Fiasco SAAQclic: Dominique Savoie remet en question les méthodes de l’AMP et du VGQ


Nicolas Lachance
La présidente du conseil d’administration de la Société de l’assurance automobile du Québec (SAAQ), Dominique Savoie, réfute à son tour les allégations de l’Autorité des marchés publics et assure que l’organisation prouvera que ses méthodes contractuelles dans le fiasco SAAQclic sont «correctes». Elle remet également en question la méthodologie du Vérificateur général du Québec.
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La semaine dernière l’AMP a ordonné la suspension de tous les contrats liés à SAAQclic pour une durée de 30 jours.
«La SAAQ n’a mis en place aucune mesure d’atténuation depuis le dépôt du rapport de la vérificatrice générale du Québec concernant les dépenses de fonds publics pour le projet CASA/SAAQclic», a noté l’AMP.
Selon le Vérificateur général du Québec (VGQ), en plus des retards et des ratés, la facture du projet informatique CASA/SAAQclic atteindra au minimum 1,1 G$.
En entrevue au 98,5 à Montréal, Dominique Savoie a défendu le travail de la SAAQ.
Elle «n’est pas totalement» d’accord avec les conclusions de l’AMP.
«Je pense qu’ils ont agi par prudence et c’est correct. Par prudence, parce qu’ils n’avaient pas toute l’information sur nos contrats. Ils ont gelé trois contrats. Ces trois contrats sont principalement liés à du maintien d’actifs», a-t-elle évoqué.
Son objectif est de faire lever l’ordonnance rapidement.
«Sur 180 M$ de contrats qu’ils ont gelés, il y a 5 M$ qui sont dépensés», a-t-elle mentionné. «On veut leur prouver qu’on est correct».
Or, rappelons que l’AMP soutient que les contrats de 180 M$ n’auraient pas dû être accordés, car les services qui y sont reliés étaient déjà inclus dans le contrat-cadre du projet signé au départ par la SAAQ avec les sous-traitants.
Mais la présidente du CA, qui a été nommée en janvier dernier, remet également en doute les prévisions et les conclusions du VGQ.
«C’est un peu spécial. Ils ont pris un budget. Ils l’ont utilisé pour du développement informatique, mais aussi pour l’exploitation. C’est comme acheter une auto et prendre le budget pour acheter et entretenir l’auto», a-t-elle dit. Elle se range ainsi aux arguments de l’ex-vice-président de l’expérience numérique qui a mené le projet, Karl Malenfant.
Dépassements
Le premier ministre François Legault a aussi émis un doute sur les conclusions de la vérificatrice générale, Guylaine Leclerc, la semaine dernière.
«Le chef de l’opposition officielle [Marc Tanguay] dit des choses sans avoir aucune preuve de ce qu’il dit, c’est-à-dire un dépassement de 500 millions sur le programme», a déclaré François Legault. «Il faut faire attention pour ne pas mélanger le coût du programme [SAAQclic], puis le coût, ensuite, de l’entretien annuel qui vient», a-t-il défendu, remettant en question les conclusions du VGQ.
Mme Savoie n’a pas commenté les propos du premier ministre.
Elle a néanmoins dû admettre que le projet a déjà entraîné des dépassements de coût de 300 M$. Selon elle, il est cependant difficile d’évaluer à 500 M$ les dépassements de coûts d’ici 2027. «Il y a deux livraisons qu’on ne fait pas», a-t-elle plaidé.
Pas un rôle de gestion
Par ailleurs, Dominique Savoie a dû remettre les pendules à l’heure auprès de la ministre Geneviève Guilbault. Vendredi dernier, la ministre des Transports a placé la présidente du conseil d’administration de la SAAQ dans une position «risquée» en lui demandant de s’ingérer dans les opérations pour gérer la suite de SAAQclic, estiment des experts en gouvernance.
«On souhaite que le conseil d’administration et Dominique Savoie aient un rôle encore plus fort dans la gestion de l’organisation, entre autres, [qu’elles] soient responsables des suivis de l’ordonnance et des contacts avec l’Autorité des marchés publics et éventuellement tout ce qui va se dérouler dans le cadre de la commission d’enquête», a déclaré Mme Guilbault.
À la suite de cette affirmation, Dominique Savoie est intervenue auprès de la ministre, afin de lui rappeler que son rôle n’était pas de gérer la SAAQ.
«J’ai parlé encore avec la ministre [...] Je ne me mêle pas des opérations», a-t-elle indiqué, plaidant que la ministre était «entousiaste» lorsqu’elle a fait cette déclaration.
Des experts en gouvernance avaient critiqué l’approche de la ministre dans ce dossier.
Mme Savoie affirme que le conseil d’administration a toujours confiance envers le PDG de la SAAQ, Éric Ducharme. «J’aime ça travailler avec lui et je lui fais confiance», a-t-elle déclaré.
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