Hockey Québec: une formation obligatoire de «savoir-vivre» pour les parents?

Louis Deschênes
Hockey Québec songe sérieusement à rendre obligatoire dès la saison prochaine une formation de «savoir-vivre» aux parents afin de mettre fin aux débordements dans les gradins.
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«Nous ce à quoi on réfléchit présentement, c’est de rendre la formation “respect et sport” obligatoire, ce n’est pas encore décidé pour 2023-24, mais c’est une des très belles options qu’on a sur la table», confirme Jean-François Leblond, directeur programmes et formations pour Hockey Québec.
«Si c’était moi, ça ferait longtemps que ça serait obligatoire [la formation aux parents]», lance l’ex-hockeyeur Bruno Gervais.
Ce dernier collabore avec Hockey Québec à titre de directeur des relations clients pour le Groupe Respect, une entreprise fondée par l’ancien de la LNH Sheldon Kennedy qui offre des formations pour contrer l’abus et l’intimidation.
«J’ai trop souvent vu des jeunes vivre de l’anxiété de performance, de s’écraser ou de vouloir abandonner le sport, à cause de ce qui se passait dans les estrades», admet-il.
Déjà obligatoire pour certains
Depuis, 2018, cette formation de bonne conduite est déjà obligatoire pour les entraîneurs et les gérants de toutes les équipes de hockey mineur au Québec.
Elle était également accessible gratuitement aux parents qui voulaient la suivre en ligne et le tout était inscrit dans le dossier du joueur.
Toutefois, ce qui fait hésiter Hockey Québec dans son intention d’aller plus loin, c’est la mise en application de cette nouvelle réglementation.
«Est-ce que je veux empêcher un joueur de jouer parce que son parent ne veut pas faire la formation?», se questionne Jean-François Leblond qui admet être devant un dilemme.
Même s’il considère que la très grande majorité des parents adopte une bonne conduite quand ils assistent aux matchs de leur enfant, les intervenants déplorent que certains se transforment comme à l’époque des combats de gladiateurs au Colisée de Rome.
Au fil des années, Bruno Gervais a entendu toutes sortes de commentaires désobligeants de parents qui s’en permettent. «J’ai été coach, ç’a été une douche froide, j’ai arrêté ça après un an, raconte-t-il. Les gens disaient : excusez, je suis un gars intense.»

La femme d’un coach intimidée
Parmi les incidents malheureux dénoncés sur les réseaux sociaux lors de la dernière saison, une mère de famille de l’Abitibi a vécu l’enfer.
La maman d’un jeune hockeyeur de 11 ans et conjointe de l’entraîneur du club pee-wee a choisi de ne plus se rendre aux matchs de son fils parce qu’elle n’en pouvait plus d’entendre les insultes dirigées envers les deux humains qu’elle aime.
«Les parents étaient vraiment malsains. Au début, ils criaient après mon chum et après ils critiquaient mon fils. Donc, plus que ça allait et plus j’allais m’asseoir seule et un moment donné juste les regards et la lourdeur, je me suis dit : non je n’y vais plus», raconte encore avec émotion Annick Coulombe.
Ce qu’elle trouve encore plus malheureux c’est que les joueurs avaient une très belle chimie d’équipe et les jeunes avaient du plaisir à pratiquer leur sport favori, mais toutes ces chicanes d’adultes sont venues gâcher la saison.
«L’an prochain, mon conjoint a dit qu’il ne coacherait pu, pour mon fils, je ne sais pas, on verra», conclut la mère.
Ce qu’ils ont dit sur les débordements dans les gradins
«Moi, mon petit gars vient me voir et dit : j’aimerais ça être arbitre papa, je dis : non, on va te trouver une job au dépanneur.»
– Bruno Gervais
«Le joueur qui voit son papa crier les bras dans les airs, tout de suite il va prendre ses émotions et ça va venir influencer son comportement. L’enfant c’est une éponge.»
– Bruno Gervais
«Ç’a fini par péter entre des parents et les entraîneurs devant tout le monde, les petits gars ont vu ça et après ça pleurait dans la chambre. C’est là que j’ai décidé de plus aller à l’aréna.»
– Annick Coulombe
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