France: le nouveau Nobel d'économie appelle à éviter le «danger» de l'extrême droite

L’un des lauréats du nouveau prix Nobel d’économie, le Français Philippe Aghion, a appelé mardi à éviter le «danger de l’arrivée» de l’extrême droite au pouvoir en France, exhortant le gouvernement à suspendre la réforme des retraites, condition exigée par les socialistes pour ne pas voter une motion de censure.

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«Je ne veux pas de l’arrivée du Rassemblement national en France», a déclaré sur la radio France Inter M. Aghion, à propos du parti d’extrême droite qui dispose du groupe parlementaire le plus important à l’Assemblée nationale.

«Je ne veux pas d’instabilité politique à laquelle conduirait une nouvelle censure, donc je pense que c’est un prix modique à payer», a martelé l’économiste français, récompensé lundi par le prestigieux prix Nobel avec l’Américano-Israélien Joël Mokyr, et le Canadien Peter Howitt pour leurs travaux sur l’impact de l’innovation sur la croissance économique.

En pleine crise politique, le premier ministre Sébastien Lecornu, reconduit vendredi soir par le président Emmanuel Macron quelques jours après avoir démissionné, prononcera son discours de politique générale devant l'Assemblée mardi après-midi.

À cette occasion, il doit présenter les grandes lignes de son projet de budget 2026, qui avait fait tomber son prédécesseur François Bayrou, ainsi qu’une possible suspension de la réforme des retraites votée en 2023, une condition sine qua non pour les socialistes.

«J’espère que les socialistes vont réaliser que c’est une grande concession» et que leur parti «va dire: "l’interruption d’horloge, je prends, parce que je sauve le pays du danger de l’arrivée du Rassemblement national"», a poursuivi Philippe Aghion qui, lundi soir, avait déjà demandé à ce que la réforme des retraites soit «stoppée» jusqu’à la prochaine élection présidentielle, prévue en 2027.

L’objectif du gouvernement Lecornu II est de garder le déficit de la France en dessous des 5% du PIB, au lieu de 4,7% initialement prévu, un assouplissement qui laisse une marge de 9 milliards d’euros pour éventuellement satisfaire les demandes des oppositions.

Selon le gouvernement, une suspension immédiate de la réforme des retraites, mesure qui fracture le camp présidentiel et rebute la droite comme le patronat, coûterait au moins 3 milliards d’euros en 2027.

«Le coût de l’instabilité, notamment en termes de flambée des taux d’intérêt, serait beaucoup plus grand que ce que je dépense en faisant ça», a encore dit M. Aghion en évoquant une potentielle suspension de la réforme. «Je n’hésite pas une seconde», a-t-il poursuivi.