Gatineau se prépare au «nouveau normal» : les inondations du printemps
Raphaël Pirro | Agence QMI
Après les pannes de courant majeures au début du mois, voilà que la ville de Gatineau se prépare encore une fois à la montée des eaux du printemps, une routine qui se veut «un nouveau normal», selon la mairesse France Bélisle.
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«Moi, j’aime ça faire ça. Ça me fait faire de l’exercice. Ça devient une tradition comme Noël!», a ricané Gilles Mutchmore en entassant les sacs de sable dans sa cour arrière, qui donne sur la rivière des Outaouais.
Ce résident du boulevard Hurtubise n’en est pas à son premier rodéo. Il a déjà eu affaire à deux importantes crues printanières ayant endommagé terrains et maisons du secteur, la première en 2017 et la deuxième en 2019.
Les deux fois, il a prévu le coup en fabriquant une véritable barricade faite d’entre 6000 et 8000 sacs de sable, des planches de contreplaqué et une longue bâche en plastique.
«En 2019, ça a duré cinq ou six semaines. C’était plus long qu’en 2017, même si c’était moins intense», s’est-il rappelé.

Gilles Mutchmore peut compter sur ses amis qui l’aident à fourrer dans des sacs fournis par la Ville du sable placé en monticule, aussi fourni par la Ville, au coin de la rue Hurtubise, qui longe la rivière.
«Si jamais on a besoin d’aide, il est là aussi», a lancé Daniel Bélisle avant de balancer un énième sac à l’arrière de la camionnette. Les résidents sont limités à 200 sacs par jour.
En face de la maison, une grosse pelle mécanique s’affairait à «enrocher» une portion de la rue pour empêcher que le débordement d’un ruisseau n’inonde les maisons.
Le «nouveau normal»
Selon les pronostics de la Ville, en date de mardi, ce sont 1049 terrains et 254 bâtiments, dont certaines résidences comme celle de M. Mutchmore, qui étaient à risque d’être atteints par l’eau.
«Ce qu’on est en train de vivre, c’est notre nouveau normal», a déclaré la mairesse Bélisle lors d’un point de presse en après-midi.
Le niveau d’eau de la rivière des Outaouais a grimpé de douze centimètres entre 17 heures lundi et le milieu de journée mardi. Les données de la CPRRO (Commission de planification de la régularisation de la rivière des Outaouais) indiquent une pointe de la première crue des eaux entre mercredi et vendredi, suivie d’un niveau d’eau «assez élevé durant plusieurs jours».
Des travaux pour «enrocher» ont lieu à plusieurs endroits sensibles de Gatineau, incluant sur la rue Jacques-Cartier, où des travailleurs de la Ville ont installé un tuyau pour prévenir l’accumulation d’eau dans le stationnement du Sterling, un restaurant près de la rivière.
Tout ce travail est effectué en amont, dans une ville désormais habituée aux dommages environnementaux. Les inondations de 2019, que les Gatinois n’ont pas oublié, avaient occasionné à elles seules des dommages évalués à plus de 11 millions $.