Hockey féminin aux Jeux de Pékin: Ann-Renée Desbiens a «retrouvé le plaisir»
La gardienne de but profite des changements à la tête de la formation canadienne


Richard Boutin
PÉKIN | C’est le jour et la nuit pour la gardienne Ann-Renée Desbiens comparativement au cycle olympique précédent.
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À la retraite pendant plus d’un an après avoir remporté l’argent aux Jeux de Peyongchang en 2018, la portière de Charlevoix est revenue au jeu quand des changements importants sont survenus à la tête de l’équipe canadienne.
« Le cycle menant aux Jeux de 2018 n’a pas été très agréable », résume Desbiens, qui avait repris le collier en 2020 lors des festivités du match des étoiles de la LNH quand 20 des meilleures joueuses en Amérique du Nord s’étaient affrontées dans un duel de 20 minutes.

« Il y avait un manque de communication et on n’avait pas la meilleure culture d’organisation. Il n’y avait plus de ligue professionnelle et j’étais prête à passer à autre chose. J’avais fait mon deuil de ma carrière comme joueuse. »
L’entrée en scène de la double médaillée d’or olympique et ancienne attaquante Gina Kingsbury comme directrice des formations nationales féminines a changé la donne et apporté un vent de fraîcheur.
« La culture d’équipe a changé avec l’arrivée de Gina et du nouvel entraîneur-chef [Troy Ryan], souligne Desbiens. On a vu le changement. [Avant] on marchait sur des œufs à chaque erreur. Le changement permet aux joueuses de s’améliorer tout en s’épanouissant. »
« Il y a plus de pouvoirs entre les mains des filles, assure le produit des Badgers de l’Université du Wisconsin. On nous traite comme des adultes et non plus comme des enfants. Les joueuses apprécient. Dans le passé, on ne pouvait pas porter de jeans, on n’avait pas de congé et les soupers d’équipe étaient la norme. »
Meilleure communication
Marie-Philip Poulin et Mélodie Daoust abondent dans le même sens.
« Les filles n’arrivent plus au camp de l’équipe nationale le bâton serré dans les mains, illustre la capitaine. Oui, il y a de la pression de faire l’équipe, mais l’environnement est le fun. On travaille quand c’est le temps. Gina a été des deux côtés et elle a ouvert les barrières de communication. »
« Pour Gina, la diversité des joueuses est importante, de renchérir Daoust. Nous avons des petites, des grandes, des robustes et c’est ce mélange qui explique nos succès. Au Championnat mondial, on a réalisé qu’on pouvait battre les Américaines en jouant à notre façon. Pendant le cycle précédent, on se concentrait sur ce que les Américaines faisaient au lieu de miser sur notre style de jeu. »
Situation difficile
Deuxième gardienne à Peyongchang derrière Shannon Szabados, Desbiens vivait des moments qui n’étaient pas évidents. Médaillée d’or à Vancouver et à Sotchi, la gardienne de 35 ans était revenue dans le giron de l’équipe canadienne un an avant les Jeux de 2018, après avoir vaqué à d’autres projets.
« La situation des gardiennes n’était pas idéale, souligne l’athlète de 27 ans. Il n’y avait pas de message clair. Si Shannon avait été meilleure que moi, je l’aurais accepté. Avec la nouvelle direction, les filles se présentent à tous les événements et toutes sont traitées également. »
Une longue carrière
Le Canada a trois gardiennes à Pékin.
« Nous avons une belle relation, indique Desbiens. Moi et Emerance Maschmeyer sommes du même âge, alors que j’ai coaché Kristen Campbell un an à Wisconsin. Dans un court tournoi, tu y vas avec la gardienne la plus hot et qui va te donner la meilleure chance de gagner. Je suis en paix avec le choix qui sera fait. »
Ce nouvel environnement plaît tellement à Desbiens qu’elle s’engagera pour un autre cycle olympique.
« J’ai retrouvé le plaisir, explique-t-elle. Je me sens plus jeune qu’il y a quatre ans. La vie est plus agréable et j’envisage une carrière plus longue. »
Les Canadiennes disputeront leur premier match du tournoi olympique ce soir, à 23 h 10, face à la Suisse.