Frontière Québec–É.-U.: le chef de la patrouille veut une route et une barrière
Il est convaincu que le nombre de traversées finira par recommencer à augmenter


Nora T. Lamontagne
SWANTON, VT | Le chef de la plus importante patrouille frontalière entre les États-Unis et le Québec rêve d’une route et d’une barrière qui longeraient notre frontière commune, semblables à ce qui existe au Mexique depuis des années.
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«Il faut commencer à s’inspirer des solutions qui sont déjà en place à notre frontière sud», soutient Robert Garcia, qui a accordé une rare entrevue à notre Bureau d’enquête il y a une semaine.
Natif du Texas, ce dernier est responsable du secteur de Swanton, qui s’étend sur 475 kilomètres vis-à-vis du Québec et d’un petit bout de l’Ontario.
Un petit choc
Habitué aux espaces désertiques et aux infrastructures de la frontière avec le Mexique, Robert Garcia avoue avoir été légèrement désorienté en prenant ses fonctions à Swanton, en 2015.
Au nord, pas de mur de 9 mètres de haut, ni de clôtures barbelées, ni même de route parallèle à la frontière pour pouvoir patrouiller facilement.

«C’était considérablement différent de ce à quoi j’étais habitué», se rappelle le chef, vêtu de son uniforme vert.
Malgré leurs moyens moindres, les agents frontaliers de Swanton ont effectué plus de 19 000 interceptions en 2023-2024, un record pour la région.
Si la tendance est à la baisse depuis l’été dernier, 30 ans de carrière ont convaincu le chef Garcia que ce n’était qu’une question de temps avant que le flux reprenne.
D’où l’importance, à son avis, d’investir dans des infrastructures «fondamentales» qui font défaut au nord, comme une barrière.
Dans les derniers mois, Donald Trump et son vice-président se sont d’ailleurs plaints de la porosité de la frontière canadienne, notamment en lien avec le trafic de stupéfiants.
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Se voulant rassurant, Robert Garcia écarte cependant l’idée de construire un mur pour arrêter les migrants comme celui imaginé par le président américain.
«Je pense plutôt aux barrières sur le bord des autoroutes, au moins pour empêcher les véhicules de traverser la frontière illégalement», décrit-il.
Comme nous le rapportions plus tôt cette semaine, les passeurs sont de plus en plus nombreux à utiliser cette méthode pour déplacer des migrants du Canada vers les États-Unis.
Drones et caméras
Le chef de la patrouille de Swanton voudrait aussi d’une route le long de la frontière, mais le terrain accidenté du Vermont et de l’État de New York compliquerait le projet.

En attendant, Robert Garcia et ses troupes se rabattent sur un éventail de technologies: drones, tours de surveillance, capteurs enterrés dans le sol, caméras cachées...
Bien qu’il salue les investissements de 1,3 milliard du Canada pour améliorer la sécurité à la frontière dans les prochaines années, beaucoup reste à faire.
Le réseau cellulaire est notamment inopérable sur plusieurs kilomètres des deux côtés de la frontière, compromettant le travail des agents et parfois la sécurité des migrants.
«Notre frontière n’a pas les ressources du Sud, et les groupes criminels le savent très bien. Ils ne se gênent pas pour exploiter toutes nos vulnérabilités», laisse-t-il tomber.
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