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L'article provient de TVA Nouvelles
Affaires

Éthique: le procès qui fait trembler la Caisse de dépôt débute à Montréal lundi

Michael Sabia, ex-PDG de la Caisse de dépôt, devrait témoigner dans le cadre du procès.
Michael Sabia, ex-PDG de la Caisse de dépôt, devrait témoigner dans le cadre du procès. Mario Beauregard / Agence QMI
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Jean-Louis Fortin | Bureau d'enquête

2023-05-01T04:00:00Z
2023-05-01T09:09:50Z
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La Caisse de dépôt et placement du Québec se trouvera bien malgré elle sous les projecteurs dès lundi matin, dans le cadre d’un procès où devraient être étalés au grand jour les travers éthiques qui l’ont gangrenée au cours des dernières années.

• À lire aussi: Des prêts au patron congédié pour «manquements graves» à la Caisse de dépôt et placement du Québec

• À lire aussi: 26 prêts en conflit d’intérêts chez Otéra Capital

C’est le spectacle que le bas de laine des Québécois souhaitait éviter. L’institution lave habituellement son linge sale en privé, très soucieuse de son image, car elle gère un actif de plus de 400 milliards $.

  • Écoutez l'entrevue avec Michel Girard, chroniqueur économique au Journal de Montréal et au Journal de Québec à l’émission de Philippe-Vincent Foisy diffusée chaque jour en direct via QUB radio : 

Mais, au cours des prochaines semaines, de gros noms tels que Michael Sabia, ex-PDG de la Caisse, et Daniel Fournier, ex-patron de la filiale Ivanhoé Cambridge, devraient se retrouver à la barre des témoins en Cour supérieure pour aborder des sujets épineux, comme l’éthique et les conflits d’intérêts.

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La Caisse est poursuivie par Alfonso Graceffa, l’ex-PDG de sa filiale Otéra Capital, spécialisée dans le prêt immobilier commercial. Il a été renvoyé, en mai 2019, pour des «manquements éthiques graves», selon la Caisse.

Alfonso Graceffa
Alfonso Graceffa Alfonso Graceffa

L’institution avait procédé au grand ménage à la suite d’une série de reportages de notre Bureau d’enquête qui montraient notamment que le PDG d’Otéra avait bénéficié de prêts de sa propre organisation.

Nous révélions aussi qu’une vice-présidente d’Otéra, Martine Gaudreault (elle aussi congédiée), était en couple et en affaires avec un prêteur privé longtemps associé à la mafia.

Il se dit «sacrifié»

Graceffa réclame près de 6,9 M$ à la Caisse, car il allègue que l’institution l’a congédié abusivement et diffamé. Il soutient que la Caisse l’a «sacrifié pour sauver son image publique et apaiser la frénésie médiatique». Il affirme de plus avoir une feuille de route irréprochable et avoir toujours déclaré ses intérêts.

De son côté, la Caisse de dépôt reproche notamment à Alfonso Graceffa d’avoir «rencontré dans son bureau de direction chez Otéra un individu au passé criminel et [d’avoir] accepté de recevoir des mains de celui-ci une enveloppe contenant 15 000$ en espèces».

Elle soutient aussi qu’il a «été impliqué dans l’approbation d’au moins quatorze prêts qui bénéficiaient à des amis, dont l’un d’entre eux était également un partenaire d’affaires».

  •  Écoutez la chronique économique avec Yves Daoust, directeur de la section Argent du journal de Montréal et du Journal de Québec au micro de Richard Martineau via QUB radio:
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Que savaient les patrons?

Jusqu’où sont allés les manquements éthiques chez Otéra? Que savaient les hauts dirigeants de l’institution sur les activités d’Alfonso Graceffa? À quel point des individus criminalisés se sont-ils vraiment rapprochés de la Caisse? Ce sont des exemples de questions qui devront être abordées sous serment dans le cadre du procès prévu pour 12 jours au palais de justice de Montréal.

Daniel Fournier, ex-président du conseil et chef de la direction d'Ivanhoé Cambridge.
Daniel Fournier, ex-président du conseil et chef de la direction d'Ivanhoé Cambridge. Maxime Deland / Agence QMI

Il sera aussi question du fameux rapport d’enquête commandé par la Caisse sur les manquements à l’éthique, qui a coûté 5 millions $ de l’argent des déposants et qui est encore secret à ce jour.

Ce genre d’affaire se règle habituellement à l’amiable, mais les parties n’ont pu en arriver à un règlement depuis quatre ans. La Caisse a promis publiquement, en 2019, qu’elle ne verserait «aucune indemnité» à Alfonso Graceffa.

Autre signe de l’importance de ce procès: pour se défendre, la Caisse a retenu les services de McCarthy Tétrault, l’un des plus prestigieux cabinets d’avocats en ville. Et Alfonso Graceffa est représenté par Jeansonne Avocats, la boîte qui était derrière l’ex-premier ministre Jean Charest dans sa récente poursuite contre le gouvernement du Québec qui lui a permis de gagner 385 000$.

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