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L'article provient de TVA Nouvelles
Politique

Ex-soldat nazi au Parlement: Trudeau présente des excuses 5 jours plus tard

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Photo portrait de Anne Caroline Desplanques

Anne Caroline Desplanques

2023-09-27T18:02:39Z
2023-09-27T18:43:26Z
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OTTAWA – Après les autochtones, les italo-canadiens ou encore ses vacances sur l’île privée de l’Aga Khan, le premier ministre Trudeau a cette fois présenté « les plus sincères excuses du Parlement » pour l’ovation offerte à un ex-soldat nazi à la Chambre des communes, durant la visite du président ukrainien Volodymyr Zelensky, vendredi.

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« C’est une erreur qui a mis le Parlement et le Canada dans un embarras profond, et nous regrettons tous profondément de nous être levés dans la Chambre et d’avoir applaudi, même si nous l’avons fait sans être conscients du contexte », a déclaré Justin Trudeau, cinq jours après les faits.

Il a admis que cette erreur était « une horrible violation de la mémoire des millions de personnes qui ont péri dans l’Holocauste ». Elle heurte donc les Juifs, mais aussi les Polonais, les Roms, les personnes 2ELGBTQI+, handicapées, racisées et les millions d’autres personnes persécutées par le régime nazi, a dit Justin Trudeau.

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Le premier ministre s’est aussi dit « désolé de la situation dans laquelle le président Zelensky et la délégation ukrainienne ont été placés ». 

Des excuses personnelles demandées

Mais cet acte de contrition n’a pas satisfait le chef de l’opposition officielle, Pierre Poilievre.

Lors d’une période de questions acrimonieuse largement dominée par ce sujet, M.Poilièvre a réclamé des excuses non pas du Parlement, mais des excuses personnelles du premier ministre qui, estime-t-il, avait la responsabilité ultime d’assurer le bon déroulement de la visite officielle du chef d’État ukrainien.

« C’était sa responsabilité personnelle de s’assurer que ce soit un succès diplomatique », a-t-il martelé. Il a souligné que, au lieu de cela, le premier ministre avait plongé le pays dans un « énorme désastre diplomatique international ».

Le chef du Bloc québécois, Yves-François Blanchet, a quant à lui réclamé que le premier ministre prenne son téléphone pour présenter des excuses au président Zelensky lui-même. Le premier ministre a répondu avoir adressé des excuses au président ukrainien et à sa délégation par les canaux diplomatiques. 

Et les autres ex-nazis ?

Le Centre consultatif des relations juives et israéliennes (CIJA) a dit « apprécier » les excuses présentées par le premier ministre. Mais il a souligné que cet épisode devrait servir de motivation pour renforcer l’éducation sur l’Holocauste au pays sachant que l’antisémitisme est en forte croissance. 2610 incidents antisémites sont survenus en 2020 au pays, soit 18,3 % de plus que l’année précédente, d’après l’organisation B’nai Brith Canada.

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Ces deux organisations réclament également que l’on cesse d’ignorer les criminels nazis qui ont refait leur vie en toute quiétude au Canada et qu’on les tienne responsables de leurs actes, l’homme ovationné au parlement, Yaroslav Hunka, n’étant qu’un cas parmi d’autres.

« Le moment est venu de charger le Programme canadien sur les crimes de guerre d’examiner et de prendre en compte toute nouvelle preuve révélée par la publication de documents d’archives qui impliquerait davantage les personnes qui ont commis des atrocités en temps de guerre et qui vivent aujourd’hui au Canada », a déclaré le CIJA.

Mardi, l’ex-ministre de la Justice, Irwin Cotler, aujourd’hui à la tête du Centre Raoul Wallenberg pour les droits de la personne, a rappelé que pendant la Seconde Guerre mondiale « il était plus facile d’entrer au Canada si on était nazi que si on était juif ». 

La valse des excuses de Trudeau

2021 : Il s’excuse auprès de la cheffe d’une Première Nation de la Colombie-Britannique qui l’avait invité à lui rendre visite jeudi, lors de la première Journée nationale de la vérité et de la réconciliation du Canada. Au lieu de cela il s’était envolé pour Tofino pour des vacances en famille.

2021 : Il présente des excuses officielles au nom du Canada à la communauté italo-canadienne, reconnaissant le tort causé à plus de 30 000 concitoyens d’origine italienne, ainsi qu’à leur famille et descendance, déclarés ennemis de l’État par le gouvernement canadien au cours de la Deuxième Guerre mondiale.

2018 : Il présente des excuses officielles au nom du Canada aux juifs que le pays a refusé de secourir alors qu’il fuyait le nazisme à bord du MS Saint-Louis. Ce navire refoulé sur les côtes canadiennes en 1939 transportait quelque 900 juifs allemands. Les excuses s’adressaient aussi aux autres juifs que le pays a refusé d’accueillir.

2017 : Il s’excuse pour avoir passé des vacances en famille dans l’île privée de l’Aga Khan en violation de la Loi sur les conflits d’intérêts.

2017 : En larme, il présente des excuses « pour l’oppression des communautés lesbiennes, gaies, bisexuelles, transgenres, queers et bispirituelles ».

2016 : Il s’excuse pour le renvoi en 1914 du navire Komagata Maru sur lequel se trouvaient des centaines de migrants indiens, pour la plupart des Sikhs du Penjab. Plusieurs ont été tués et emprisonnés à leur retour en Inde.

2015 : Il présente les excuses du gouvernement fédéral aux peuples autochtones à qui l’État a imposé les pensionnats, un système à l’origine d’« un des plus sombres chapitres de l’histoire canadienne ». 

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