FAA et Rotterdam, une connexion bien spéciale
Félix Auger-Aliassime avait disputé son premier tournoi ATP 500 ici en 2018, à l’âge de 18 ans


Richard Boutin
ROTTERDAM | Le tournoi de Rotterdam occupe une place très importante dans le cœur de Félix Auger-Aliassime.
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Oui, il y a eu son premier titre en carrière acquis l’an dernier devant sa mère, mais c’est également ici à Rotterdam qu’il a obtenu sa première chance de se frotter aux grands du tennis mondial.
En 2018, le directeur général du ABN Amro Open Richard Krajicek lui offrait un laissez-passer pour le tableau principal alors qu’il n’était âgé que de 18 ans.
« Au-delà du tennis, Rotterdam occupe une place très importante dans mon cœur, a exprimé Auger-Aliassime. J’ai vécu de belles émotions et des moments importants dans ma carrière. J’ai une très bonne relation avec les dirigeants du tournoi qui ont été les premiers à m’accorder une opportunité de jouer dans le grand circuit de l’ATP. »
S’il a depuis parcouru la planète et évolué sur les plus grandes scènes qu’offre le tennis, Auger-Aliassime se souvient très bien de son baptême avec les grands.
« J’ai de bons souvenirs. Tout était nouveau et impressionnant. J’estime que j’ai une connexion spéciale. »
Fulgurante ascension
Cinq ans plus tard, la huitième raquette mondiale mesure tout le chemin parcouru.
« Je me souviens très bien de mon arrivée ici et cinq ans plus tard je me retrouve parmi les favoris. Je reconnais et je suis beaucoup plus à l’aise. C’est bien de conserver ces souvenirs en mémoire et de se souvenir d’où l’on vient. Et de réaliser l’ascension au fil des ans. »
« Même si j’ai atteint un bon niveau et que je vise encore mieux pour l’avenir, de poursuivre Auger-Aliassime, cette ascension ne peut être vécue qu’une seule fois et j’en garde vraiment de bons souvenirs. »
Pour son baptême du grand circuit de l’ATP, Auger-Aliassime avait livré une chaude lutte à Filip Krajinovic avant de s’incliner en trois manches de 2-6, 6-3 et 5-7.
Deux mois plus tard, le Serbe obtenait son meilleur classement en carrière en se hissant au 26e rang du circuit de l’ATP.
Un bon tuyau de son fils
Sans le savoir, Auger-Aliassime avait un partisan qui a refilé des informations au grand patron du tournoi.
« Mon fils [Alec Deckers] qui est du même âge que Félix le suivait depuis qu’il avait l’âge de 12 ou 13 ans et il me disait qu’il était incroyable, a raconté le vainqueur de Wimbledon en 1996. Il m’a montré quand Félix a obtenu ses premiers points ATP et j’ai réalisé qu’il pouvait jouer au tennis. J’ai commencé à le suivre dans les tournois de la série Challenger. »
Krajicek confie que l’entourage d’Auger-Aliassime a hésité avant d’accepter l’invitation.
« Il me disait que c’était peut-être trop tôt de faire le saut dans un tournoi ATP 500. Je suis content qu’il ait accepté l’invitation. Notre tournoi a la philosophie de donner une chance aux jeunes. Nous avons fait la même chose avec Stéfanos Tsitsipas un peu avant Félix. C’était vraiment bien de les voir tous les deux en finale l’an dernier. » Roger Federer et Alexander Zverev ont aussi eu droit à une invitation du tournoi de Rotterdam en bas âge.
Informé qu’Auger-Aliassime nous avait fait part de sa reconnaissance d’avoir été invité en 2018, l’ancien numéro 4 au monde a retourné l’ascenseur.
« Ça en dit beaucoup sur la personne qu’il est. Félix est une personne incroyable et j’ai beaucoup de respect de la façon qu’il mène sa carrière et du respect qu’il témoigne à ses adversaires. Même s’il est jeune, Félix est un bon exemple pour les jeunes joueurs de tennis. »
Depuis 2018, Auger-Aliassime est revenu chaque année à Rotterdam sauf en 2019 où il avait évolué en Amérique du Sud. Il avait profité de l’occasion pour atteindre sa première finale à l’ATP 500 lors du tournoi de Rio de Janeiro.
FAA avait atteint la finale en 2020 devant Gaël Monfils et fut éliminé dès le premier tour en 2021 devant le Japonais Kei Nishikori.
Un triomphe à saveur familiale

ROTTERDAM | Le premier titre de Félix Auger-Aliassime l’année dernière avait évidemment un cachet particulier, mais la présence de sa mère dans les estrades du Rotterdam Ahoy a ajouté une particularité supplémentaire à son sacre.
Profitant d’un congé sabbatique de six mois, Marie Auger, qui enseigne au collégial, avait rejoint son fils aux Pays-Bas pour entamer une tournée de six mois, l’accompagnant notamment à Marseille, à Indian Wells, à Miami, ainsi que pour la tournée européenne sur terre battue qui s’est conclue à Roland Garros, avant de finir le tout à Wimbledon.
Auger-Aliassime garde de très bons souvenirs de la présence de sa mère à Rotterdam.
« C’était super qu’elle soit présente pour cette première victoire, a-t-il mentionné. C’est la première fois qu’elle était présente pour une de mes finales. C’était une belle façon de commencer ses vacances. C’était un beau moment pour moi de gagner devant elle. »
La huitième raquette mondiale a apprécié ses six mois passés en compagnie de sa mère.
« On a passé beaucoup de temps ensemble en tournois quand j’étais plus jeune, mais les occasions étaient plus rares quand j’ai fait le saut chez les professionnels, a-t-il raconté. Elle a pu vivre les beaux moments de la vie d’un joueur professionnel sur la route, mais aussi vivre parfois les moments plus difficiles. C’était bien pour elle de voir la réalité de ce que je vis. » Cette année, Mme Auger n’est pas présente dans les tribunes, mais le champion en titre peut compter sur quelques personnes qui lui sont chères.
Sa sœur Malika, qui a évolué dans les rangs juniors et dans la NCAA, est sur les lieux, tout comme sa copine et des membres de sa famille qui ont fait le trajet à partir de la Belgique, située tout juste à côté.
Un Français au menu
Après une journée d’entraînement lors de laquelle il a signé des autographes pour des jeunes en plus de prendre des selfies en leur compagnie, Auger-Aliassime disputera son match de deuxième ronde jeudi, alors qu’il se frottera à Grégoire Barrère.
Après avoir franchi les qualifications, le Français a causé une surprise au premier tour en éliminant le Belge David Goffin en deux manches de 6-0 et 7-6 (3).
Victoire bénéfique
De retour sur les lieux du premier triomphe de Félix, Frédéric Fontang rappelle les bons côtés liés au fait d’avoir finalement brisé la glace après huit défaites en finale.
« Ça fait une différence d’ouvrir le compteur des victoires, a souligné l’entraîneur français. C’était important parce que c’était devenu un peu lourd avec le nombre de finales perdues. Ce fut une libération. Après coup, la barre est toujours plus haute et c’est le retour à la normale. »
En direct de Rotterdam

ROTTERDAM | Si Richard Krajicek a ouvert les portes de Rotterdam à Félix Auger-Aliassime, son fils Alec Deckers lui a servi de « porte-bonheur » l’an dernier dans sa marche vers son premier titre en carrière.
Lui aussi joueur de tennis comme son père, Alec a servi de partenaire d’échauffement à Auger-Aliassime lors de trois ou quatre parties. Krajicek partage une anecdote.
« Alec était ennuyé par un malaise à un bras la journée de la finale et il voulait s’accorder une pause, mais Félix ne voulait pas parce qu’il disait qu’Alec était son porte-bonheur. Il lui a servi de partenaire d’échauffement avant la finale et Félix a remporté le titre. »
Pointant au 574e rang mondial, Alec porte le nom de famille de sa mère afin d’éviter la pression reliée au passé glorieux de son père qui a remporté Wimbledon en 1996 et qui a occupé le quatrième rang mondial en 1999. Alec devait jouer en double à la faveur d’une invitation, mais une blessure à un genou le garde sur la touche au grand dam de son paternel.
Quant à sa mère Daphne, elle a campé le rôle d’une relationniste dans le film de James Bond Tomorrow never dies en 1997. Elle est aussi présentatrice à la télévision néerlandaise et écrivaine.
Championnat d’Europe

S’il a développé de bons liens avec Auger-Aliassime au fil des ans, Krajicek connaissait son entraîneur Frédéric Fontang depuis 40 ans. Les deux ont croisé le fer au Championnat d’Europe chez les 12 et les 14 ans et moins. Le Néerlandais avait eu l’avantage sur le Français lors de leur seul affrontement chez les pros au Toulouse 250.
Partenaire d’entraînement

Auger-Aliassime a pu miser sur un bon partenaire d’entraînement, mercredi, ce qui n’est pas toujours évident à ce stade-ci d’un tournoi. Éliminé lors du deuxième tour des qualifications, Roman Safiullin est néanmoins demeuré à Rotterdamn en préparation pour son prochain tournoi qui aura lieu à Marseille. Le Russe occupe le 83e rang au classement de l’ATP.