Guerre en Ukraine: la position de Trump est «une catastrophe» pour l'Europe
Marie-Anne Audet
L'arrivée au pouvoir de Donald Trump représente une «fissure dans le camp occidental», selon le politologue et administrateur de l’Association Jean Monnet, Olivier Vederine.
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«[Pour] l'Europe, c'est véritablement le réveil avec la gueule de bois», a-t-il soufflé lors d’une entrevue accordée à LCN.
Le clan américain, qui a commencé a négocier avec la Russie sur une paix en Ukraine en l'absence de la principale intéressée, a pris tout le monde par surprise mardi lorsque le président des États-Unis a accusé l'Ukraine d'avoir initié le conflit lors point de presse tenu mardi.
«Aujourd’hui j’ai entendu “oh nous n’étions pas invités”. Et bien, vous avez été là depuis trois ans. Vous auriez dû y mettre un terme il y a trois ans. Vous n’auriez jamais dû la commencer», a alors lancé l'élu républicain.
Cette déclaration démontre que les États-Unis «ne sont plus un allié certain» de l’Europe, a soutenu le politologue.
«Pour le camp euroatlantique, transatlantique et pour l’OTAN, c’est une très, très mauvaise nouvelle. Ici, en Europe, on se demande si on peut compter sur les États-Unis si on a un problème à la frontière, par exemple, des États-Baltes? C’est véritablement une catastrophe», a-t-il déploré.
Ce dernier croit que les propos du président américain démontrent de l’influence croissance de la Russie sur la politique internationale.
«Moi, je commence à croire à toutes les thèses conspirationnistes qui disaient qu’il y avait une influence russe dans les élections de Trump, autour de Trump, etc. Et c’est ce qu’on peut lire maintenant dans les médias européens occidentaux», a-t-il soutenu.
«Moi, ça me rappelle un peu le désastre du départ d’Afghanistan, du départ du Vietnam Sud en 1975, etc. On a l’impression que les États-Unis veulent partir rapidement, quitte à tout brader», a poursuivi M. Vederine.
Amérique affaiblie
Ce changement de cap finira ultimement à affaiblir l’Amérique sur la scène internationale, a ajouté Olivier Vederine.
«La Russie, elle, elle a bien compris l’affaiblissement de l’Occident. Elle fait des déclarations déjà comme étant une victoire des BRICS, ce qui se passe. [...] L’anti-américanisme est en train de monter partout en Europe», a-t-il rapporté.
Nicolas Tenzer, chercheur principal au Centre d’analyse des politiques européennes, a une lecture similaire de la situation.
«[Il y a beaucoup] de désordres internationaux qui vont contre la puissance américaine. Et c’est ça, le paradoxe. [Donald Trump] se présentait comme un homme fort, mais aujourd’hui, il est en train d’affaiblir l’Amérique», a-t-il dit.
Le parti républicain de Donald Trump n’est plus celui de Ronald Reagan ou de George Bush, a soutenu celui qui voit le rapprochement entre les États-Unis et la Russie comme une rupture entre l’actuel locataire de la Maison-Blanche et ses prédécesseurs.
«Ce n’est plus le parti qu’on a connu, qui essayait d’abord, surtout à l’époque de Ronald Reagan, de confronter un pays qui agit comme notre ennemi», a-t-il illustré.
«On a un ennemi radical qui vise à réviser complètement l’ordre mondial, à détruire le droit international pour lequel le crime, encore une fois, n’a plus aucune signification. Il veut saper les règles du droit. Et on se dit, mais ces électeurs américains, ils ont abandonné vraiment tout principe, toute valeur, ou bien, tout simplement, ils ne se rendent pas compte», a-t-il ajouté.
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