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L'article provient de Le Journal de Montréal
Société

Une garderie est menacée par un CPE

La direction craint un exode des parents et des éducatrices au profit du nouveau service de garde à côté

Des parents souhaiteraient que la garderie Rouge Coccinelle à Berthierville soit subventionnée, comme la directrice, Karine Dubé, et le proprio, Joël Gosselin
Des parents souhaiteraient que la garderie Rouge Coccinelle à Berthierville soit subventionnée, comme la directrice, Karine Dubé, et le proprio, Joël Gosselin Photo Martin Chevalier
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Photo portrait de Dominique  Scali

Dominique Scali

2021-12-28T05:00:00Z
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Une garderie de Lanaudière craint de devoir fermer ses portes en raison d’un exode possible de sa clientèle vers un nouveau CPE qui ouvrira à un jet de pierre de là.

• À lire aussi: CPE: l’entente de principe adoptée par le SQEES-FTQ

« On s’en va dans le mur. Je n’ai comme plus de mots pour dire comment c’est horrible », soupire Joël Gosselin, propriétaire de la garderie privée Rouge Coccinelle, à Berthierville, qui compte 80 places. 

Le « mur » qu’il redoute, c’est la faillite et la fermeture de son établissement. Car un nouvel établissement de 80 places, le CPE Bouton de Rose, devrait ouvrir ses portes au printemps à moins de 1 km. 

L’attrait du 8,50 $ par jour

Il soupçonne qu’une partie des parents et des éducatrices souhaiteront alors migrer vers le nouveau CPE. Pas parce que la qualité des services y serait meilleure, mais parce que les parents auraient accès au tarif de 8,50 $ par jour et les éducatrices à de meilleures conditions salariales. 

« C’est crève-cœur, témoigne Stéphanie Beaulieu, mère d’un garçon de trois ans. J’adore ma garderie, je ne peux rien demander de mieux. » 

Mais pour son deuxième enfant qui naîtra en février, elle avoue songer à l’envoyer en CPE pour payer moins cher.  

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Plus de la moitié des enfants de Rouge Coccinelle sont toujours inscrits sur le guichet unique La Place 0-5 en vue de se trouver une place en milieu subventionné, révèle d’ailleurs un questionnaire maison distribué aux parents et que Le Journal a pu consulter.

La directrice, Karine Dubé, et le proprio, Joël Gosselin.
La directrice, Karine Dubé, et le proprio, Joël Gosselin. Photo Martin Chevalier

 

Même avant son ouverture en 2014, la direction a essayé de faire de Rouge Coccinelle une garderie subventionnée, en vain. « On a tout tenté », assure la directrice Karine Dubé.

Appels de projets, lettres aux élus, pétitions de parents : le dossier remis au Journal a un pouce d’épaisseur. 

De son côté, le cabinet du ministre de la Famille explique attendre les conclusions d’un projet pilote de conversion de garderies privées en places subventionnées, indique Antoine de La Durantaye.  

Pas la seule

On dénombrerait actuellement cinq ou six autres garderies privées qui risqueraient la fermeture pour des raisons semblables, et une trentaine qui auraient déjà fermé cette année, estime Marie-Claude Collin, Coalition des garderies privées non subventionnées du Québec. 

C’est le cas de la garderie Les Mini Explorateurs, à Matane, qui a fermé en octobre en raison de l’ouverture d’un CPE voisin. 

Selon Mme Collin, le gouvernement jette de la poudre aux yeux du public en créant des places qui, du même coup, font disparaître des garderies existantes.

Guylaine Benoît, directrice du CPE Bouton de Rose, se veut toutefois rassurante. Avec les 338 enfants qui sont en attente d’une place sur sa liste, elle croit que la demande est assez forte pour combler les deux établissements. 

De plus, le gouvernement a annoncé cet automne une bonification du crédit d’impôt pour frais de garde, ce qui permettra à bon nombre de parents de payer un tarif s’approchant des 8,50 $.

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