Corps calciné en Beauce: l’ami de cœur de la victime finalement arrêté
Jérémy Bernier | Félix Séguin | Jean-François Racine | Ian Gemme | Marie-Christine Trottier
La police a finalement arrêté un homme au lourd passé criminel en lien avec la découverte d’un corps calciné dans une camionnette en Beauce. Le suspect de 24 ans, Keven Deblois, était l’ami de cœur de la victime depuis quelques semaines seulement.
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Karine Bélanger, 36 ans, aurait été assassinée avant l’incendie du véhicule dans ce qui semble être une affaire de féminicide dans un contexte conjugal. La camionnette dans laquelle le cadavre se trouvait a été abandonnée dans un champ de maïs le long du rang Saint-Pierre, à Saint-Bernard, le 25 septembre dernier.

Miné par des problèmes de consommation de drogue depuis l’adolescence, Keven Deblois traîne une longue feuille de route criminelle. En février 2021, il a plaidé coupable à une accusation de voies de fait graves. Il a obtenu une première libération conditionnelle il y a un an, au tiers de sa peine, et a entamé une thérapie.
À ce moment, selon la Commission québécoise des libérations conditionnelles (CQLC), son niveau de risque de récidive était élevé. Après avoir été en liberté illégale pendant quatre jours, il est retourné en détention de mai à juillet derniers, quelques mois seulement avant le meurtre de Karine Bélanger.
Lors de sa seconde libération conditionnelle, la CQLC considérait toujours que ses risques de récidive étaient élevés. Parmi les nouvelles conditions qui lui ont été imposées, il devait mentionner à son intervenant correctionnel toute fréquentation ou relation intime.
Au début septembre, il déclarait son amour pour Karine Bélanger sur Facebook, à peine trois semaines avant le meurtre de cette mère de trois enfants.
«C’est dégueulasse», a affirmé une amie de la victime, encore secouée.
Le suspect de 24 ans a été arrêté jeudi pour meurtre au second degré, vol, outrage à un cadavre et recel. Il était déjà détenu au Centre de détention de Québec pour non-respect des conditions. Il devrait comparaître au palais de justice de Saint-Joseph-de-Beauce, vendredi matin.
Bombe à retardement
Le jeune homme a déjà été reconnu coupable par le passé de crimes contre la propriété, d'entrave au travail des policiers, de trafic de stupéfiants, de possession non autorisée d'armes à feu et de bris d'ordonnances notamment en lien avec les armes à feu. Il est le père d’un enfant conçu lors d’une précédente union très tumultueuse.
«Il manipule tout le monde autour de lui», a confié une autre source.

Au Québec, il a aussi séjourné dans une aile spéciale pour les détenus ayant des problèmes de santé mentale. Véritable bombe à retardement, le suspect a aussi des antécédents en matière de violence.
En février 2021, il a été condamné à une peine de 42 mois de détention pour voies de fait graves commises deux ans et quelques mois plus tôt. Il n’a purgé qu’une partie de sa peine, car il a passé beaucoup de temps en détention provisoire.
« J’ai passé proche »
Dans le récit des faits, on peut lire qu’il a poignardé trois fois un autre homme à la poitrine en criant «je vais te tuer» à plusieurs reprises.
La victime avait réussi à s'enfuir avant de s'effondrer, ensanglantée, devant les employés d’un restaurant McDonald’s. Le suspect, de son côté, avait volé des armes à feu avant de partir en cavale vers l’Ontario, où il a été épinglé une dizaine de jours plus tard. Il a ensuite passé plusieurs mois derrière les barreaux dans la province voisine.

«J’ai eu le poumon perforé et l’enveloppe du cœur touchée. J’ai passé proche. J’ai su il y a deux mois qu’il me cherchait pour se venger. Tu t’inquiètes pareil, mais j’ai essayé de ne pas trop y penser», a mentionné la victime de ce crime.
Il s’agirait du 16e meurtre dans un contexte de violence conjugale à survenir au Québec et du 11e féminicide depuis le début de l’année.
Écoutez Maxime Deland au micro de Yasmine Abdelfadel QUB radio:
Extraits des rapports de la Commission Québécoise des Libérations Conditionnelles
«Vous semblez reconnaître votre problématique de consommation, mais peu celle d’impulsivité-violence. Les gestes actuels sont l’exemple d’une grande agressivité latente qui a explosé le soir des événements.»
«Les Services correctionnels du Québec ont procédé à votre évaluation afin d’établir le risque de récidive et le potentiel de réinsertion sociale que vous présentez. Cette évaluation a été réalisée à l’aide d’un outil standardisé [...] permettant d’identifier les besoins criminogènes et de prédire le niveau de risque. La cote globale obtenue est établie à élevée.»
«Vous dites avoir pris connaissance ces derniers temps que vous êtes violent. [...] Vous voulez travailler la dimension de l’impulsivité [...]. Vous dites remarquer que les stupéfiants vous ont causé beaucoup de problèmes dont psychologiques, financiers et sur le plan social.»
«[Au sujet de son plan de sortie] une telle démarche ne représente que le début du long cheminement que vous devrez entreprendre pour vous réinsérer socialement en tant qu’individu respectueux des lois. Vous représentez un risque élevé et vous faites l’objet de recommandations favorables de la part des intervenants. La Commission considère que le risque, avec un tel encadrement, n’est pas inacceptable pour la société.»
«[Conditions spécifiques] Informer immédiatement votre intervenant correctionnel de toute fréquentation, amorce de fréquentation, relation intime, romantique, affective ou sexuelle.»