Des pénuries de bières à prévoir chez Molson?
Les travailleurs en grève ont stationné hier des camions pour ralentir les activités


Francis Halin
La grève illimitée déclenchée hier matin par les 420 travailleurs de l’usine de brassage Molson-Coors de Longueuil pourrait provoquer des pénuries de bières d’ici le mois de mai, selon le syndicat.
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« Si le conflit de travail perdure, il pourrait y avoir des pénuries de bières d’ici deux mois », a prévenu Stéphane Lacroix, porte-parole des Teamsters Canada.
Contacté à sujet, l’employeur a tôt fait au contraire de se faire rassurant.
« Nous avons un plan de contingence en place qui nous permettra d’expédier de la bière à nos clients et nos consommateurs », a assuré Frédéric Bourgeois-LeBlanc, aux communications de Molson.
Décisions de Milwaukee
Hier, sur les coups de 10 heures, le syndicat a annoncé que les travailleurs de Molson déclenchaient une grève illimitée. Des employés ont alors stationné des camions pour ralentir les activités de Molson.
« Depuis la fusion avec Coors, en 2005, nos conditions de travail se dégradent. Les décisions sont prises à partir de Milwaukee depuis la fusion avec Miller, il y a quelques années, et c’est encore pire », a dénoncé le président syndical local des Teamsters, Éric Picote, par communiqué.

Dimanche, près de 320 travailleurs présents à une assemblée syndicale avaient voté à 99 % contre les dernières offres patronales et dans une même proportion pour donner un mandat de grève à leur syndicat.
Augmentations de salaire maigrichonnes sous l’inflation, système de mises à pied qui ne respecte plus l’ancienneté... les syndiqués ne digèrent pas les offres patronales.
Selon eux, l’attitude de l’employeur démontre que l’approche « familiale » de Molson est bel et bien chose du passé.
Augmentations de 2,25 %
Mardi, Le Journal avait raconté l’histoire de deux travailleurs déçus du déroulement des négociations avec leurs patrons.
« Avec des augmentations salariales de 2,25 % par année, alors que l’inflation dépasse les 5 %, c’est un peu rire de moi », avait déploré Patrick Villeneuve, qui travaille au brassage de la bière à Longueuil.

« Depuis 2009, on a perdu énormément d’avantages, dont les assurances, les régimes de retraite et plusieurs bénéfices au niveau du normatif », avait déploré Giovanni Spallone, qui répare les camions servant à livrer la bière.
Hier, Molson a déploré à nouveau la tournure des événements. « Molson Coors a une longue histoire de fournir des emplois bien rémunérés ici au Québec. Nous offrons aux Teamsters Local 1999 un salaire plus que compétitif, il est donc décevant qu’ils aient quitté leur poste avant même que nous ayons fait une offre finale », a déclaré Frédéric Bourgeois-LeBlanc de Molson.
« Comme le syndicat n’a pas réussi à négocier de bonne foi, nous nous tournons vers notre plan de contingence. Nous allons continuer à répondre à la demande des consommateurs », a-t-il conclu.
L’an dernier, les ventes de Molson Coors ont dépassé les 13 milliards de dollars.