[PHOTOS] «Les passeurs trouvent toujours un autre endroit»: des dizaines de traversées illégales en voiture du Canada vers les États-Unis
Notre Bureau d’enquête a constaté les efforts des Américains pour stopper ce nouveau phénomène


Nora T. Lamontagne
RICHFORD, VT | Les Américains tentent par tous les moyens de bloquer la route des passeurs de migrants venus du Québec, qui ont traversé illégalement la frontière hors des sentiers battus à bord d’un véhicule par dizaines l'an dernier.
Au bout d’une petite route reculée du Vermont, l’agent de la patrouille frontalière américaine Bryan Dyke s’arrête pour nous montrer une longue rangée d’imposantes roches en bordure d’un champ.

Les autorités américaines les ont récemment disposées à cet endroit précis pour barrer la route aux passeurs – et aux migrants – qui souhaitent échapper aux autorités.
En 2023-2024, les Américains ont recensé un total de 172 incursions à bord de véhicules en provenance du Canada dans le secteur de Swanton, qui borde le Québec et un peu de l’Ontario.

De toute la frontière américaine avec le Mexique et le Canada, c'est même l’endroit où cette méthode est devenue la plus populaire.
Selon Bryan Dyke, responsable de la station frontalière de Richford, elle est particulièrement prisée des Roumains et des «Irish Travellers», un groupe de nomades irlandais.

Très pratique
«Les traversées en véhicule sont mieux, d’un point de vue logistique. C’est vraiment rapide pour s’enfuir, les passeurs peuvent tout de suite prendre la route», explique-t-il.

Le relief de Swanton, avec ses vallons, ses boisés, ses champs, ses multiples chemins de campagne et sa faible densité de population, rend leur tâche encore plus facile.
Wayne Hurtubise en sait quelque chose.
• Écoutez aussi cet épisode balado tiré de l'émission de Mario Dumont, diffusée sur les plateformes QUB et simultanément sur le 99.5 FM Montréal :
Des blocs de ciment
«Ça va, les gars? Vous n’avez pas l’air d’immigrants irlandais!» s’exclame-t-il en nous apercevant nous arrêter chez lui.

Ce producteur laitier du Vermont possède un vaste terrain qui s’étend des deux côtés de la frontière, près de la petite ville de Richford.
Au cours de la dernière année, deux camionnettes y sont restées coincées dans un fossé en essayant de traverser clandestinement la frontière, malgré deux blocs de ciment.
«Ils ont pensé qu’ils pourraient défoncer la clôture en fil de fer de mon pâturage à la place. Devinez quoi, ça n’a pas marché», raconte en anglais l’Américain, bien assis sur son quatre-roues.

Peu après, la patrouille américaine a rajouté une rangée de roches à ses frais, le long de sa propriété. Plus personne n’a essayé de passer en voiture depuis.

«On installe de plus en plus ce genre de barrières, mais les passeurs trouvent toujours un autre endroit», commente Bryan Dyke.
Une question de temps
Le nombre d’entrées illégales aux États-Unis – à pied et en voiture – est néanmoins en chute libre depuis l’élection de Donald Trump, en novembre.

Cela se ressent aussi au nord de la frontière, où l’on ne compte que quelques dizaines d’arrestations par mois, après des records de 3300 en juin dernier.
Bryan Dyke, lui, garde l’œil ouvert en patrouillant les routes de l’arrière-pays du Vermont qu’il connaît par cœur.

«Je pense que les réseaux criminels sont en train d’évaluer leurs options. Ils vont revenir en force, c’est sûr. Il y a trop d’argent à faire pour qu’ils s’en privent.»



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