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L'article provient de Le Journal de Montréal
Opinions

Filière batterie: le Québec entre enfin dans l’industrie automobile

Depuis des décennies au Canada, auto rime toujours avec Ontario.

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Photo portrait de Mario Dumont

Mario Dumont

2023-09-29T04:00:00Z
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L’annonce majeure de l’implantation de l’usine Northvolt au Québec confirme de façon éclatante notre entrée dans la filière des véhicules électriques. D’autres projets avaient déjà établi notre présence dans ce secteur. L’annonce d’hier arrive comme le projet phare, le géant qui couronne le tout.  

Le développement de la filière batterie au Québec s’inscrit dans la transition énergétique qui s’opère dans les transports. Dans le monde entier, c’est donc une transformation normale et nécessaire que les gouvernements tentent d’accélérer dans le contexte des changements climatiques. 

Mais dans la réalité propre du Québec, il y a quelque chose de plus, quelque chose de vraiment majeur, qui donne un caractère historique à l'annonce d’hier. Le Québec fait son entrée comme un joueur qui fournit une composante clé dans l’industrie automobile !   

C’est ça la vraie révolution. 

  • Écoutez la rencontre Dutrizac – Dumont diffusée chaque jour en direct 7 h 05 via QUB radio :

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Toujours l’Ontario 

Après la Deuxième Guerre mondiale, l’industrie automobile a commencé à fleurir en Ontario. Ce développement s’est accéléré durant les années 60. Le soutien à l’industrie automobile fut, pendant des décennies, au cœur de la politique industrielle du Canada. 

À maintes occasions, le gouvernement canadien a aidé le secteur de l’automobile. Le Pacte de l’automobile fut l’une des politiques économiques les plus structurantes. En temps de récession, il y avait un plan de sauvetage pour l’automobile. En temps de prospérité, il fallait profiter de l’opportunité dans l’automobile. 

Pendant ce temps, le Québec avait une usine unique à Boisbriand où GM produisait des Camaro. Elle a fermé en 2002.   

En résumé, pendant les trois quarts d’un siècle, l’automobile était une priorité économique du Canada et le Québec n’y ramassait rien ou presque rien. C’est ça qui est fini. Dans le prochain demi-siècle et peut-être plus, le Québec sera un vrai joueur dans la nouvelle industrie automobile. 

Dorénavant, lorsqu’il sera question d’un plan pour cette industrie, le Québec sera autour de la table pour avoir sa portion. Vu ainsi, il n’était pas exagéré pour nos premiers ministres lors de l’annonce d’hier de parler d’un moment transformateur et historique. 

Photo Pierre-Paul Poulin
Photo Pierre-Paul Poulin

L’auto, c’est fini ? 

Est-ce si important de positionner le Québec dans l’industrie automobile en 2023 ? Certains beaux penseurs, qui se réclament de la modernité, martèlent l’idée que la voiture est un vestige du passé. Ils ont promu une idéologie anti-auto au rang des religions. Ils se trompent. 

Dans les métropoles très densément peuplées, le transport du futur est appelé à laisser une moindre place à la voiture, probablement. Mais globalement, les besoins dans le monde sont croissants et le nombre de véhicules vendus annuellement continue de croître. Le besoin de transporter les personnes et les marchandises sur des distances importantes ne s’évaporera pas. 

Il reste une question. Nos gouvernements investissent trop pour attirer de tels projets ? On nous promet de rentrer dans notre argent en neuf ans. Bien sûr, ceci vient avec un risque. Mais aujourd’hui, je vous dirais que le plus grand risque face à la nouvelle industrie automobile, ce serait de rater le bateau et de rester sur le quai pour un autre demi-siècle. 

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