Grève du secteur résidentiel dans la construction: des chantiers au ralenti et des syndiqués au travail comme d’habitude
Plusieurs centaines de travailleurs se sont pointés sur les chantiers malgré le conflit de travail entre l’Alliance syndicale et l’APCHQ


Mathieu Boulay
Les chantiers résidentiels tournaient au ralenti hier en raison du déclenchement d’une grève générale illimitée que le syndicat tente de faire respecter.
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Une dizaine de journalistes du Journal l’ont constaté durant leurs visites d’une vingtaine de chantiers au Québec.
Même s’ils avaient leurs outils en main, ils étaient sur le qui-vive. Ils appréhendaient une visite surprise de leurs collègues syndiqués qui auraient voulu mettre fin à leur journée de travail promptement.
À plusieurs endroits, des groupes d’une vingtaine de grévistes de l’Alliance syndicale ont débarqué sur les chantiers avec l’intention de les fermer.
Des travailleurs dociles ont déserté les lieux et d’autres ont attendu que les grévistes partent avant de se remettre au boulot.
«On va peut-être juste gagner 20$ de plus sur notre paie par semaine, lâche Adam Demers, un maçon depuis trois ans et affilié au Syndicat de la construction du Québec. Si on est en grève pendant deux semaines, ça va me prendre je ne sais pas combien d’années pour me rembourser ça...»
D’ailleurs, selon la loi, les salariés peuvent travailler pendant une grève, mais l’employeur ne peut les forcer son employé à rentrer au boulot.
«Certains travailleurs ne savent pas si la grève les touche ou non. On fait de la sensibilisation afin qu’ils connaissent les enjeux», assure Alexandre Ricard, porte-parole de l’Alliance syndicale.
«Durant une même semaine, il arrive que des travailleurs peuvent changer de secteur plusieurs fois. Certains font du résidentiel, mais ils sont payés commercial, ce qui occasionne parfois des incompréhensions de la part des travailleurs.»
Un peu de rififi
La «sensibilisation» était plus mouvementée sur certains chantiers à Valleyfield.
«Ça brassait quand même. Ils disaient aux travailleurs qu’ils avaient 15 minutes pour partir, a raconté le livreur de matériaux Alain Lefort. Ça se passe bien quand ils les avertissent pour la première fois, mais s’ils repassent une demi-heure plus tard et qu’ils sont encore là, c’est moins calme.»
«Ça ne sert à rien de faire la grève, raconte un entrepreneur d'un chantier de Sainte-Julie, qui a requis l’anonymat par peur de représailles. Si on augmente les salaires, ça va se répercuter sur le prix des maisons et l’acheteur, c’est justement un des gars qui travaille ici.»
Pas de résistance
Tous les employés rencontrés ont mentionné qu’ils n’offriraient pas de résistance aux représentants syndicaux.
«S’ils viennent nous voir, on va simplement arrêter de travailler, ranger notre équipement et rentrer chez nous», a mentionné un autre syndiqué à Mirabel.
Un superviseur de projet résidentiel a indiqué que les dates de livraison le forçaient à garder son chantier ouvert.
«Les clients ont commencé à appeler depuis quelques jours et ils avaient peur de la grève. Plusieurs se demandent ce qu’ils vont faire avec leurs affaires si leur maison n’est pas terminée.»
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