Hôpital Maisonneuve-Rosemont: une conciliatrice est nommée, une gestionnaire mise de côté
Gabriel Côté
Déplorant une «situation intenable», le ministre de la Santé, Christian Dubé, a annoncé qu’une conciliatrice a été mandatée pour apaiser la crise à l’urgence de l’hôpital Maisonneuve-Rosemont, où la majorité des infirmières menace toujours de démissionner.
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«Ce n’est pas tous les jours que des infirmières prennent la décision, à quelques heures du début de leur quart, de nous aviser qu’elles ne rentreront pas. C’est une situation qui est intenable», a lancé Christian Dubé lors d’un point de presse devant l’hôpital Maisonneuve-Rosemont (HMR), mardi après-midi.
Le ministre de la Santé a toutefois dit «bien comprendre» la situation dans laquelle se trouvent les infirmières, et a exprimé qu’il prend au sérieux leurs revendications.
«Je me fie beaucoup à la bonne volonté de tout le monde. Ce n’est pas agréable, ce qu’elles avaient à faire pour faire leur point hier soir. J’ai beaucoup d’empathie, et c’est pour ça que je suis venu ici souvent cette année», a-t-il dit.
Cheffe d’unité réaffectée
Lundi, les infirmières du quart de soir ont refusé le plan de contingence mis en place par les gestionnaires de l’hôpital, qui voulaient les faire travailler en équipe réduite. Or, selon les infirmières, ce plan aurait eu pour effet de les mettre en surcharge et de compromettre la santé et la sécurité des patients.
Devant la menace d’une centaine d’infirmières de démissionner mercredi si la cheffe de leur unité n’est pas remplacée, le CIUSSS de l’Est-de-l’Île-de-Montréal a pris la décision de la réaffecter à d’autres tâches.
«La personne en question n’est pas responsable du fait qu’on reçoit plus de patients que notre capacité, a soutenu le PDG du CIUSSS Jean-François Fortin-Verreault lors d’un autre point de presse mardi. Mais c’est certain que la relation avec l’équipe n’est pas là, donc on va réutiliser la personne, mais pas en relation directe avec l’équipe.»
Conciliation
Dans l’espoir de «trouver des voies de passage» entre les infirmières et les gestionnaires, une conciliatrice a été nommée pour «venir essayer de trouver d’autres solutions», a annoncé Christian Dubé.
«C’est très fréquent dans les situations comme celle qu’on vit en ce moment, a-t-il dit. Ce conseiller externe va écouter les deux parties pour voir si on a encore une grande distance pour s’entendre, ou si on est en train de se rapprocher.»
Des rapprochements ?
Le PDG a affirmé s’être entretenu avec les infirmières pendant 1h30 lundi soir pour «faire le point sur la situation». Et selon Christian Dubé, une rencontre avec la conciliatrice aurait aussi eu lieu mardi après-midi.
En attendant, le premier objectif de M. Fortin Verreault et du ministre de la santé est de «travailler à baisser les volumes» à HMR, afin de donner du répit aux infirmières qui sont épuisées, notamment par le temps supplémentaire obligatoire (TSO).
« La première chose, c’est qu’on va avoir un appui de la part du réseau de la santé pour diminuer le nombre d’ambulances reçues à HMR à l’urgence. Ça va donner de l’air aux équipes, et c’est la première étape. Il faut commencer à avoir un peu moins de volume, avoir un équilibre travail-famille», a dit le PDG du CIUSSS.
La réduction du volume devrait par la suite permettre d’attirer davantage d’infirmières, estime Christian Dubé.
«Les endroits où je n’ai plus de TSO, les endroits où j’ai un meilleur climat de travail, ont beaucoup moins de problème à attirer des gens à venir travailler», a-t-il affirmé.
«C’est pour ça que je vous dis qu’en ce moment, ma préoccupation, celle du PDG et de son équipe, c’est de travailler sur le climat de travail. Et je pense que là, il y a eu un signal d’alarme très fort», a ajouté le ministre.
Un «volcan actif», dit QS
Pour le député solidaire Vincent Marissal, la crise actuelle à HMR n’a rien de surprenant. «C’était hautement prévisible ! L’hôpital Maisonneuve-Rosemont, c’est un volcan actif et ça fait des années qu’on voit de la fumée. Si Christian Dubé ne l’a pas vue, c’est qu’il ne voulait pas la voir », a illustré M. Marissal lors d’un point de presse, mardi.
«La question ce n’était pas s’il y allait avoir une éruption, mais bien quand!» a-t-il ajouté.
Par ailleurs, l’élu solidaire considère qu’il est nécessaire de s’attarder au «problème de fond» si l’on veut éviter que cette situation se reproduire dans quelques mois.
«Il y a un problème de rénovation et de reconstruction de cet hôpital depuis des années. Mais on n’avance pas, on recule», a-t-il lancé.
«Il nous faut un nouvel hôpital. Pour ça, ça va prendre un vrai plan, avec un vrai échéancier et un vrai budget. Déjà là, si on était capable d’envoyer ce message-là, on donnerait beaucoup d’espoir à la population et aux gens qui travaillent ici», a conclu M. Marissal.