Grève des cols bleus: privés de leur stade, des joueurs de soccer pénalisés
Deux clubs de soccer dénoncent les impacts majeurs sur les jeunes sportifs, qui s’ajoutent à ceux subis pendant la pandémie


Stéphanie Martin
Privés de l’accès à leur stade, de nombreux joueurs de soccer de Québec subissent les contrecoups de la grève des cols bleus, dénonce Samir Ghrib, qui a l’impression de revivre les affres de la pandémie et craint que les conséquences sur les jeunes s’étirent.
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«Ça me rappelle la sale période de la pandémie. Mais au moins, pendant la pandémie, tout le monde était à l’arrêt. Sauf que là, c’est comme un menu à la carte. La crainte de voir ce conflit s’éterniser est élevée», exprime le directeur technique du Club Royal Beauport et figure bien connue du sport dans la région, Samir Ghrib.
Les impacts sont majeurs pour les jeunes joueurs de Beauport, explique-t-il. Contrairement aux amateurs du ballon rond de l’ouest de la ville, qui évoluent aux stades TELUS-ULaval et Chauveau, non entretenus par les cols bleus, le Royal est «pénalisé encore plus», parce qu’il voit ses équipements paralysés, au stade Marc-Simoneau.
«Toutes nos activités sont annulées depuis la semaine dernière, le camp de la relâche a été relocalisé, nos camps de sélection après la relâche sont menacés, nos équipes élites sont à l’arrêt. On n’a même plus accès à nos bureaux!» énumère M. Ghrib, amer.
La situation est la même du côté du CF L’International de Québec, qui couvre Charlesbourg et La Cité-Limoilou, confirme le directeur technique Nicolas Barbeau. «La majorité de nos heures d’entraînement se trouvent ici au stade Marc-Simoneau. Depuis la semaine dernière, on n’a pas accès à nos installations. On a réussi à trouver un plan B pour la relâche. Mais oui, ça a un impact pour ces jeunes.»
Demande de relocalisation
Les responsables des deux associations de soccer demandent à la Ville d’être relocalisés pour la suite de la grève. «Ils n’auront pas le choix, on est dans un cas de force majeure», soutient M. Ghrib. «On est en pourparlers, mais de répartir toutes ces heures, ça ne se fera pas du jour au lendemain», a déploré M. Barbeau.
Anne-Marie Caron, mère de deux jeunes sportifs, regrette que les enfants fassent les frais de cette situation. Sa fille de 12 ans a vu sa saison écourtée. Son fils de 14 ans est affecté de plusieurs façons: il travaille comme entraîneur et joue au stade Marc-Simoneau, en plus de faire sa concentration soccer à ce même endroit, aujourd’hui fermé. «C’est ça que je déplore: les jeunes sont encore en train de payer pour des histoires d’adultes.»
Se battre pour les jeunes
«Je me bats pour les jeunes, ajoute M. Ghrib. Je trouve qu’ils ont déjà été assez pénalisés comme ça. C’est fou, à un moment donné, on va voir les études sur les impacts sur notre belle jeunesse, avec ce qu’ils ont vécu pendant la pandémie.»
Il dit comprendre que les employés manuels veulent améliorer leur sort, mais constate aussi qu’«ils sont bien par rapport à la moyenne de la population». «C’est certain que l’opinion publique ne sera jamais de leur côté. Avec ce qu’ils ont eu...»
Dans les derniers jours, on a appris que les demandes des cols bleus porteraient leur salaire annuel au sommet de l’échelle à plus de 100 000$ en 2029. Ils ont refusé une offre de la Ville de 93 500$ par an pour la classe la plus élevée, en 2029.