Fin des interpellations sans motif: «un jugement qui est le bon», dit Plante

Félix Lacerte-Gauthier | Agence QMI
Le profilage n’a pas sa place dans la société, a affirmé la mairesse de Montréal, Valérie Plante, donnant ainsi raison au jugement de la Cour supérieure rendu mardi, qui interdit aux policiers les interceptions routières sans motif.
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«Il n’y a pas de place dans la société pour le profilage. Tout le monde est d’accord qu’on n’en veut pas. C’est un jugement qu’on considère qui est le bon», a mentionné Mme Plante, mercredi, au cours d’une mêlée de presse.
Elle a également rappelé que le Service de police de la Ville de Montréal (SPVM) s’était déjà doté, en 2020, d’une politique sur les interpellations.
«Ça va avec le travail qui est déjà en cours avec le SPVM», a ajouté Mme Plante.
Mardi, la Cour supérieure a rendu un jugement qui interdit aux policiers de faire des interceptions sans motif, dénonçant également le profilage racial envers la communauté noire. Un délai de six mois a toutefois été accordé avant sa mise en application.
Ce pouvoir d’intercepter sans motif avait été accordé aux policiers par la Cour suprême en 1990.
Avocate et présidente de la Clinique juridique Saint-Michel, Nada Boumeftah estime qu’il s’agit d’un «pas en avant».
«C’est une décision qui est courageuse et historique. Ce n’est pas rien. On vient mettre noir sur blanc l’existence du profilage racial, de façon judiciaire. Ça fait maintenant jurisprudence», a-t-elle vulgarisé.
Elle espère maintenant que le jugement amènera une plus grande conscientisation sur le phénomène du profilage, tant du côté du public que de celui des policiers. Elle souhaite également que ça puisse contribuer à créer un lien de confiance entre les patrouilleurs et automobilistes.
Inquiétudes chez les policiers
L’Association des directeurs de police du Québec s’est inquiétée mercredi des conséquences qu’aura le jugement sur la sécurité routière, notamment dans les cas d’alcool au volant.
Un faux argument, selon Me Boumeftah. «Ce jugement-là ne vient pas empêcher les policiers de faire des barrages routiers, a-t-elle indiqué. Ce qu’on dit, c’est que vous ne pourrez plus intercepter quelqu’un parce que vous pensez quelque chose. Il faut que ce soit basé sur des motifs réels.»
Appelée à réagir, la Fraternité des policiers et policières de Montréal a indiqué qu’elle ne commentera pas le jugement.
De son côté, le SPVM indique qu’il prend acte du jugement et qu’il prendra le temps d’en «analyser la portée et son impact au niveau des interventions policières».
«Ceci étant dit, le SPVM tient à réitérer son engament à lutter contre toute forme de profilage racial», a mentionné par courriel la Division des communications et relations médias.