Grève des fonctionnaires fédéraux: les citoyens déjà tannés après un jour de paralysie
Justin Trudeau presse les partis de s’entendre avant que la patience de la population ne s’épuise


Anne Caroline Desplanques
OTTAWA | Impossibilité d’obtenir un passeport, centres d’appels saturés aux impôts, accumulation cauchemardesque de demandes de visas; les conséquences de la grève générale des fonctionnaires fédéraux ont frappé les contribuables partout au pays dès les premières heures de la journée mercredi.
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Partout, les citoyens se sont heurtés à des portes closes devant les bureaux fédéraux, en particulier ceux de Passeport Canada, qui n’offrent plus de services qu’à ceux qui ont un motif humanitaire de voyager.
C’est que plus de 155 000 travailleurs fédéraux membres de l’Alliance de la fonction publique du Canada (AFPC) ont quitté leur poste en bloc à minuit une mercredi, déclenchant une grève générale, du jamais-vu au pays depuis 1991.

Services stoppés ou ralentis
Ceux qui espèrent encore recevoir des documents de voyage pour partir en vacances en famille peuvent donc remiser leurs valises.
- Écoutez la ministre canadienne Karina Gould, responsable du dossier des passeports parler de ce début de grève nationale via QUB radio :
«Je me sens terriblement mal [pour ces familles]», a lâché la ministre responsable des bureaux de passeports, Karine Gould, dont les services reçoivent en moyenne 85 000 demandes de passeports par semaine.
Même scénario à Immigration Canada, où on traite en général plus d’un million de dossiers en tout temps. Le ministre de l’Immigration, Sean Fraser, s’attend déjà à des retards, alors que ses services venaient à peine d’éponger ceux accumulés durant la pandémie.
À l’Agence du Revenu, où 35 000 syndiqués ont débrayé en pleine saison des impôts, «tout ce qui nécessite une manipulation physique, et je pense ici aux formulaires papier, pourrait bien sûr prendre plus de temps», a prévenu la ministre du Revenu Diane Lebouthillier.

Grévistes gonflés à bloc
Pendant ce temps, sur les lignes de piquetage partout au pays, les syndiqués agitaient drapeaux et pancartes avec conviction, réclamant surtout des augmentations de salaire. Pour Maria, qui a six enfants à nourrir avec son salaire annuel de 60 000 $ et arrondit les fins de mois en travaillant à l’épicerie, c’est une question de survie.

«Avec tout qui monte, l’inflation, on a besoin d’avoir le minimum», crie-t-elle par-dessus les klaxons des passants solidaires. Autour d’elle, devant le bureau du député libéral Steven McKinnon, à Gatineau, la foule se réchauffe café en main et couverture sur les épaules.
- Écoutez la rencontre Nantel-Durocher diffusée chaque jour en direct 15 h via QUB radio :
Sans augmentation de salaire depuis 2021, les syndiqués de l’AFPC réclament une hausse de 13,5 % pour 2021 à 2023, alors que la plus récente offre du gouvernement est de 9,25 %.
«Nos négociateurs sont là avec des propositions qu’on trouve extrêmement raisonnables», a dit le premier ministre Justin Trudeau. Appelant tous les partis à s’entendre, il a prévenu que «les Canadiens ne vont pas être énormément patients si ça continue».
- Avec Anouk Lebel et Raphaël Pirro, Agence QMI
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