Crise politique en France: le nouveau gouvernement entre en fonction, mais pour combien de temps?
AFP
Le deuxième gouvernement de Sébastien Lecornu entre en fonction lundi en France, mêlant ministres politiques et techniciens, avec l'objectif d'éviter une censure possible dès cette semaine et de déposer un projet de budget dans les temps.
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Après des passations de pouvoir sobres, sans presse, sans invités et en intérieur, le premier ministre réunira ses nouveaux ministres à 12 h 30. Leur priorité sera de donner un budget à la France d'ici la fin de l'année, et d'essayer d'extraire le pays d'une crise politique inédite.
Démissionnaire en début de semaine dernière, reconduit vendredi par le président Emmanuel Macron, Sébastien Lecornu est sur une corde raide.
Au moins deux partis d'opposition, LFI (gauche radicale) et le Rassemblement National (extrême droite), se sont engagés à le faire tomber et il ne doit ses espoirs de survie qu'au Parti socialiste, avec lequel il tente de s'accorder, notamment sur la réforme des retraites.
Un premier conseil des ministres doit se tenir mardi matin, au retour d'Emmanuel Macron d'un déplacement en Égypte où il participe au sommet sur Gaza. Sébastien Lecornu devrait y présenter son projet de budget pour qu'il puisse être transmis dans la journée au Parlement et y être débattu dans les temps impartis. La Constitution française prévoit que le Parlement dispose de 70 jours pour l'examiner et l'adopter avant le 31 décembre.
Épreuve de vérité
Mais l'épreuve de vérité aura lieu dès mardi après-midi avec la déclaration de politique générale du premier ministre à l'Assemblée nationale.
Depuis l'Égypte, Emmanuel Macron a appelé lundi les forces politiques à «œuvrer à la stabilité» et non à «faire des paris sur l'instabilité» dans une allusion à ceux qui espèrent une dissolution de l'Assemblée ou une présidentielle anticipée.
Lors sa réunion avec les chefs de partis vendredi, le chef de l'État avait évoqué pour la première fois un décalage dans le temps de «la mesure d'âge» de départ à la retraite, avec un passage progressif à 64 ans, symbole de son deuxième quinquennat.
Insuffisant a priori pour le groupe socialiste, seul capable de sauver le nouveau gouvernement, et qui a placé la barre plus haut, en exigeant entre autres, «une suspension immédiate et complète» de la réforme.
Alors que le deuxième mandat d'Emmanuel Macron a vu se succéder un nombre record de personnalités au gouvernement sous la Ve République, le nouvel exécutif de 34 ministres, beaucoup moins resserré qu'annoncé et avec une espérance de vie limitée, risque fort d'aggraver le score.
«Ne déballez pas trop vite vos cartons, la censure arrive», a écrit sur X la cheffe du groupe insoumis (gauche radicale) à l'Assemblée, Mathilde Panot. Le gouvernement «va évidemment tomber», a renchéri le chef de LFI Jean-Luc Mélenchon lundi, estimant que les socialistes allaient voter la motion de censure déposée dans la matinée par son groupe.
Marine Le Pen, du Rassemblement national (RN, extrême droite), a annoncé le dépôt d'une motion de censure dès lundi, et votera celle de LFI. Le président du parti, Jordan Bardella, s'en prenant à des socialistes tentés «de se faire acheter» sur la réforme des retraites.
Si M. Lecornu devait démissionner à nouveau, la perspective d'une nouvelle dissolution de l'Assemblée nationale, réclamée notamment par l'extrême droite, pourrait se rapprocher.
Équipe renouvelée
Sébastien Lecornu a présenté dimanche soir une équipe composée de nouveaux visages, dont huit de la société civile et 26 issus de forces politiques, dont 11 du parti présidentiel Renaissance.
Mais les six ministres de droite ont été aussitôt exclus du parti Les Républicains (LR) de Bruno Retailleau qui avait donné pour consigne - contestée par les députés - de ne pas entrer dans l'équipe Lecornu 2.
Le préfet de police de Paris, Laurent Nuñez, succède à Bruno Retailleau au ministère de l'Intérieur. L'ancienne Première ministre Elisabeth Borne quitte le gouvernement, remplacée à son poste de ministre de l'Éducation par Edouard Geffray, un haut fonctionnaire de ce ministère.
Plusieurs ministres, déjà présents dans les précédents gouvernements de François Bayrou ou Michel Barnier, demeurent en place.
Moins attendu alors que Sébastien Lecornu ne souhaitait pas s'entourer de personnalités ayant des ambitions présidentielles, Gérald Darmanin a été renommé ministre de la Justice.