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L'article provient de Le Journal de Montréal
Monde

À Kyïv, Ksenia, guerrière de la logistique et de l'arrière-front

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2022-03-03T20:00:38Z
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« On a le générateur, on arrive », lance Ksenia Pavliuk en faisant défiler sur son téléphone son indispensable tableau Excel. La trentenaire ukrainienne aux cheveux rouge met le contact, slalome entre les barrages de Kyïv et va livrer les soldats qui l'ont appelé à l'aide. 

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La jeune analyste financière de 32 ans est restée en ville, obsédée à l'idée de participer d'une manière ou d'une autre à l'effort de guerre. 

« Ma mère ne sait pas que je suis ici. Je l'ai laissée à l'ouest et je suis revenue. Si elle apprend ce que je suis en train de faire, elle va me tuer », plaisante la jeune femme, passant du rire aux larmes en une fraction de seconde.

En trois jours, Ksenia Pavliuk a pris la tête d'une équipe de trente bénévoles de « Moto Help », des bikers qui avant la guerre aidaient les sans-abris de Kyïv. 

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Les motos ont laissé place à des fourgonnettes, qui assurent dans toute la ville la livraison du tsunami d'aide internationale destinée aux civils, aux soldats et aux membres des milices d'autodéfense.

« J'ai une liste de toutes les unités de défense territoriale de Kyïv, avec tous leurs besoins, donc tout ce que nous recevons est emballé ici et transporté par nos voitures directement vers ces unités », explique Ksenia. 

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« Tout est amené d'Europe, les médicaments, les équipements de protection (...) tout a été emballé, chargé dans un train » avant d'être reçu ici, dit la jeune femme.

Arrivée à la gare de Kyïv, elle court rejoindre le quai où arrivent dix tonnes d'aide humanitaire, dont elle doit coordonner la distribution.

Le train pour la ville où plus personne ne veut aller est vide de passagers, mais plein d'un enchevêtrement chaotique de colis d'aide d'urgence, des dons venus des quatre coins de l'Europe. 

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Casques et gilets

Sous les ordres de Ksenia, une poignée de jeunes volontaires organisent la chaîne et débarquent ces dix tonnes de matériel comme ils le peuvent sur le quai.

Dans ces cartons, des inscriptions dans toutes les langues, français, allemand : « gaufres », « conserves », « bébé ».

Ksenia cherche nerveusement un colis en particulier: des gilets pare-balles et des casques, sa priorité absolue de la journée.

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« Nous avons trouvé des policiers en Allemagne qui sont prêts à faire don de leurs propres gilets pare-balles. Nous essayons de mettre en place toute la logistique nécessaire pour faire venir toutes ces choses d'Europe », dit-elle dans un souffle, avant de se pencher sur l'adresse de la prochaine livraison. 

Son coffre plein à craquer de cartons, matelas, sacs poubelles de produits d’hygiène et autres, elle prend la direction de la base militaire qui l'a sollicitée.

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« C'est comme ça qu'on va gagner cette guerre, car l'armée russe n'a aucune chaîne logistique pour la soutenir », estime son compagnon et assistant Andrïi Moroz, 32 ans, extrêmement fier de ce que fait sa moitié. 

Le commandant de la base réceptionne la livraison. Et laisse partir Ksenia avec un conseil: retourner le plus vite à l'abri, parce que la nuit tombe et que « ce soir, ça va être très chaud ».

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