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Culture

Geneviève Rochette se confie sur les nombreux deuils qui ont inspiré son livre

«Mécanique Raymond» sera présentée au Théâtre des hirondelles du 13 juin au 23 août

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Alicia Bélanger-Bolduc

2025-06-05T10:00:00Z
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Comédienne, écrivaine et maman, Geneviève Rochette évolue dans l’industrie depuis plus de 30 ans. Elle renouera avec le théâtre d’été dans la pièce Mécanique Raymond, où elle sera entourée d’acteurs tout aussi talentueux qu’elle.

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Geneviève, parle-moi de l’expérience Mécanique Raymond.

On est à quelques jours de la première, qui se tiendra le 13 juin prochain, et je commence à être bien excitée! C’est plaisant parce que la pièce évoque les dynamiques familiales, mais aussi beaucoup d’amour, et on le ressent entre nous. C’est également très humoristique; on a bien du plaisir ensemble. Ça fait longtemps que je n’ai pas joué au théâtre d’été et j’aime ce type d’énergie bon enfant. On est vraiment dans l’idée de s’amuser, et c’est une énergie qui me rejoint.

Ton personnage de Suzy te ressemble-t-il sur certains points?

Je suis maman moi aussi, donc je peux comprendre certains de ses traits. Elle trouve aberrant que son mari n’ait jamais pu dire «je t’aime» à ses enfants et c’est important pour elle. Elle veut vraiment apporter l’harmonie dans la famille. Nous, les mères, on a toujours ce désir de rassembler à tout prix. Elle essaie de préserver un bel équilibre, et elle tient à ses objectifs.

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Bruno Petrozza / TVA Publication
Bruno Petrozza / TVA Publication

La comédie fait justement partie de ta carrière. D’où te vient cet amour pour le rire?

On dit que le rire est une si jolie façon de montrer les dents. Il apporte une communion et nous rassemble. Il y a beaucoup de vertus dans l’humour, on peut s’éduquer et s’amuser avec celui-ci. Pour ma part, je fais de l’humour politique. Je trouve que l’humour permet d’être incisif tout en passant des messages. On pleure toujours en silence, mais on ne se prive jamais de lâcher un bon rire ressenti et je trouve ça touchant.

Tu te passionnes pour les études. Après une maîtrise, te revoilà sur les bancs d’école pour ton doctorat!

J’ai commencé un doctorat en Études et pratique des Arts à l’automne. L’école, pour moi, c’est comme un cercle vertueux qui m’amène à vouloir apprendre plus. Ma maîtrise en histoire, je l’ai faite sur l’évolution du théâtre occidental, et j’ai trouvé que j’avais atteint mon seuil de compétences. Je fais maintenant mes recherches sur le dieu Nysa, qui représente le théâtre dans la tragédie grecque. Il incarne pour moi l’irrationnel, le rire et le théâtre organique, qui m’inspire beaucoup. Je suis plutôt dans le domaine de la réflexion puisque j’ai décidé de me poser que du côté de la recherche. J’aime beaucoup ce que je fais.

Bruno Petrozza / TVA Publication
Bruno Petrozza / TVA Publication

As-tu déjà eu le désir de faire de la scénarisation ou de la mise en scène?

Je souhaiterais plutôt enseigner l’histoire dans les écoles de théâtre. J’en suis vraiment passionnée! J’aime faire des liens et essayer de porter cette vision sur scène. C’est aussi une façon d’observer ceux qui nous entourent. On sous-estime à quel point le passé qui nous habite fait partie intégrante de notre ADN, et l’art est justement là pour nous le rappeler.

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Tu as sorti le livre Ofilao sur tes origines guadeloupéennes en 2022. Quelle place occupent tes racines dans ta vie?

Ma mère est née là-bas et on y allait très souvent quand j’étais jeune, donc j’ai un grand sentiment d’appartenance envers ce pays. J’ai dû m’y rendre pour enterrer beaucoup de proches sur une courte période et je sentais que cet endroit devenait un tombeau pour moi. L’écriture de mon livre m’a réconciliée, d’une certaine façon, avec mes racines. Le roman parle de la manière de garder les liens qui nous unissent avec nos défunts et de faire la paix avec notre passé pour pouvoir avancer.

Tu as perdu ta grand-mère, ta mère et ta sœur en peu de temps. Quelle influence ces deuils ont-ils eu sur la femme que tu es aujourd’hui?

J’ai commencé la rédaction du livre en 2008, à la mort de ma grand-mère. Après chaque décès, j’ai eu besoin de prendre une pause pour faire la paix avec ce qui m’entourait. Le fil conducteur part du cheminement artistique que j’ai dû faire jusqu’à mes racines. L’écriture a été pour moi une belle façon d’honorer ces personnes et aujourd’hui, je comprends qu’elles m’habitent. Je retourne souvent en Guadeloupe. C’est un pays que j’aime beaucoup et où je me sens actuellement bien.

Le livre s’est écrit sur une longue période. En as-tu tiré des leçons de vie?

Je l’ai écrit dans le but de me réconcilier avec mes origines et je crois que c’est mission accomplie. Je viens de lire un recueil de poésie d’une autrice haïtienne qui s’intitule Mourir c’est beau. Je remarque, dans la culture caribéenne et afrodescendante, un lien fort avec les défunts qui continuent de faire partie de notre vie. Je crois qu’en Occident, on a de la difficulté à gérer la mort. C’est un aspect qui mérite d’être travaillé dans notre société.

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Ta fille Kim reconnaît aussi l’importance de ses origines dans ses projets artistiques.

Kim a aujourd’hui 30 ans. Elle a habité aux îles de la Madeleine pendant six ans, où elle a travaillé sur une idée de documentaire. Elle est maintenant retournée aux études et a écrit un recueil de poésie, La peau et les os. Son deuxième sortira prochainement à la même maison d’édition que moi. Elle est fascinée par la culture caribéenne et veut se l’approprier, puisqu’on perd toujours une partie de cette identité d’une génération à l’autre. Elle connaît très bien la littérature du pays et elle a une façon d’écrire qui représente bien la culture. Je suis constamment impressionnée par sa plume.

Ton fils Victor, lui, a des racines italiennes et guadeloupéennes. Sens-tu aussi chez lui un sentiment d’appartenance à ses origines?

Il aime voyager et est très curieux de nature, mais il est plus proche de son côté italien pour le moment. Il a visité les deux pays à plusieurs reprises. Il aime la cuisine, mais, actuellement, il travaille sur des plateaux de télévision. Il n’a que 20 ans, donc il a encore le temps d’explorer et de trouver son essence. Étant retournée aux études à 45 ans, je serais mal placée pour lui faire la morale. (rires)

Eric Myre / TVA Publications
Eric Myre / TVA Publications

Tu es avec ton conjoint, Antonello Cozzolino, depuis 23 ans. Qu’est-ce qui vous unit encore après toutes ces années?

Quand je pense à nos 20 ans de vie commune, j’ai de la difficulté à croire que ça ait passé si vite. On est encore très amoureux et près de nos enfants. Ça aide à garder la famille soudée. On n’est pas très compliqués et on est très respectueux, l’un envers l’autre. On aime bien partager des moments, mais on se laisse chacun notre espace pour nos différentes passions. Lorsque je lui parle de ma thèse sur Nysa, les yeux lui tournent! (rires) On œuvre dans le même domaine, mais on ne discute pas beaucoup de travail à la maison. On est capables de conserver un bel équilibre.

À quoi ressembleront tes prochains mois?

Je développe actuellement un projet de théâtre pour enfants, pour lequel j’ai reçu du financement. C’est un conte original que ma sœur m’a laissé avant son décès, et que j’ai décidé de présenter sous forme de pièce. L’histoire tourne autour d’une mouche qui raconte ses épopées. J’ai tenté de m’inspirer de Fanfreluche, un personnage qui m’a grandement marquée.

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