Grossophobie médicale: «J’étais comme sous le choc» -Une patiente qui s’est battue contre des troubles alimentaires s’est fait offrir de l'Ozempic par sa médecin
La patiente est pourtant plus en santé qu'avant malgré son poids plus élevé


Héloïse Archambault
Une jeune femme qui a pris du poids après s’être sortie de troubles alimentaires est encore indignée de s’être fait offrir un médicament coupe-faim pour maigrir par sa médecin de famille.
• À lire aussi: Grossophobie médicale: le diagnostic de cancer d'un jeune père de famille retardé malgré d'intenses douleurs au ventre
«J’étais comme sous le choc. C’était impossible, avoue Jessica Brodeur. C’est après que mon indignation est devenue plus forte.»
Âgée de 34 ans, la jeune femme a vécu une partie de sa vie avec des troubles alimentaires (orthorexie, boulimie, hyperphagie, etc.).
Comme de la vitamine D
«À chaque suivi médical, on me félicitait que j’étais en forme, que je perdais du poids et que je m’entraînais», se rappelle celle qui faisait des compétitions de fitness.
Rétablie de ses troubles alimentaires depuis deux ans, Mme Brodeur a pris au moins 100 livres depuis les dernières années. En 2022, une visite chez sa médecin de famille l’a complètement marquée.
«Je lui expliquais mon histoire de troubles alimentaires et que la prise de poids après était difficile à accepter. Elle m’a dit: on peut te prescrire l'Ozempic, raconte Mme Brodeur. Pour elle, c’était banal, comme de la vitamine D.»
- Écoutez l'entrevue avec Jessica Brodeur, jeune femme victime de grossophobie médicale, via QUB radio :
Prescrit aux gens obèses depuis quelques années, l’Ozempic aide à maigrir parce qu’il coupe l’appétit. Or, il entraîne aussi toutes sortes d’effets secondaires (diarrhée, fatigue, nausée).
Par ailleurs, plusieurs spécialistes en santé soulignent qu’il s’agit d’une solution temporaire; les gens reprennent le poids quand ils cessent le médicament.
Après ce rendez-vous, la résidente de Saint-Hubert avoue avoir eu des pensées sombres sur son alimentation.
«Je n’ai jamais été autant en santé maintenant dans un corps beaucoup plus gros, jure-t-elle. Mais j’étais forte, j’ai été capable de tenir tête.»
Ne pas être pesée
Aujourd’hui bien dans sa tête et dans son corps, l’entraîneuse de fitness doit insister chaque fois chez le médecin pour ne pas être pesée ou ne pas vouloir connaître le chiffre sur la balance.
«Le monde médical a tellement à apprendre sur la grossophobie. C’est un enjeu de société qui a des répercussions beaucoup plus qu’on le pense, dit-elle. C’est comme si la perte de poids était encore la règle du bonheur ultime.»