Hawaï: des habitants racontent les incendies «aussi intenses que l'enfer»
Agence France Presse
«Tout était rouge, poussière et vent, aussi intense que l'enfer»: Ekolu Brayden Hoapili et sa compagne revoient en boucle les images des flammes auxquelles ils ont échappé en voiture durant l'incendie historique qui a fait des dizaines de morts à Hawaï.
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«J'ai cru que j'allais mourir. Je regardais la pompe à essence à côté de notre terrain et elle était en feu. Je ne voyais que fumée, cendres toujours ardentes tombant du ciel», raconte ce jeune de 18 ans qui a fui sa maison de Lahaina, ville touristique quasiment rasée de la carte sur l'île de Maui.
Comme d'autres, il est venu se réfugier dans ce parking surveillé mis à disposition par les autorités locales qui ont aussi ouvert des abris pour les milliers de sinistrés.
Des incendies extrêmement violents ont fait plus de 50 morts dans cet État américain, selon un bilan provisoire qui devrait encore s'alourdir, préviennent les autorités.
- Écoutez le témoignage de Carolanne Boileau, voyageuse qui devait partir pour Hawaï sur QUB radio :
Alimentés par des vents violents, nourris par la force de l'ouragan Dora qui passe actuellement dans l'océan Pacifique, les feux se sont propagés tellement rapidement que la population a été prise de cours.
Assis sur le coffre de sa voiture dans laquelle le couple a dormi, Ekolu Brayden Hoapili reste sous le choc, entre le soulagement d'avoir survécu et la culpabilité de ne pas être resté pour aider les autres.

«Je me sentais impuissant et sans défense. Quand j’y repense, j’ai laissé plein de gens derrière moi. J’aurais dû faire quelque chose, aider, mais je me serais mis encore plus en danger. Si je l’avais fait, je ne serais pas ici», dit-il.
À ses côtés, sa compagne, Sharmaiynne Buduan, a «le coeur brisé» d'avoir vu partir son village natal en fumée. Elle revoit aussi ses heures d'angoisse passées sans nouvelle de ses proches jusqu'à ce qu'elle les retrouve jeudi dans l'un des abris mis en place par les autorités.
«Mon monde s'est écroulé», confie la jeune femme de 20 ans.

«J'ai grandi dans ce village. Tous les souvenirs que j'ai là, toutes les balades dans Lahaina», se remémore-t-elle, ajoutant que voir toutes ces photos et vidéos de destructions est «dévastateur».
«On a tout perdu», précise-t-elle, en regardant dans le coffre qui contient couette et oreillers qu'on leur a donnés et ce qu'ils ont pu sauver: un ukulélé.
«Ville fantôme»
Lahaina, avec environ 12 000 habitants, était l'une des destinations touristiques préférées des millions de personnes qui visitent Maui chaque année.
Ses boutiques de souvenirs, ses restaurants, ses bars et ses bâtiments historiques ont été réduits en cendres, ainsi qu'une grande partie de la pittoresque marina où des milliers de personnes se sont promenées et photographiées en profitant des couchers de soleil.

«C'est un sentiment étrange. Nous n'arrivons toujours pas à y croire», dit Saraí Cruz, qui travaillait dans l'un des restaurants les plus populaires de Front Street.
«Il ne reste plus rien, tout est parti» et «Lahaina est une ville fantôme», s'attriste cette femme de 28 ans qui a dû fuir avec ses parents, sa sœur et ses trois enfants avec à peine quelques vêtements sur eux.
«On a vu la fumée de loin. Le temps qu’on rentre, en une ou deux minutes, la fumée noire s’infiltrait dans la maison. Il fallait se dépêcher, on a pris ce qu’on a pu, les choses importantes. On a pris la voiture, on voyait les flammes chez les voisins, leur maison brûlait déjà», se souvient-elle.
À côté d'elle dans le parking, José Victoria, un Mexicain de 35 ans, montre des photos de sa maison carbonisée qu'il a dû fuir sans rien emporter.

«J’ai perdu ma maison, mes papiers, tout. Je n'ai pensé qu'à ma femme, mon fils et ma voiture, c’est tout. Je n’avais pas le temps pour le reste.»
«J’avais vu ce genre de scènes dans des films. Mais là, je les ai vues en vrai. C’est dingue», dit-il encore sous le choc.