Fonctionnaires menacés: du porte-à-porte au Sénat pour protester contre Musk

AFP
Dans les couloirs du Sénat américain, quelques dizaines de manifestants font du porte-à-porte pour protester contre les coupes massives dans le gouvernement fédéral menées sous l'impulsion du multimilliardaire Elon Musk.
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«L'objectif est de se faire entendre», déclare Steve, 33 ans, qui, comme de nombreux employés fédéraux inquiets pour leur avenir, demande à ce que son nom complet n'apparaisse pas par crainte de représailles.
«Nous sommes Américains et nous faisons cela parce que nous croyons au service public», explique-t-il à l'AFP.
Des manifestations similaires se déroulent un peu partout dans la capitale américaine et ses environs, où travaillent des centaines de milliers d'agents fédéraux.
Elles s'inscrivent dans le cadre d'un mouvement de protestation croissant contre les réductions de personnel et de dépenses décidées par le principal lieutenant du président Donald Trump, Elon Musk.
La Maison-Blanche a demandé mercredi à l'ensemble des agences fédérales de se préparer à des licenciements massifs de fonctionnaires en «éliminant les postes qui ne sont pas nécessaires».
«C'est un mouvement qui vient de la base», dit Vera Zlidar, qui travaillait comme contractuelle pour l'Agence américaine pour le développement (USAID) avant son démantèlement quasi-total et qui a été mise au chômage technique.
S'il n'y a pas eu de manifestation d'ampleur comme lors de la première investiture du président Trump en 2017, la mobilisation s'intensifie à travers les réseaux sociaux notamment.
«Le travail que nous effectuons touche de très nombreuses facettes de la vie des gens», ajoute Vera Zlidar.
«Brutal»
Certains manifestent leur colère en démissionnant.
Une vingtaine de fonctionnaires intégrés aux effectifs pilotés par Elon Musk ont présenté leur démission collective mardi dans un courrier adressé à la Maison-Blanche.
Leur départ représente une réduction de près d'un tiers du personnel du Doge, la désormais célèbre commission pour l'efficacité gouvernementale supervisée par le patron de Tesla et SpaceX, à laquelle le président républicain a donné corps dès le jour de son investiture, le 20 janvier.
D'autres encore ont créé un site internet baptisé, «We Are the Builders» (Nous sommes les bâtisseurs), pour partager leurs histoires sur l'impact des actions du Doge, arguant que l'organisme paralyse les capacités des agences fédérales à fournir des services publics cruciaux.
Leur logo? Une clé plate et une cuillère, devenue le symbole de la protestation.
Une référence à un courriel de l'équipe de l'entrepreneur, intitulé «Fork in the Road» (une expression désignant une bifurcation, que l'on peut traduire littéralement par «une fourchette dans la route»), dans lequel les employés du gouvernement se sont vus proposer de partir avec huit mois de salaire ou de rester en prenant le risque d'être licenciés plus tard.
S'il est trop tôt pour connaître les répercussions de ces coupes dans le fonctionnement du gouvernement américain, elles ont plongé des milliers de fonctionnaires dans l'incertitude.
Le mois dernier a été «brutal», confie à l'AFP une employée du département du Trésor sous couvert d'anonymat. «Nous vivons tous les jours au bord du gouffre.»
Des dizaines de plaintes en justice ont été déposées contre les menaces ou les exigences de M. Musk, avec des résultats mitigés.
L'AFGE, le principal syndicat de fonctionnaires fédéraux, a promis de contester devant les tribunaux les licenciements, qu'il juge illégaux.
«Compassion»
Le malaise gagne jusqu'aux rangs du Parti républicain de M. Trump, qui contrôle à la fois la Chambre des représentants et le Sénat.
Le sénateur républicain John Curtis a ainsi exhorté Elon Musk à faire preuve de «compassion».
Plusieurs ministères dont le département d'Etat ont conseillé à leur personnel de ne pas répondre dans l'immédiat à un courriel demandant aux plus de deux millions de fonctionnaires fédéraux d'expliquer ce qu'ils avaient accompli au cours de la semaine écoulée.
Selon un sondage Washington Post-Ipsos en février, une majorité d'Américains disent s'opposer aux mesures prises par M. Trump pour licencier un grand nombre d'employés fédéraux.
Mais Elon Musk et la Maison-Blanche écartent ces inquiétudes.
Ainsi, l'homme le plus riche du monde a publié une série de messages sur sa plateforme X dénigrant le gouvernement fédéral et le «gâchis» des dépenses publiques.
Il a partagé des sondages réalisés par le comité d'action politique qu'il a fondé pour soutenir Donald Trump, soulignant que le Doge «est l'une des parties les plus populaires» du programme du président.