Hockey féminin : un retour des Canadiennes?

Benoît Rioux
Les journalistes et les amateurs ne sont pas les seuls à avoir hâte de savoir ce que l’avenir réserve au hockey féminin, avec l’implantation possible d’une grande ligue professionnelle. Les joueuses aussi.
«On aimerait dire haut et fort qu’on va avoir une ligue dès le mois de septembre prochain, mais ce n’est pas la réalité présentement, a prononcé l’attaquante québécoise Mélodie Daoust, rencontrée au cours du week-end, dans l'arrondissement de Verdun, en marge de l’événement Vitrine Quartexx, un tournoi de type "showcase". Actuellement, on ne le sait pas. On entend des choses, mais on ne connaît pas la vérité, on n’est pas dans toutes les réunions [de l’Association des joueuses professionnelles de hockey féminin (PWHPA)].
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«C’est difficile parfois de savoir où nous en sommes rendues exactement, mais les dernières nouvelles sont très excitantes, a-t-elle ajouté. Nous pensons être bien entourées. J’ai confiance qu’il y aura une annonce éventuellement, mais on ne sait pas quand.»
Concrètement, plusieurs hockeyeuses ont intérêt à patienter encore un peu avant de quitter leur emploi permanent en attendant la création d’une ligue viable, grâce à laquelle elles pourraient se consacrer à leur sport.
À l’Auditorium de Verdun
En attachant quelques ficelles, il y a eu lieu d’espérer une annonce au cours des prochains mois, voire des prochaines semaines. Déjà, Danièle Sauvageau, grande ambassadrice, laisse savoir qu’un club professionnel de hockey féminin évoluerait inévitablement au Centre haute performance 21.02, situé à l’Auditorium de Verdun. Du moins, ça fait partie du plan.
D’ailleurs, au beau milieu de la patinoire, le nom «Canadiennes» est déjà visible sur le logo, qui représente le Centre haute performance. Il ne faut pas nécessairement en tirer une conclusion, mais il s’agit peut-être d’un indice d’une association souhaitée avec le Canadien de Montréal. Comme ce fut déjà le cas par le passé, soit jusqu’à ce qu’on mette fin aux activités de la Ligue canadienne de hockey féminin en 2019.
«Pour réaliser de grandes choses, ça prend du temps, a tranché la célèbre attaquante Marie-Philip Poulin. C’est sûr qu’il va y avoir une équipe ici, que ce soit avec la collaboration de la LNH ou pas. Ça s’en vient et on a de bonnes personnes qui travaillent pour mettre le tout en place.
«Ç’a été trois longues années depuis la fin de la ligue précédente, on a créé l’association pour une raison, soit avoir une nouvelle ligue, a poursuivi Poulin. Le fait qu’on soit restées ensemble et solidaires pendant ces années-là, ça en dit beaucoup. Il faut être encore patient, on aimerait en dire plus, mais présentement, il y a des gens qui travaillent pour nous et on va voir par la suite.»
- Disputant la finale de la Vitrine Quartexx contre la formation du Minnesota dimanche, l’équipe de Montréal l’a emporté au compte de 6 à 3.
Casse-tête incomplet
Dans ce grand casse-tête entourant la création d’une ligue professionnelle durable par la PWHPA, il faut rappeler qu’un autre circuit de hockey féminin a voulu continuer de se développer, sans nécessairement compter sur la présence des meilleures joueuses au monde.
En janvier dernier, la Premier Hockey Federation (PHF) annonçait donc l’arrivée d’une équipe à Montréal, la saison prochaine. Il y a de quoi s’y perdre! Ainsi, le mois dernier, c’est la Ligue nationale de hockey qui a demandé aux deux associations de s’asseoir ensemble afin de trouver un accord pour s’unir. L’objectif, c’est effectivement d’avoir un club professionnel de hockey féminin à Montréal. Pas deux...
«On espère et on aime avoir le soutien du hockey masculin et ç’a été démontré dans les dernières années, a commenté la hockeyeuse ontarienne Laura Stacey, membre de la PWHPA, à propos d’une possible association avec la LNH. Nous voulons créer la meilleure ligue possible pour l’avenir du hockey féminin et inspirer les jeunes filles. C’est un fait que la NBA a vraiment contribué à la WNBA, mais il y a aussi d’autres façons de faire, au besoin.
«Nous ne savons pas nécessairement la teneur des discussions [avec la LNH et la PHF], nous savons simplement que nous voulons une ligue où les meilleures joueuses de hockey au monde peuvent compétitionner au niveau professionnel chaque jour sans avoir un autre boulot, a ajouté Stacey. Et on souhaite que cette ligue puisse durer pour toujours.»
Profondeur recherchée
Entre-temps, la Vitrine Quartexx, cinquième escale de la saison 2021-2022 de la tournée Secret Dream Gap Tour organisée par la PWHPA, aura sans doute permis de déceler des joueuses talentueuses, au cours du week-end, à Verdun. Il faut rappeler que Stacey, Marie-Philip Poulin, Mélodie Daoust et les autres joueuses de l’équipe canadienne n’étaient toutefois pas sur la patinoire au cours du week-end, observant une période de repos avant leur préparation pour le prochain Championnat du monde, à compter du 25 août, au Danemark.
«Il y a une cinquantaine de joueuses qui composent les équipes nationales du Canada et des États-Unis. Une ligue doit compter plus que 50 joueuses et il y a toutes ces filles qui poussent pour obtenir les autres postes advenant la création d’un circuit professionnel», a observé Stacey, rappelant l’importance de présenter une certaine profondeur.