Glissement de terrain à Saguenay: des résidents ébranlés face à l’incertitude
Des sinistrés pourraient perdre beaucoup d’argent s’ils ne peuvent réintégrer leur maison

Pierre-Paul Biron
SAGUENAY | Bouleversés, des sinistrés du glissement de terrain de La Baie ont pris la mesure jeudi matin des pertes qu’ils pourraient subir s’ils ne peuvent réintégrer leur domicile, qui est « le travail d’une vie », déplorent-ils. D’autant plus que l’indemnisation de subsistance qui leur est offerte n’est qu’un maigre 20 $ par jour.
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« Je fais le deuil de la place. Mais après 47 ans, on est attaché à notre coin », confiait, les yeux dans l’eau, Marius Harvey, voisin immédiat de la maison qui a été fauchée par la coulée de terre du glissement de terrain.
« Et je ne pourrai pas me reconstruire ce que j’avais à ce prix-là », ajoutait-il à propos de l’indemnisation maximale fixée à 260 000 $ pour les résidents qui pourraient être expropriés.

Même s’il tente de se faire à l’idée, une partie du cœur de M. Harvey refuse de laisser derrière autant de souvenirs. Malgré le risque, il retournerait dans sa résidence s’il le pouvait.
« Comme on dit, il faut bien mourir quelque part. C’est ma demeure », soupirait l’homme au sortir de la rencontre qu’a tenue la sécurité civile avec les 79 résidents évacués depuis lundi soir.

Sombre incertitude
Certaines résidences sont d’ailleurs toujours à risque d’effondrement.

Cette sombre incertitude faisait évidemment partie des préoccupations des citoyens jeudi, mais il est trop tôt pour évaluer la situation, affirment les experts du ministère des Transports, qui confirment malgré tout la présence d’autres fissures à proximité du gouffre.
La pluie attendue pourrait donc changer la donne rapidement si un autre glissement devait se produire.
« On va attendre que les études soient faites pour être traité individuellement, mais j’aimerais bien rester chez moi. Recommencer à un certain âge, ce n’est pas drôle et il y aura certainement une perte de valeur. La maison, ça doit être ton petit coussin pour le restant de nos jours, mais là il va peut-être être moindre », soulignait à regret Serge Carrier, qui habite tout juste au bas du talus.
20 $ par jour seulement
D’ici à ce que ces difficiles décisions soient prises, les sinistrés ont été pris en charge par le programme d’indemnisation du gouvernement provincial.
Celui-ci prévoit un maigre 20 $ par jour pour les besoins de subsistance des sinistrés.
« [Aujourd’hui] on ne mange plus grand-chose avec 20 $ par jour », ironisait l’un d’eux, insatisfait d’un tel montant.
« C’est assez minime. Ils nous disent que c’est le maximum, mais ça ne revient pas à grand-chose », soulevait Claude Gingras.
Quant à l’hébergement, les sinistrés qui peuvent être logés chez des proches ont été invités à le faire pour permettre à ceux qui n’ont nulle part où aller de profiter d’appartements offerts par la Municipalité.

Programme général d’indemnisation et d’aidefinancière lors de sinistres réels ou imminents
▶En cas d’expropriation ou de démolition
210 000 $ maximum pour le bâtiment
+
50 000 $ maximum pour le terrain
Total de 260 000 $
- Un autre programme peut couvrir les biens meubles qui se trouvent dans la maison
- Indemnité de subsistance 20 $ par jour par occupant d’une résidence évacuée pour une durée maximale de 100 jours ( 2 semaines prévues à La Baie)
Ce qu’ils ont dit:
- «Présentement, on vit une journée à la fois. Il ne faut pas réfléchir trop, il ne faut pas penser à notre maison parce qu’on était si bien. On se console en se disant qu’il y en a qui vivent pire.» – Monique Jean
- «On vit difficilement l’incertitude, c’est extrêmement stressant, mais chaque bien que j’ai pu récupérer dans la maison, c’est un cadeau. Le reste, on prendra les choses comme elles arriveront. J’ai sauvé ce qui était irremplaçable, mes souvenirs.» – Karine Minier
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