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L'article provient de Le Journal de Montréal
Monde

Procès de l’ex-anesthésiste accusé de 30 empoisonnements: Frédéric Péchier condamné à la prison à perpétuité

AFP
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2025-12-18T11:11:23Z
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Un anesthésiste français reconnu coupable de 30 empoisonnements de patients lors d'opérations, dont 12 sont morts a été condamné jeudi à la prison à perpétuité, comme demandé par le parquet qui a évoqué «l'un des plus grands criminels de l'histoire». 

• À lire aussi: Procès de l’ex-anesthésiste accusé de 30 empoisonnements: «Je ne suis pas un empoisonneur», clame-t-il

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La cour d'assises du Doubs a assorti la peine d'une période de sûreté de 22 ans. «Vous allez être incarcéré immédiatement», a indiqué la présidente de la cour, Delphine Thibierge.

Frédéric Péchier, 53 ans, dont les avocats ont annoncé vouloir faire appel, n'avait jamais été détenu depuis le début de l'enquête en 2017.

Le parquet lui avait reproché au moment du réquisitoire d'avoir «utilisé la médecine pour tuer».

Son avocat Randall Schwerdorffer avait demandé à la cour de l'acquitter «purement et simplement», faute de preuves irréfutables.

Le médecin est resté impassible, le regard fixe, le visage fermé à l'annonce du verdict.

Ses filles, en larmes, sont sorties de la salle.

L'ensemble de la famille de l'anesthésiste, qui l'a soutenu sans faille, était présente pour le soutenir ce jeudi matin, dans une salle comble.

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Pour chacun des 30 cas pour lesquels Frédéric Péchier était poursuivi, les six jurés et les trois magistrats professionnels ont dû dire si Frédéric Péchier était coupable ou innocent.

Les faits ont été commis entre 2008 et 2017 dans deux cliniques privées de Besançon, sur des patients âgés de 4 à 89 ans.

«Je ne suis pas un empoisonneur»

Ce verdict survient après 15 semaines d'audience denses, parfois techniques et souvent poignantes.

Lorsque la parole lui a été donnée une dernière fois lundi, au dernier jour de ce long procès, Frédéric Péchier a à nouveau clamé son innocence, une position dont il n'a jamais varié. «Je ne suis pas un empoisonneur», a-t-il affirmé.

Selon l'accusation, le praticien a pollué des poches de perfusion avec du potassium, des anesthésiques locaux, de l'adrénaline ou encore de l'héparine, pour provoquer un arrêt cardiaque ou des hémorragies chez des patients pris en charge par des confrères.

Il cherchait ainsi à nuire et «atteindre psychologiquement» des soignants avec lesquels il était en conflit pour «nourrir sa soif de puissance», selon le parquet.

Pour l'avocate générale Christine de Curraize, l'objectif du Dr Péchier, à chaque empoisonnement, était d'«assister à la débâcle de son confrère piégé, jouir de son impuissance» avant d'entrer en jeu pour tenter de réanimer les patients et d'être ce «médecin que tout le monde admirait».

Pour elle cependant, la participation de Frédéric Péchier à la réanimation des victimes «n'avait qu'un but: masquer ses crimes».

Après avoir réfuté cette thèse pendant l'instruction, Frédéric Péchier a admis, après l'ouverture du procès, qu'un empoisonneur avait bien sévi dans l'une des deux cliniques privées où il a travaillé. Mais il a constamment répété que ce n'était pas lui.

Le procès a alterné témoignages déchirants de victimes et échanges tendus avec un accusé décrit tantôt comme un tueur en série dénué d'empathie, tantôt comme un «homme détruit».

Cassant et inflexible lors des interrogatoires, l'accusé a versé des larmes le 5 décembre en évoquant sa tentative de suicide en 2021.

Selon son avocat Randall Schwerdorffer, l'anesthésiste «avait sous-estimé la difficulté de ce procès. Il était persuadé que les jurés seraient très rapidement convaincus de son innocence».

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