Guerre tarifaire: Québec pourrait bloquer l’accès à ses minéraux critiques
Le gouvernement des États-Unis est déjà impliqué dans le financement et le développement de mines au Québec

Martin Jolicoeur
Le gouvernement n’hésitera pas, si nécessaire, à restreindre l’accès aux minéraux critiques et stratégiques (MCS) du Québec, convoités par les Américains, dans le cadre de son plan de riposte aux mesures tarifaires imposées depuis mardi par l’administration Trump.
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En entrevue avec Le Journal, la ministre québécoise de l’Économie, Christine Fréchette, a indiqué lundi que l’accès aux minéraux critiques et stratégiques (MCS) du sous-sol québécois constituait « une carte » que devra jouer la province contre les États-Unis, advenant que perdure la guerre commerciale entamée entre les deux pays voisins.
Le Pentagone au Québec
Comme on l’a vu à l’occasion de leurs négociations avec l’Ukraine, les États-Unis sont actuellement à la recherche active de minéraux critiques pour répondre aux besoins de leur économie et s’affranchir de leur dépendance à la Chine.

Tout comme l’Ukraine, le sous-sol québécois regorge de ces minéraux essentiels à la transition énergétique, dont le lithium, le cuivre, le graphite et plusieurs autres (niobium, zinc, cobalt, nickel, titane, etc.).
Les États-Unis le savent bien. À tel point que plusieurs gisements sont actuellement à exploités au pays par des minières américaines ou même directement par le gouvernement américain lui-même.
C’est le cas, entre autres, du projet contesté de mine à ciel ouvert de la minière Lomiko Metals, à la frontière de l’Outaouais et des Laurentides, largement financé par le département américain de la Défense.
Une carte à jouer
«Moi, je tiens à ce que si on a des ententes avec les Américains en lien avec notamment les minéraux critiques et stratégiques, cela soit pris en compte dans le cadre des négociations qui s’amorcent», a déclaré la ministre de l’Économie, Christine Fréchette, en entrevue avec Le Journal, lundi.
Cette dernière explique par exemple que, si les États-Unis souhaitaient travailler avec le Québec à l’extraction de minéraux critiques, pour leur industrie automobile ou militaire, il leur serait demandé qu’ils s’engagent à ne pas imposer de tarifs sur les produits du Québec ou du Canada.

«Autrement dit, il faut qu’il y ait un gain dans la négociation. [...] On aurait là une carte à jouer et il faut qu’elle soit jouée dans le cadre des discussions qui ont cours présentement avec les États-Unis. Pas sur une autre table, dans une autre salle.»
Se rapprocher des Européens
Par ailleurs, la ministre a expliqué que, comme les entreprises devaient apprendre à diversifier leurs territoires d’exportation, le Québec devrait sans doute aussi apprendre à se rapprocher d’entreprises européennes intéressées par les richesses souterraines du Québec.
«On a une carte dans nos mains qu’il faudra bien jouer afin de diversifier nos partenaires et travailler davantage, notamment avec les Européens, qui cherchent eux aussi à se distancier de la Chine et de la Russie.»
• Regardez aussi ce podcast vidéo tiré de l'émission de Mario Dumont, diffusée sur les plateformes QUB et simultanément sur le 99.5 FM Montréal :
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