Garderie fermée à cause du ministère
Des familles réunissant plus de 40 enfants à Laval devront trouver de nouvelles places d’ici avril


Olivier Faucher
Des dizaines d’enfants de Laval se retrouveront le bec à l’eau d’ici quelques mois, parce que le ministère de la Famille a refusé que leur garderie de quartier, qui a des problèmes financiers, soit convertie en CPE.
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« La CAQ veut fermer les garderies privées non subventionnées. Ils n’en veulent pas », dénonce Joëlle St-Laurent, directrice de la Garderie de la Gare, située dans le quartier Auteuil à Laval.
Elle a annoncé lundi aux parents des 44 enfants inscrits dans son établissement qu’il fermerait le 1er avril.
Son modèle d’affaires n’est plus viable, selon elle, depuis que le gouvernement a accordé une importante hausse salariale aux éducatrices des CPE.
« On va faire banqueroute. Si je ne paie pas mes éducatrices aux mêmes taux que les CPE, elles vont partir », dit-elle, en soutenant que les parents n’accepteraient pas non plus de payer 25 $ de plus par jour par enfant
Demande refusée
Afin de sauver sa garderie, Mme St-Laurent a conclu une entente pour qu’elle soit achetée par le CPE Logis-Ciel, situé à quelques kilomètres.
Le ministère de la Famille devait donner son aval à cette entente pour que les 44 places de la garderie privée non subventionnée soient converties en places en CPE. Or, il a refusé.
« Ils savaient très bien par contre que ça en ferait perdre 44 [places en garderie], dénonce-t-elle. On ne comprend pas pourquoi le ministère n’a pas sauté là-dessus. Il y a 600 unités de maisons qui s’en viennent à côté de notre garderie. Ce n’est pas le manque d’enfants, notre problème. »
Mardi soir, le ministère de la Famille a nié avoir refusé l’offre d’achat, car « le projet [...] est toujours en examen », a déclaré par courriel le responsable des relations de presse Bryan St-Louis.
Pourtant, le ministère a bel et bien refusé la demande le 26 novembre, selon sa décision officielle qu’a pu consulter Le Journal.
On peut y lire que le « sous-territoire » de la garderie, c’est-à-dire le secteur, n’est pas visé parmi dans les places que le ministère souhaite ouvrir en CPE.
Que vont faire les parents ?
Parmi les 44 familles qui n’ont que quelques mois pour se trouver en même temps une nouvelle place dans le secteur, il y a Véronique Décoste et sa fille Mila, qui a trois ans. Elle était inscrite à la Garderie de la Gare depuis juin 2021.
« Je trouve que c’est un stress de plus à une situation qui n’est pas facile. On n’a pas de famille autour et on travaille à temps plein, mon conjoint et moi. »
La maman qui ne tarit pas d’éloges envers la garderie et son personnel déplore que le gouvernement n’ait pas trouvé de solution pour préserver ce service dans son quartier.
« D’avoir un frein qui est mis à ça [la conversion en CPE], je me dis qu’ils ne sont pas là pour aider, et en plus, ils mettent un frein à des solutions que les gens essaient d’apporter et qui ont du sens. »