Les PME québécoises vs Northvolt: David contre Goliath

Yasmine Abdelfadel
L’annonce de l’installation de Northvolt en Montérégie est en effet historique. C’est le plus important investissement privé de l’histoire du Québec et on doit s’en réjouir. D’autant plus que l’installation de cette entreprise vient renforcer considérablement le développement de cette industrie au Québec, à l’heure où plusieurs États voudraient attirer ce genre d’investissement, notamment les très agressifs Américains.
Mais le risque que l’on engage comme contribuable est aussi énorme. On allonge de gros chèques, tant au provincial qu’au fédéral, et le poids de ce chèque n’est pas étranger au fait que ces entreprises décident de choisir de s’installer ici.
Toujours est-il que le pari pourrait et sera, espérons-le, payant à moyen et long termes. Les gouvernements ont une obligation de résultat en ce sens : non seulement nous investissons beaucoup d’argent, mais nous investirons également beaucoup de ressources énergétiques dans ce projet, limitant ainsi notre marge de manœuvre auprès d’autres projets potentiels.
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D’un point de vue de la communication politique, il faudra également user de prudence. On apprenait récemment que près de 2000 PME québécoises sont touchées par la faillite, car elles n’arrivent pas à faire face au remboursement des différents prêts consentis durant la pandémie, notamment par le gouvernement.
Il ne faudrait pas qu’on ait l’impression que le gouvernement est insensible et indifférent au sort de milliers d’entrepreneurs en difficulté financière à cause de l’intransigeance gouvernementale quant aux remboursements alors qu’on déroule le tapis rouge à des entreprises étrangères à coup de milliards de dollars.
Le tissu entrepreneurial québécois est intimement lié à ce que nous sommes, un peuple de bâtisseurs. Les PME québécoises ne sont rien de moins que l’épine dorsale de notre économie. Nous devons, en même temps que l’on encourage l’investissement privé étranger, accorder une attention particulière à nos petites et moyennes entreprises qui, elles, n’ont pas le luxe de faire compétitionner les États entre eux sur qui offrira le plus d’aide. Nos PME québécoises, elles ont besoin d’être soutenues en innovation, robotisation, productivité, en ressources humaines, en exportation et en croissance. Leur succès devrait nous obséder autant que l’industrie de la batterie électrique au Québec.