Fusillade au Texas: ces Américains pro-vie


Luc Laliberté
Peu importe où vous cherchez une définition de pro-vie, vous dégagerez deux grands objectifs du mouvement: restreindre le droit à l’avortement et s’opposer à l’euthanasie.
Au plan personnel, je ne partage pas cette philosophie, mais je respecte ceux et celles qui disent préserver à leur manière un droit sacré à la vie. Là où je réagis vigoureusement, c’est que ce droit à la vie ne semble être primordial qu’au moment de la conception ou de la mort des individus.
Hier, la petite localité d’Uvalde au Texas a été le théâtre de la 27e fusillade dans une école en 2022. Le tueur? Un ancien étudiant de l’école qui s’était procuré deux fusils AR-15 pour son 18e anniversaire. Encore un individu dont on avait constaté la dérive depuis deux ou trois ans.
Comme d’habitude, les médias s’emparent de l’histoire et relaient les témoignages de la communauté et des familles éplorées. Des images et des entrevues qui ne diffèrent guère de celles qui ont suivi Colombine, Newtown ou Parkland.
- Écoutez l'édito de Luc Laliberté à l'émission de Geneviève Pettersen diffusée chaque jour en direct 13 h via QUB radio :
Des solutions?
Malgré les répétitions et la hausse des incidents, le Congrès reste sourd aux appels d’un meilleur contrôle des armes. Il s’en trouve même pour suggérer qu’on fasse entrer les armes dans les écoles.
Je ne connais pas d’enseignants qui souhaitent jouer du pistolet, et les fonds publics seraient mieux investis si on finançait adéquatement l’éducation et qu’on payait décemment le personnel, qui doit parfois cumuler les emplois pour boucler le budget.
Même en imaginant qu’introduire des armes soit une bonne idée, ce que les études n’appuient pas, il s’agit d'une solution à court terme qui contourne le véritable problème.
Les États-Unis se dirigent vers un nombre record de tueries, de crimes haineux et de fusillades dans les écoles. Le droit à la vie ne serait-il qu’une responsabilité individuelle pour la période qui sépare la naissance de la mort? Une logique meurtrière qu’on ne retrouve nulle part ailleurs.
Le droit à la vie, mais laquelle?
Autre paradoxe de ceux qui agitent le droit à la vie: quel soutien offre-t-on aux femmes à qui on retire le choix de l’avortement? Déjà en avril dernier j’écrivais que le taux de morts évitables des femmes américaines est le plus élevé de tous les pays riches et qu’il en va de même pour le taux de mortalité maternelle.
Lorsqu’il est question de santé féminine aux États-Unis, la problématique de l’accès à des soins de santé et des suivis est affligeante.
Je voudrais bien moi aussi me revendiquer de l’étiquette pro-vie, mais la définition du mouvement est trop restrictive. Je serais pro-vie si on s’employait tout le temps à protéger toutes les vies.
Un minimum de décence consisterait à assurer un meilleur soutien aux familles et à éviter que les enfants ne risquent leur vie ou qu’ils aient peur en entrant dans le lieu où on cherche à leur transmettre connaissances et valeurs citoyennes.