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L'article provient de Le Journal de Québec
Monde

Des morts évitables pour les femmes américaines

Photo stock.adobe.com (blackday)
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Photo portrait de Luc Laliberté

Luc Laliberté

2022-04-06T16:00:00Z
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Vous êtes de gauche ou de droite? Vous favorisez des services de santé privés ou publics? Vous jugez que, dans la vie, chacun fait sa chance ou vous considérez plutôt que l’État doit parfois donner un coup de pouce?

Peu importe votre orientation, je vous propose aujourd’hui quelques faits troublants. Le taux de morts évitables des femmes américaines est le plus élevé de tous les pays riches. Il en va de même pour le taux de mortalité maternelle. Dans ce dernier cas, l’écart est choquant, le taux étant jusqu’à trois fois supérieur à celui des pays qui apparaissent au second rang.

Ces données figurent dans le plus récent rapport du Commonwealth Fund, fondation privée dont l’objectif est de promouvoir des soins de santé accessibles et de qualité au plus grand nombre. Les États-Unis se retrouvent au dernier rang dans presque toutes les catégories recensées.

Le paradoxe américain

Il me semble gênant, ou à tout le moins paradoxal, qu’un pays où de nombreux États limitent le recours à l’avortement ne soit pas en mesure d’offrir de meilleurs services aux femmes enceintes.

Non seulement plus de femmes enceintes meurent aux États-Unis, mais le pourcentage de femmes qui sont victimes de complications pendant la grossesse y est aussi plus élevé qu’ailleurs.

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Ces données affligeantes constituent un indicateur fiable des déficiences de tout un système en matière de santé féminine. Parmi les autres données inquiétantes, j’attire votre attention sur le fait que 49% des femmes américaines ont reconnu avoir reporté des soins ou des suivis médicaux en 2021. Pourquoi? Parce que les coûts sont trop élevés.

C’est également aux États-Unis qu’on retrouve le plus fort pourcentage de femmes, 20%, devant composer avec des affections chroniques. On évoque deux à trois affections pour plusieurs de ces femmes.

  • Écoutez l'édito de Luc Laliberté à l'émission de Geneviève Pettersen diffusée chaque jour en direct 13 h via QUB radio :

Pire dans les zones rurales et pour les femmes noires

Le rapport de la fondation ne s’est pas attardé qu’aux statistiques d’ensemble. On y découpe la population en segments de manière à dégager des indicateurs plus précis.

Ce sont les femmes des zones rurales et les femmes noires qui vivent les situations les plus pénibles. Que ce soit en raison de l’absence de cliniques ou à cause des sommes exigées, l’accès est problématique.

Dernier volet sombre, celui de la prévention. La formation du personnel médical accorderait trop peu d’attention aux besoins spécifiques des femmes et aux réalités de certains groupes ethniques.

Les médias américains ont souligné hier les retrouvailles de Joe Biden et Barack Obama à la Maison-Blanche. Le prétexte était le douzième anniversaire de l’Affordable Care Act, la réforme des soins de santé mieux connue sous le nom d’«Obamacare».

À l’heure où Joe Biden est forcé d’abandonner plusieurs de ses réformes sociales et tente désespérément de refermer certaines brèches d’Obamacare, le rapport du Commonwealth Fund devrait suffire à nous convaincre que, sur ce plan du moins, les élus devraient avoir la décence de mieux soutenir les Américaines.

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