Grève chez Molson: des bars craignent de manquer de bière et réclament une modification législative

Dominique Lelièvre
Des propriétaires de bar demandent une modification législative au gouvernement en raison de problèmes d’approvisionnement en bière qu’ils attribuent au conflit de travail chez Molson Coors. Certains d’entre eux, surtout dans les régions éloignées, soutiennent qu’ils pourraient être à sec d’ici quelques jours.
La Corporation des propriétaires de bars, brasseries et tavernes du Québec (CPBBTQ) a écrit jeudi aux ministres de la Sécurité publique et de l’Économie, Geneviève Guilbault et Pierre Fitzgibbon, pour faire état de la situation.
Rappelons que quelque 420 travailleurs de l’usine de brassage Molson Coors de Longueuil sont en grève depuis le 25 mars.
«Les tenanciers qui avaient un contrat d’exclusivité avec la Brasserie Molson Coors Canada doivent s’approvisionner maintenant auprès d’autres brasseurs. Cette forte demande a créé une pénurie et oblige les grands brasseurs à s’approvisionner à l’extérieur du Québec», affirme dans la lettre le président de l’association, Renaud Poulin.
Or, les bouteilles venant des autres provinces du Canada ou des États américains proches n’ont pas de marquage CSP (consommation sur place), détaille-t-il. Les seuls produits livrés sont les bières CAD (consommation à domicile).
«Centaines d’appels»
«Nous nous retrouvons aujourd’hui dans une situation où les tenanciers ne peuvent offrir que quelques produits à leur clientèle. Au cours des derniers jours, nous avons reçu des centaines d’appels de commerçants, tout particulièrement [des] régions éloignées qui craignent même de n’avoir plus de produits à offrir à leur clientèle, et ce, à partir de la semaine prochaine», peut-on lire dans la missive.
Ainsi, la CPBBTQ aimerait que le gouvernement permette à l’industrie de consommation sur place de vendre les mêmes produits que ceux vendus dans les grandes surfaces et dépanneurs, même s’ils ne sont pas marqués «CSP».
«Avec l’obligation de produire une facture à chaque vente sur le module d’enregistrement des ventes (MEV), on élimine toute évasion fiscale», plaide l’organisation.
Plan de contingence
Rejoint par Le Journal jeudi soir, un porte-parole de Molson Coors, Frédéric Bourgeois-LeBlanc, a indiqué que l’entreprise continuait de s’appuyer sur son plan de contingence.
Il n’était toutefois pas en mesure de commenter dans l’immédiat les enjeux d’approvisionnement soulevés par la CPBBTQ.
«Notre porte est toujours ouverte à la discussion avec le syndicat des Teamsters. Ils [les syndiqués] ont décidé de partir en grève sans voir notre offre finale, donc cette offre finale là n’a pas été présentée. Ils n’ont pas eu la chance de la voir, donc, on est ouvert à la discussion, on espère qu’ils vont retourner à la table des négociations dès que possible et on continue notre travail en cours selon le plan de contingence établi», a déclaré M. Bourgeois-LeBlanc.
En mars, le fabricant assurait avoir l’intention de continuer à répondre à la demande des consommateurs.
Les travailleurs syndiqués réunis en assemblée ont voté à 99 % contre les dernières offres patronales et en faveur d’un mandat de grève, le 20 mars dernier.
«Les points en litige entre les parties sont nombreux. L’employeur a notamment proposé des augmentations de salaire nettement insuffisantes, sous l’inflation, et veut implanter un système de mises à pied qui ne tient pas compte de l’ancienneté et qui déplaît profondément aux membres des Teamsters», a soutenu le syndicat au moment de déclencher la grève générale illimitée le 25 mars.