Gagnant du trophée Calder, Lane Hutson est enfin respecté à sa juste valeur

Jonathan Bernier
Que Lane Hutson affiche autant de modestie n’a rien de surprenant. C’est le lot des athlètes qui doivent trimer dur à toutes les étapes de leur carrière, à qui on ne donne rien de gratuit.
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Dans le cas d’Hutson, toutefois, ce n’était pas une question de talent. Celui-ci était indéniable. Néanmoins, partout où il est passé, on a remis en question son gabarit. Allait-il être suffisamment fort physiquement pour passer au prochain niveau?
Les collègues présents au Combine à Buffalo en 2022 se souviendront que le jeune Hutson, du haut de ses 5 pieds et 8 pouces, se promenait avec un dossier médical contenant les radiographies de ses plaques de croissance pour prouver aux équipes qu’il allait encore grandir.
Malgré tout, 16 d’entre elles ont refusé de le rencontrer. Et dans le camp du Canadien, il a fallu qu’Eric Crawford mette son poing sur la table pour convaincre les décideurs de l’équipe de le sélectionner.

Trois ans plus tard, Hutson a gagné à peine un pouce et demi. Peut-être deux. Un monde de différence dans un univers où la moyenne des ours mesurent 6 pieds 2 pouces.
Mais ce qu’il a surtout gagné, c’est le respect. Celui de ses coéquipiers et celui de ses adversaires. Par son éthique de travail, d’abord, par ses habiletés ensuite.
Comment ne pas aimer un coéquipier qui se tue constamment à l’ouvrage? Comment ne pas suivre l’exemple d’une recrue qui, même les jours de congé, saute sur la patinoire pour améliorer son tir, parfaire son coup de patin et peaufiner son maniement de rondelle?
Le même rythme jusqu’à la fin
C’est le genre de joueurs qui permet d’instaurer le type de culture que Kent Hughes, Jeff Gorton et Martin St-Louis veulent établir à Montréal. D’ailleurs, ce n’est pas surprenant qu’il ait convaincu St-Louis, dès le quart de la saison, de lui offrir un poste sur la première unité d’attaque massive.
Cette éthique de travail, c’est entre autres ce qui lui a permis, une fois de plus, de déjouer les pronostics. Même s’il avait démontré de belles aptitudes au cours des deux matchs qu’il a disputés à la toute fin de la saison 2023-2024, personne n’aurait pu prédire une éclosion aussi rapide.
Pas avec les exigences d’un éreintant calendrier de 82 matchs, pas à 20 ans, pas contre des hommes, et surtout pas avec son gabarit de jockey de derby du Kentucky.
Et pourtant.
Non seulement il l’a fait, mais il a été capable de maintenir le rythme jusqu’à la fin du calendrier. Il a récolté 17 points dans chacune des deux dernières tranches de 20 matchs de la saison, même si dans le dernier droit, le jeu devient plus serré et plus intense. Il a continué d’amasser des points, même si les formations rivales avaient désormais des vidéos de ses tendances et même si on courait après lui.
Les doutes dissipés?
Par ailleurs, le fait qu’il ait gagné par une aussi grande marge démontre qu’il a retenu l’attention aux quatre coins du circuit. Autant, à Montréal, on n’a d’yeux que pour le Canadien, autant dans l’Ouest du pays, ça peut être la même chose à Calgary, où Dustin Wolf, des Flames, semblait le plus sérieux rival du défenseur.
Or, ça n’a même pas passé proche d’être serré. Hutson a récolté 165 des 191 votes de première place déposés par les membres de l’Association professionnelle des journalistes de hockey. Un scrutin réparti équitablement dans les 32 marchés de la LNH pour éviter une possible surreprésentation.
Ça prouve le cachet exceptionnel de sa saison et ça permet d’espérer qu’il a peut-être enfin réussi à dissiper, une fois pour toutes, tous les doutes à son endroit.
| Joueur | Position | Saison |
|---|---|---|
| Lane Hutson | D | 2024-2025 |
| Ken Dryden | G | 1971-1972 |
| Jacques Laperrière | D | 1963-1964 |
| Bobby Rousseau | AD | 1961-1962 |
| Ralph Backstrom | C | 1958-1959 |
| Bernard «Boom Boom» Geoffrion | AD | 1951-1952 |
| Johnny Quilty | C | 1940-1941 |