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L'article provient de Le Journal de Montréal
Culture

Hedwig et le pouce en furie: le fabuleux Benoit McGinnis

Le comédien brille comme jamais dans Hedwig et le pouce en furie

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Photo portrait de Bruno Lapointe

Bruno Lapointe

2023-01-27T23:01:10Z
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Bien plus qu’une « simple » performance, ce n’est rien de moins qu’un véritable tour de force que Benoit McGinnis livre avec Hedwig et le pouce en furie. 

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Vous ne connaissez pas Hedwig ni son pouce en furie ? Né de l’imaginaire de John Cameron Mitchell, son récit est vénéré tel un culte dans plusieurs cercles, tant grâce à sa présence sur Broadway qu’au grand écran. 

Sur les planches, les Neil Patrick Harris, Michael C. Hall, Darren Crisse et Andrew Rannells ont enfilé la perruque blonde du personnage queer et non genré, qui crache sa fureur sur des airs glam rock décoiffants. 

Quant à son pouce en furie, il fait référence à ce qu’il lui reste de son appendice masculin après une opération de changement de sexe bâclée – et non réussie, il va sans dire. 

Vous l’aurez deviné, on fraie ici à contre-courant des Mamma Mia !, Mary Poppins ou encore La mélodie du bonheur. Jamais jojo ni fleur bleue, le spectacle ne carbure pas non plus aux ritournelles pop. C’est graveleux, rugueux et souvent politically incorrect.

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Ode à la résilience

Mais c’est justement dans ses aspérités et dans sa différence que le spectacle – tout comme son personnage principal – puise toute sa force. Car Hedwig, c’est bien évidemment la rébellion et l’irrévérence. Mais c’est aussi, et surtout, une ode à la résilience, à ceux résignés à se relever chaque fois que la vie les fait trébucher. 

Et ça, Benoit McGinnis l’incarne à la perfection. Il se métamorphose, se donne corps et âme pour donner vie à une Hedwig tridimensionnelle, troublante, mais diablement attachante. 

Le comédien – très en voix, d’ailleurs – se révèle être sans conteste le mieux désigné pour rendre justice au personnage et à son univers. 

Même chose pour sa complice de scène, Élisabeth Gauthier Pelletier, aussi irréprochable dans la peau de Yitzhak, le conjoint d’Hedwig. Bluffante tant vocalement que dans son jeu et sa dégaine, celle-ci épate à chaque note, chaque réplique. 

On s’en voudrait également de passer sous silence le travail de René Richard Cyr, tant à la mise en scène que dans la traduction. L’homme de théâtre a su capter l’étincelle, la folie et l’unicité d’Hedwig and the Angry Inch pour en livrer une version française et québécoise fluide, certes, mais surtout au diapason de l’œuvre originale. 

Hedwig et le pouce en furie n’est donc évidemment pas un spectacle pour tous. Mais ceux qui accepteront son invitation seront récompensés par un divertissement exceptionnel, porté à bout de bras par un Benoit McGinnis tout simplement fabuleux. 


♦ Le spectacle Hedwig et le pouce en furie est présenté au Studio TD de Montréal jusqu’au 4 février. Une tournée à travers la province démarrera le week-end suivant.

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