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L'article provient de TVA Nouvelles
Monde

[PHOTOS] «Les passeurs trouvent toujours un autre endroit»: des dizaines de traversées illégales en voiture du Canada vers les États-Unis

Notre Bureau d’enquête a constaté les efforts des Américains pour stopper ce nouveau phénomène

Wayne Hurtubise, un producteur laitier du nord du Vermont, a eu la surprise de voir deux camionnettes s’enliser dans un fossé sur son terrain en juin 2024. Les passeurs tentaient de traverser la frontière illégalement.
Wayne Hurtubise, un producteur laitier du nord du Vermont, a eu la surprise de voir deux camionnettes s’enliser dans un fossé sur son terrain en juin 2024. Les passeurs tentaient de traverser la frontière illégalement. PHOTO FOURNIE PAR WAYNE HURTUBISE
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Photo portrait de Nora T. Lamontagne

Nora T. Lamontagne

2025-06-04T04:00:00Z
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RICHFORD, VT | Les Américains tentent par tous les moyens de bloquer la route des passeurs de migrants venus du Québec, qui ont traversé illégalement la frontière hors des sentiers battus à bord d’un véhicule par dizaines l'an dernier.

Au bout d’une petite route reculée du Vermont, l’agent de la patrouille frontalière américaine Bryan Dyke s’arrête pour nous montrer une longue rangée d’imposantes roches en bordure d’un champ.

Cette rangée de roches près de la frontière entre le Québec et le Vermont a été installée pour dissuader les passeurs de traverser en véhicule. Une première version de la barrière était trop basse et a dû être remplacée.
Cette rangée de roches près de la frontière entre le Québec et le Vermont a été installée pour dissuader les passeurs de traverser en véhicule. Une première version de la barrière était trop basse et a dû être remplacée. Photo Agence QMI, JOEL LEMAY

Les autorités américaines les ont récemment disposées à cet endroit précis pour barrer la route aux passeurs – et aux migrants – qui souhaitent échapper aux autorités.

En 2023-2024, les Américains ont recensé un total de 172 incursions à bord de véhicules en provenance du Canada dans le secteur de Swanton, qui borde le Québec et un peu de l’Ontario.

Un passeur de migrants a foncé sur ces blocs de ciment qui délimitent la frontière près de Noyan, en Montérégie, à la mi-juillet 2024.
Un passeur de migrants a foncé sur ces blocs de ciment qui délimitent la frontière près de Noyan, en Montérégie, à la mi-juillet 2024. PHOTO FOURNIE PAR SWANTON SECTOR BORDER PATROL

De toute la frontière américaine avec le Mexique et le Canada, c'est même l’endroit où cette méthode est devenue la plus populaire.

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Selon Bryan Dyke, responsable de la station frontalière de Richford, elle est particulièrement prisée des Roumains et des «Irish Travellers», un groupe de nomades irlandais.

Pas moins de 16 personnes étaient à bord de cette camionnette qui roulait sur le chemin de fer entre le Canada et les États-Unis en avril 2024, près de Fort Covington, dans l’État de New York.
Pas moins de 16 personnes étaient à bord de cette camionnette qui roulait sur le chemin de fer entre le Canada et les États-Unis en avril 2024, près de Fort Covington, dans l’État de New York. PHOTO FOURNIE PAR SWANTON SECTOR BORDER PATROL

Très pratique

«Les traversées en véhicule sont mieux, d’un point de vue logistique. C’est vraiment rapide pour s’enfuir, les passeurs peuvent tout de suite prendre la route», explique-t-il.

Bryan Dyke, agent de la patrouille frontalière responsable de la station de Richford, au Vermont, a fait visiter à notre Bureau d’enquête plusieurs passages utilisés par les migrants pour traverser la frontière clandestinement.
Bryan Dyke, agent de la patrouille frontalière responsable de la station de Richford, au Vermont, a fait visiter à notre Bureau d’enquête plusieurs passages utilisés par les migrants pour traverser la frontière clandestinement. Photo Agence QMI, JOEL LEMAY

Le relief de Swanton, avec ses vallons, ses boisés, ses champs, ses multiples chemins de campagne et sa faible densité de population, rend leur tâche encore plus facile.

Wayne Hurtubise en sait quelque chose.

• Écoutez aussi cet épisode balado tiré de l'émission de Mario Dumont, diffusée sur les plateformes QUB et simultanément sur le 99.5 FM Montréal :

Des blocs de ciment

«Ça va, les gars? Vous n’avez pas l’air d’immigrants irlandais!» s’exclame-t-il en nous apercevant nous arrêter chez lui.

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Wayne Hurtubise est un producteur laitier dont la propriété se trouve à cheval sur la frontière entre le Canada et les États-Unis, au Vermont. Il voit régulièrement des migrants s’aventurer sur son terrain.
Wayne Hurtubise est un producteur laitier dont la propriété se trouve à cheval sur la frontière entre le Canada et les États-Unis, au Vermont. Il voit régulièrement des migrants s’aventurer sur son terrain. Photo Agence QMI, JOEL LEMAY

Ce producteur laitier du Vermont possède un vaste terrain qui s’étend des deux côtés de la frontière, près de la petite ville de Richford.

Au cours de la dernière année, deux camionnettes y sont restées coincées dans un fossé en essayant de traverser clandestinement la frontière, malgré deux blocs de ciment.

«Ils ont pensé qu’ils pourraient défoncer la clôture en fil de fer de mon pâturage à la place. Devinez quoi, ça n’a pas marché», raconte en anglais l’Américain, bien assis sur son quatre-roues.

Cette camionnette est restée enlisée sur le terrain de Wayne Hurtubise l’été dernier. Cinq migrants se trouvaient à bord.
Cette camionnette est restée enlisée sur le terrain de Wayne Hurtubise l’été dernier. Cinq migrants se trouvaient à bord. PHOTO FOURNIE PAR SWANTON SECTOR BORDER PATROL

Peu après, la patrouille américaine a rajouté une rangée de roches à ses frais, le long de sa propriété. Plus personne n’a essayé de passer en voiture depuis.

La patrouille frontalière américaine a installé une rangée de roches pour compliquer la vie des passeurs qui traversent illégalement à bord d’un véhicule.
La patrouille frontalière américaine a installé une rangée de roches pour compliquer la vie des passeurs qui traversent illégalement à bord d’un véhicule. Photo Agence QMI, JOEL LEMAY

«On installe de plus en plus ce genre de barrières, mais les passeurs trouvent toujours un autre endroit», commente Bryan Dyke.

Une question de temps

Le nombre d’entrées illégales aux États-Unis – à pied et en voiture – est néanmoins en chute libre depuis l’élection de Donald Trump, en novembre.

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Au quartier général de la station de Richford, un mur est décoré d’animaux qui sont passés devant les caméras de surveillance de la patrouille frontalière.
Au quartier général de la station de Richford, un mur est décoré d’animaux qui sont passés devant les caméras de surveillance de la patrouille frontalière. Photo Agence QMI, JOEL LEMAY

Cela se ressent aussi au nord de la frontière, où l’on ne compte que quelques dizaines d’arrestations par mois, après des records de 3300 en juin dernier.

Bryan Dyke, lui, garde l’œil ouvert en patrouillant les routes de l’arrière-pays du Vermont qu’il connaît par cœur.

Cette pancarte accueille les «voisins du Nord» qui traversent la frontière entre le Canada et les États-Unis en passant par le poste frontalier de Morses Line, au Vermont.
Cette pancarte accueille les «voisins du Nord» qui traversent la frontière entre le Canada et les États-Unis en passant par le poste frontalier de Morses Line, au Vermont. Photo Agence QMI, JOEL LEMAY

«Je pense que les réseaux criminels sont en train d’évaluer leurs options. Ils vont revenir en force, c’est sûr. Il y a trop d’argent à faire pour qu’ils s’en privent.»

Un propriétaire terrien utilise la barrière de pierre des Border Patrols pour corder son bois de chauffage au Vermont.
Un propriétaire terrien utilise la barrière de pierre des Border Patrols pour corder son bois de chauffage au Vermont. Photo Agence QMI, JOEL LEMAY

Une autre camionnette s’est aventurée sur le chemin de fer pour traverser la frontière près de Alburgh, au Vermont, en septembre dernier. Ses occupants n’ont pas pu être rattrapés.
Une autre camionnette s’est aventurée sur le chemin de fer pour traverser la frontière près de Alburgh, au Vermont, en septembre dernier. Ses occupants n’ont pas pu être rattrapés. PHOTO FOURNIE PAR SWANTON SECTOR BORDER PATROL

La Gendarmerie royale du Canada a récemment installé des dispositifs sur le chemin de fer près de Dundee, en Montérégie, pour empêcher les véhicules de traverser illégalement la frontière. Elle n’avait pas de chiffres à communiquer sur le nombre total de véhicules interceptés en provenance des États-Unis.
La Gendarmerie royale du Canada a récemment installé des dispositifs sur le chemin de fer près de Dundee, en Montérégie, pour empêcher les véhicules de traverser illégalement la frontière. Elle n’avait pas de chiffres à communiquer sur le nombre total de véhicules interceptés en provenance des États-Unis. PHOTO FOURNIE PAR LA GRC

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