Publicité
L'article provient de TVA Nouvelles
Justice et faits divers

Homicide involontaire d'un patient de 84 ans: il avait encore au moins quelques heures à vivre, selon son chirurgien

Isabelle Desormeau est accusée d'avoir précipité la mort de Raymond Bissonnette, en novembre 2019

L'ex-anesthésiologiste de Laval Isabelle Desormeau, le 7 octobre 2024, à l'ouverture de son procès pour l'homicide involontaire de Raymond Bissonnette, un patient de 84 ans.
L'ex-anesthésiologiste de Laval Isabelle Desormeau, le 7 octobre 2024, à l'ouverture de son procès pour l'homicide involontaire de Raymond Bissonnette, un patient de 84 ans. Photo MARTIN ALARIE / JOURNAL DE MONTREAL
Partager
Photo portrait de Laurent Lavoie

Laurent Lavoie

2024-10-08T15:45:13Z
2024-10-08T16:52:22Z
Partager

L’octogénaire dont la mort aurait été précipitée par une ex-anesthésiologiste de Laval avait encore une courte espérance de vie au terme d'une opération à l'abdomen, estimait son chirurgien, tout en reconnaissant que son état pouvait rapidement se dégrader.

• À lire aussi: Une ex-médecin a «euthanasié» un patient de 84 ans, plaide la Couronne

«Ce patient-là allait décéder. On parlait, du moins à ma connaissance [...], de quelques heures, d’une à deux journées maximum, a mentionné le Dr Hubert Veilleux, au palais de justice de Saint-Jérôme, mardi matin. D’habitude, c’est plus une journée, parce qu’on veut que la famille vienne.»

C’était le pronostic qu’il avait fait devant l’état de santé de Raymond Bissonnette, qui aurait été victime d’un homicide involontaire aux mains d’Isabelle Desormeau, à l’Hôpital de la Cité-de-la-Santé, à Laval, le 1er novembre 2019.

La poursuite cherchera à prouver, à travers quatre semaines de procès, que l’accusée a précipité la mort de l’aîné.

Isabelle Desormeau, accusée
Isabelle Desormeau, accusée Photo MARTIN ALARIE / JOURNAL DE MONTREAL

La veille du drame, l’aîné s’était d’abord présenté à l’urgence pour des maux de ventre.

Le Dr Veilleux a découvert en salle d’opération de la nécrose sur son intestin grêle, confirmant que son état était grave.

Publicité

Il a donc appelé la nièce de M. Bissonnette, et ils ont convenu de refermer la paroi abdominale et d’offrir des soins palliatifs, comme le souhaitait la victime.

«Il ne voulait pas d’acharnement», a résumé le Dr Veilleux.

Ne pouvant pas se déplacer dans l’immédiat, sa nièce devait vérifier si un autre membre de la famille pouvait venir plus tard.

Conflit dans la salle

Devant ce dénouement, Desormeau avait appelé un responsable des soins intensifs.

«À la fin de la conversation, elle dit qu’elle va injecter ce qu’il faut et que le patient va décéder», avait témoigné Pamela Lemieux, une inhalothérapeute.

Et plutôt que de trouver une autre chambre pour les derniers moments de vie de la victime, l’anesthésiologiste aurait voulu l'envoyer directement à la morgue, en raison de sa mort imminente.

L’Hôpital de la Cité-de-la-Santé de Laval.
L’Hôpital de la Cité-de-la-Santé de Laval. Photo d'archives

«C’est là que ma collègue s’est emportée un peu [en disant]: “Ben non, on ne peut faire ça, ce n’est pas la procédure”», avait décrit l’infirmière Maïa Joly.

L’accusée de 53 ans aurait aussi rejeté l’idée que M. Bissonnette avait une famille et «que sa fille est déficiente, [alors] ça ne changerait rien», selon Pamela Lemieux.

Surpris, mais...

Desormeau aurait ensuite administré du midazolam, du propofol et du fentanyl à M. Bissonnette, avant de lui retirer l’assistance respiratoire.

«Je lui signifie que le patient ne respire pas. Elle me dit que ce n’est pas grave, le patient va décéder», avait relaté Pamela Lemieux, qui se sentait «très mal à l’aise».

Interrogé par la Couronne mardi, le Dr Veilleux a reconnu avoir été «surpris» d’apprendre le décès du patient.

«Mais en même temps, je savais que c’était un monsieur qui était très malade et qui avait une condition avancée au niveau de son intestin. Il était dialysé, il y avait plusieurs choses qui faisaient que le décès pouvait arriver plus rapidement», a-t-il relaté à la cour.

En contre-interrogatoire, le Dr Veilleux a notamment convenu qu’une infection généralisée pouvait «rapidement» se développer.

Vous avez un scoop à nous transmettre?

Vous avez des informations à nous communiquer à propos de cette histoire?

Écrivez-nous à l'adresse ou appelez-nous directement au 1 800-63SCOOP.

Publicité
Publicité