Féminicide à Saint-Jérôme: l’agresseur «plus protégé» que les victimes, selon une ex-conjointe de l’accusé
Agence QMI
Une ex-conjointe de Jonathan Blanchet, l’homme accusé du meurtre prémédité de Gabie Renaud à Saint-Jérôme, prend la parole pour dénoncer un système qui, selon elle, protège davantage les agresseurs que leurs victimes.
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Nancy Boucher, qui a partagé la vie de l’accusé pendant quatre ans, affirme avoir vu «les deux côtés de la médaille» et appelle à une révision en profondeur du système judiciaire entourant la violence conjugale.
Ayant elle-même traversé un long parcours judiciaire après avoir porté plainte contre lui, elle estime que le système échoue à soutenir adéquatement les victimes et qu’elle ne s’est «pas du tout» sentie accompagnée.
Elle raconte avoir observé, au fil des années, un processus où des chefs d’accusation «sont abandonnés», où un accusé peut changer d’avocat ou «ne pas plaider coupable parce que ce n’est pas une bonne journée», tout en constatant qu’ils finissent presque toujours par être remis en liberté.
«Il n’y a pas grand-chose qui peut nous aider, nous, les victimes, parce qu’il y a tellement de choses qui les protègent, eux. [Le système] protège plus l’agresseur que nous», souligne Mme Boucher, au micro de Mario Dumont, mercredi, à QUB radio et télé au 99,5 FM à Montréal.
Selon elle, Jonathan Blanchet savait exploiter ces failles et «jouer avec le système». Pendant des années, il aurait enchaîné «des amendes, des probations, des travaux communautaires», autant de «petites tapes sur les doigts» qui n’auraient jamais freiné son comportement.
«Il n’avait pas peur d’aller en prison, parce que c’est un homme très fort, qui n’a pas peur d’un autre homme, explique Mme Boucher. La prison, pour lui, ce n’était pas une pénitence.»
Aujourd’hui, Nancy Boucher souhaite mettre son expérience au service d’autres femmes afin qu’elles puissent «avoir confiance en la justice» et trouver la force de dénoncer.
Elle réclame des sanctions plus sévères, estimant que les agresseurs doivent être punis «à la hauteur de leurs actes» pour éviter que d’autres victimes ne subissent le pire.
«Les femmes ne portent pas plainte, parce que le processus est tellement long et pénible, précise-t-elle. Émotionnellement, c’est très difficile pour finalement arriver à une petite tape sur les doigts.»
Écoutez l'entrevue complète dans la vidéo ci-dessus.