureuse et de bien d’autres choses.
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Hubert, comme est ton quotidien?
Je vais très bien, je suis en tournée en ce moment avec mon fils pour notre spectacle On s’lâche pas. J’aime tellement faire ça avec mon fils c’est un beau privilège et c’est au-dessus de ce que j’avais imaginé faire dans ma carrière. Mon gars a 14 ans, il est censé se détacher de moi et c’est tout le contraire, nous sommes plus proches que jamais. Quand nous roulons ensemble, on met de côté les écrans pour que nous soyons connectés et cela ouvre beaucoup de discussions. Viktor s’améliore de spectacle en spectacle et il m’impressionne vraiment. Il est rendu qu’il improvise même sur scène parfois. C’est vraiment la transmission en ce moment.
Est-ce que tu as l’impression qu’il compte suivre tes traces dans le métier?
En fait, pour l’instant, il hésite entre le métier de comédien et celui de psychologue. Lors de la première, il était tellement stressé qu’il m’a dit qu’il allait étudier en psychologie, finalement. Mais là, il se garde comme plan B d’être acteur. Même qu’il aimerait faire les deux: tourner dans un film un jour et travailler comme psychologue le lendemain. Ça me réconforte de savoir qu’il est lucide et qu’il se construit et un plan A et un plan B. Viktor comprend très bien ce qu’est ce métier puisqu’il me voit aller depuis qu’il est tout petit. Il sait que des fois, on décroche deux ou trois rôles en même temps, mais qu’il y a aussi de longues périodes où il ne se passe rien et durant lesquelles on en arrache pas mal. Heureusement, ça va bien ces temps-ci.
Tu pratiques ce métier depuis plus de 20 ans, quel constat tu en tires?
Sérieusement, je pensais que j’allais être plus riche que ça! (rire) Disons que nous, les acteurs, nous faisons beaucoup moins d’argent qu’à une certaine époque et qu’il faut en donner de plus en plus tout en étant payé moins. Aussi, je pense qu’il faut toujours être flexible dans ses objectifs avec des métiers comme les nôtres. Quand je trace le bilan après 21 ans, je suis content de la carrière que j’ai eue, même si, à une certaine époque, je rêvais d’avoir un rôle principal dans une série. Ça ne m’est jamais arrivé et, finalement, ce n’est pas si grave, ça ne me dérange pas. Je ne me serais jamais imaginé écrire mon propre spectacle, le coproduire et faire une tournée... Ça surpasse les objectifs que je m’étais fixés au départ! Je ne suis ni amer ni envieux des autres. Je suis dans une période où j’ai un peu le choix au niveau de ma carrière, et je fais vraiment ce que j’aime. Toutefois, si tu m’avais posé la question il y a sept ou huit ans, je t’aurais dit que je n’étais pas du tout là où je voulais être.
Pourquoi n'as-tu jamais obtenu de premier rôle, selon toi?
Je ne sais pas pourquoi, mais j’imagine que c’est une question de casting. Plus jeune, j’étais frustré par ça, mais maintenant, ça ne me dérange plus. Je pense que j’ai réussi à faire des rôles qui ont tout de même marqué l’imaginaire. Lead ou pas, pour moi, c’est ça, l’important. On me parle beaucoup de certains rôles, et ça me touche. Plusieurs de mes personnages ressortent du lot et ont obtenu l’appréciation et la reconnaissance du public. Malheureusement, j’ai aussi le salaire du gars qui a tourné seulement trois épisodes... Mais ce n’est pas grave.
As-tu déjà pensé à faire complètement autre chose?
Oui, souvent. Pendant la pandémie, par exemple, j’ai travaillé en rénovations. Je porte aussi de nouveaux chapeaux depuis peu, puisque j’ai commencé à écrire, à produire et à faire de la mise en scène. Je suis touche-à-tout et je suis content. J’aurais dû faire ça avant, mais je manquais de confiance en moi. Maintenant, j’ose cogner aux portes. Je me vois comme un créateur, et non plus seulement comme un comédien. Le fait qu’un chanteur comme Émile Bilodeau pense à moi pour sa mise en scène, ça me touche.
Parle-moi de ton nouveau personnage dans la série Doute raisonnable...
Je joue un ex-prisonnier qui a fait de mauvais choix et qui n’a pas été chanceux dans sa jeunesse. Un autre rôle de poqué!
Es-tu tanné, parfois, de jouer ce type de rôle?
Oui, au point où, pendant une certaine période, je ne voulais plus en faire. Ça m’a pris des années à me sortir des rôles de bums. Enfin, on m’a proposé des rôles différents, un bon père de famille ou un policier, par exemple. J’ai aussi joué un médecin. On m’a même proposé de passer une audition pour jouer dans la comédie musicale Mamma Mia. Au début, je ne voulais pas, mais mon agente m’a dit que c’était le genre de rôle idéal pour changer mon image. J’y suis finalement allé et je pense que ça a changé la perception des gens et la place que j'occupe dans la culture populaire. Aujourd’hui, ça me dérange moins de retourner jouer un bum, car j’ai pu goûter à autre chose. Il faut dire que c’est le fun de jouer un vilain!
As-tu un fond de bum en toi?
C’est certain que c’est proche de moi. J’ai eu un frère toxicomane et je l’ai aidé à sortir de la rue à 18 ans. Donc, disons que j’avais une bonne base. Ç'a été ma carte de visite dans le métier puisque je suis arrivé dans le milieu en jouant un bum dans Virginie. Le premier rôle est souvent marquant et on m'a attribué cette étiquette, il faut croire. En même temps, je n’ai pas grandi dans la rue, et j’ai fait mon école de théâtre, donc je suis capable de jouer autre chose.
Tu es en couple avec la politicienne Ruba Ghazal. Comment ça se passe?
Disons que c’est très intense, surtout avec la montée de l’extrême droite. Être en couple avec une femme qui est à la tête d’un parti de gauche, je trouve ça parfois inquiétant. J’ai beaucoup d’admiration pour ma blonde, car elle travaille très fort. C’est beaucoup de dévouement, surtout avec le climat politique qui est rendu très lourd. Je suis incapable de lire les commentaires sur les réseaux sociaux de ma blonde, car ça me fait capoter. Mais elle est forte, elle n’a pas peur des débats et elle est vraiment à sa place. Je serai peut-être le «premier homme du Québec» un jour! (rires)
En terminant, quels sont tes projets?
Je suis en tournage pour la série Indomptables, dans laquelle je joue un criminel romantique très edgy. J’adore ça! C’est tellement bien écrit, cette série. Je suis aussi en période d'écriture pour l’adaptation de mon spectacle, qui sera publié sous forme de livre aux Éditions de l’Homme. J’ai aussi deux autres projets en développement. Et je fais tout ça en poursuivant la tournée d’On s’lâche pas, avec mon fils Viktor.